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15 mars 2015, 15h (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : 10 au 13 mars
Noeuds papillon
Dès 9 ans
Texte et mise en scène : Marie-Eve Huot
Avec Marie-Eve Carrière, Nicolas Germain-Marchand et Klervi Thienpont

Amélie a onze ans. Pour apprivoiser le deuil de son père, elle se réfugie dans le silence et plonge dans l'univers passionnant de l'aviation. Sur le babillard au-dessus de son lit, le soir, elle épingle les photos d'Amelia Earhart, de Charles Lindberg et de Léonard de Vinci. En nous racontant la grande histoire de l'aviation et la petite histoire de son papa, Amélie parvient à surmonter la douleur de la perte et se découvre une passion nouvelle : les papillons.

Nœuds papillon est avant tout un hommage à la figure du père et aux débuts de l’aviation moderne. On suit l'histoire d'Amélie, 11 ans, et celle de son papa à travers le personnage d'Amelia Earhart, première aviatrice à avoir traversé l’océan Atlantique en solitaire en 1928. Le spectacle allie le théâtre et la danse.


Assistance à la mise en scène et direction de production : Manon Claveau
Direction technique et éclairages : Nicolas Fortin
Environnement sonore : Benoit Landry
Décor : Cédric Lord
Costumes : Geneviève Bouchard
Projections : Francis-William Rhéaume
Équipe de scène : Gabriel Duquette, Nicolas Fortin et Cédric Lord
Crédit photo : Marc-Antoine Zouéki

Le texte de la pièce est publié en français chez Lansman Éditeur et en polonais chez DramEdition.

Durée : environ 55 minutes

Aussi présenté à Montréal, à la Maison Théâtre, du 5 au 19 novembre 2014

Une production Théâtre Ébouriffé (Montréal)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

vous pouvez aussi lire la critique de Daphné Bathalon, lors du passage de la pièce à la Maison Théâtre en novembre 2014

par David Lefebvre


Crédit photo : Marc-Antoine Zouéki

Ne sachant trop comment exprimer sa tristesse après la mort accidentelle de son père, la jeune Amélie se mure dans le silence. Une « muraille de mots » noue sa gorge, qu’elle trouve étrangement confortable, comme si les gestes et les sourires qu’elle fait devenaient encore plus significatifs. Elle se remémore son père, comment il était morose parfois, dans sa vie de comptable, jusqu’au jour où il retrouva sa joie de vivre dans les pages d’un vieux cahier noir qui cachait une passion de son enfance : les avions, mais plus spécifiquement les pilotes Charles Lindberg et la grande Amelia Earhart.

Nœuds papillon, l’une des plus récentes créations de Marie-Ève Huot, directrice artistique de la compagnie Théâtre Ébouriffé, explore des thèmes qui sont peu abordés au théâtre jeune public, soit ceux de la mort, du deuil, des départs, de la survie, mais aussi, à certains égards, de la transmission. La pièce ne sombre pas dans un larmoyant discours sur la disparition, bien au contraire ; le deuil silencieux que vit Amélie l’amène à réfléchir sur qui était son père, sur son état récent et sur elle-même. En s’inspirant de l’admiration que portait son père pour Amelia Earhart, qui « se donnait la liberté d’être qui elle voulait », et avec qui elle partage son anniversaire – et son nom –, Amélie retrouvera le goût à la vie en développant une nouvelle passion, bien à elle.

Klervi Thienpont joue superbement la jeune Amélie, avec aplomb, justesse et énergie, imitant au passage ses parents et la directrice d’école avec une exagération toute juvénile. Nicolas Germain-Marchand se débrouille fort bien dans le rôle du paternel, même s’il livre parfois un peu trop durement certaines répliques envers Amélie. Son personnage prend une place importante dans le récit : on le découvre adulte, avec sa fille, mais aussi enfant, alors qu’il prend la parole devant sa classe à propos de l’aviation et des pilotes du début du siècle, en mentionnant au passage l’histoire d’Icare et l’apport indirect de Léonard de Vinci au monde aéronautique.

Le silence d’Amélie se matérialise sur scène par les gestes de la danseuse Marie-Eve Quilicot (Love, Cirque du Soleil, Dave St-Pierre). Par des mouvements gracieux, elle évoque clairement les pensées et les états d’âme de la jeune fille et de son père, tout en personnifiant l’image d’Earhart, chapeau d’aviatrice bien enfoncé sur la tête, laissant paraître une mèche blonde. Le choix de Marie-Ève Huot d’incorporer des tableaux dansés à la narration est plutôt audacieux, souvent réussi, mais paie à moitié : si toute la symbolique des thèmes de la pièce se retrouve dans les gestes de la danseuse, la présence des chorégraphies, qui s'avère parfois un peu longues, est plus ou moins comprise par certains petits spectateurs, si l’on se fie à quelques commentaires entendus durant la représentation.

La scénographie relativement simple – des escaliers qui mènent à une porte, une table de travail dont le dessus se soulève pour former un tableau noir et des feuilles suspendues qui crée un écran de fortune – permet de changer aisément de lieux, passant du garage à la chambre, de la classe au bureau de la directrice, tout en se positionnant dans un univers onirique, permettant à Amélie de s'asseoir sur le cadre de porte. Sur l’écran de papier sont projetées des vidéos d’archives du début de l’aviation ; les spectateurs peuvent ainsi saisir tout l’ampleur des dangers et des innovations de ces inventeurs casse-cous qui ont tout bravé pour que l’homme puisse réaliser son rêve le plus fou, celui de voler.

Lumineuse, porteuse d’espoir, Nœuds papillon rend hommage à la figure paternelle, à la pilote américaine Amelia Earhart et traite avec finesse de la mort, tout en suggérant que le deuil n’est pas éternel, que la vie, en quelque sorte, continue, et que la personne décédée vivra toujours, quelque part en nous.

15-03-2015