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21 novembre 2014, 19h30 (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : 19-20-21 novembre 2014
OsLe bruit des os qui craquent
Dès 11 ans
Texte : Suzanne Lebeau
Mise en scène : Gervais Gaudreault
Avec Emilie Dionne, Isabelle Miquelon, Sébastien René

Elikia est une enfant parmi tant d’autres qui a vu sa vie basculer du jour au lendemain dans une guerre civile chaotique et sans lois. La petite, enlevée à sa famille, devient une enfant soldat. Comment grandir et rester humain quand les repères s’effacent devant une brutalité quotidienne?

Le bruit des os qui craquent est un texte à deux voix. Si Joseph et Elikia vivent la fuite, les doutes, les peurs et le retour à une vie civile, Angelina, l’infirmière qui les reçoit à l’hôpital où ils se réfugient, mettra en perspective cette réalité douloureuse et ouvrira la fenêtre sur une lumière incertaine, mais une lumière tout de même.

L’auteure Suzanne Lebeau a plus d’une vingtaine d’œuvres à son répertoire. Traduite dans plus de 20 langues, elle est considérée comme l’une des chefs de file de la dramaturgie pour jeunes publics. Cette pièce est un incontournable pour sensibiliser les jeunes à des réalités où le droit de l’enfant est bafoué. Par ricochet, il est possible d’établir des relations sur des sujets sensibles comme la violence et l’intimidation.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène : Milena Buziak et Stéphanie Capistran-Lalonde
Décor : Stéphane Longpré
Costumes : Linda Brunelle
Lumière : Dominique Gagnon
Environnement sonore : Nancy Tobin
Maquillages : François Cyr
Coiffures : Anik Généreux
Direction de production : Dominique Gagnon
Crédit photo : François-Xavier Gaudreault

Ce spectacle est présenté dans le cadre du 25e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Durée du spectacle : environ 75 minutes

Production Le Carrousel et Théâtre d'Aujourd'hui (Montréal)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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Dates antérieures (entre autres)

Du 12 au 16 mai 2010, Maison Théâtre (avec d'autres comédiens) + tournée

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas (2010, Maison Théâtre)

Au printemps 2009, la brillante dramaturge québécoise Suzanne Lebeau proposait au Théâtre d’Aujourd’hui Le bruit des os qui craquent, après une tournée européenne qui avait été accueilli par un concert d’éloge. Le résultat m’avait cependant laissé sur ma faim. Heureusement, la reprise de la pièce à la Maison Théâtre vient dissiper plusieurs réserves. Revoir un spectacle théâtral permet souvent de réviser notre jugement sur la qualité de l’œuvre.

Avec une nouvelle distribution, la mise en scène de Gervais Gaudreault semble plus sentie. D’un sujet aussi grave et contemporain dans les sociétés occidentales que les enfants-guerriers, le risque de trop se coller à un théâtre pédagogique était pourtant grand. L’actualité internationale ne se transpose pas toujours facilement dans un langage théâtral. Cette nouvelle version du Bruit des os qui craquent nous éloigne heureusement des tentations didactiques et moralisatrices.

Suzanne Lebeau reprend un thème qui lui est cher, celui de la vulnérabilité des enfants face à une société oppressante, voire criminelle dans la présente œuvre. L’histoire du Bruit des os qui craquent nous montre sans concession la tragédie d’Elikia, une fillette dont la vie a basculé dans une guerre civile. Enlevée à sa famille pour devenir une enfant-soldat, elle se lie d’amitié avec Joseph, le plus jeune du camp, qui lui donne le courage de briser la spirale de la violence de cette barbarie pour retrouver sa liberté. Le récit de soixante-quinze minutes alterne entre les scènes des enfants dans la brousse et celles du tribunal où l’infirmière Angélina relate les événements de la vie bouleversante d’Elikia.

À la création, l’infirmière incarnée par Lise Roy dégageait une distance qui empêchait le public d’adhérer entièrement à un drame aussi révoltant. L’approche plutôt clinique du discours antimilitariste semblait écrite par Amnistie internationale, alors qu’un petit supplément d’âme lui aurait permis d’atteindre l’universel à la manière d’Incendies de Wajdi Mouawad sur la guerre du Liban. Repris par Isabelle Miquelon (lumineuse comédienne que l’on voudrait voir plus souvent à la scène), le témoignage d’Angélina atteint ici une dimension plus touchante, plus émouvante. La voix plus chaleureuse, l’intonation plus nuancée font ressortir avec plus d’éclat certaines répliques qui vont droit au cœur. Les deux enfants interprétés par Audrey Talbot et Jean-Philip Debien nous font croire à la tragique vulnérabilité de leurs personnages sans forcer le trait.

On reconnaît la griffe de Suzanne Lebeau, une dramaturge qui a ce don d’écrire des phrases remuantes et de dépeindre des situations difficiles avec une implacable justesse. Il manque toutefois au Bruit des os qui craquent une dimension intemporelle si présente dans ses plus grands textes de théâtre. Par exemple, Salvador ou L’ogrelet, deux de ses plus remarquables créations sur l’enfance qui doit se débattre dans des univers cruels et insensibles où l’espoir et l’imagination triomphent des pires horreurs.

Spectacle exigeant, Le bruit des os qui craquent conjugue bien la sensibilisation aux enfants-soldats embrigadés dans des guerres meurtrières à une parole artistique toute frémissante portée par l’engagement de ses interprètes.

17-05-2010