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Lou dans la nuit
Dès 5 ans
Nouvelle création
Théâtre d'acteurs
Dates grand public : 9 février 2020, 11h, 16 février 11h et 15h
Scolaire : du 5 au 14 février 2020

Lou n’a pas peur de la maison. Elle joue dans sa chambre, dans le couloir et même dans le salon. Mais jamais dans l’escalier et surtout pas au sous-sol. Or, cette nuit-là, Lou se réveille et trouve sa maison complètement plongée dans le noir. Il ne se passe rien. C’est le silence. Et soudain on entend une voix. Elle parle doucement, posément et surtout très respectueusement. Mais d’où vient cette voix ?

UNE CRÉATION LUMINEUSE POUR AFFRONTER LA PEUR DE L’OBSCURITÉ

Lou dans la nuit raconte l’histoire d’une petite fille qui apprivoise la nuit pour la première fois. C’est en allant dans le sous-sol, la seule partie de la maison qui vit dans l’obscurité même le jour, que Lou ose plonger dans l’inconnu. Un spectacle tout en douceur, qui encourage les enfants à affronter leurs peurs pour découvrir le monde sous un angle nouveau.


Texte et mise en scène Maxime Robin
Distribution Marianne Marceau, Mélissa Merlo et Éric Leblanc


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Erica Schmitz
Conception lumière Keven Dubois
Environnement sonore Josué Beaucage
Direction artistique Hélène Blanchard et Judith Savard

Rencontre avec les artistes le 16 février 15h

Durée : 45 minutes

Tarif : 21$
Forfaits disponibles à l'achat de 3 billets et +
Un rabais est offert aux membres de plusieurs organismes partenaires.

Production Théâtre des Confettis


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Critique disponible
            
Critique

Après quelques mises en scène remarquées, dont Photosensibles à Premier Acte et La chatte sur un toit brûlant à la Bordée, le co-créateur des Contes à passer le temps plonge dans un tout autre univers, celui du théâtre jeune public. Pour sa première création jeunesse en tant qu’auteur et metteur en scène (puisqu’en tant que comédien, on a pu le voir très récemment dans Le Petit Avare), Maxime Robin aborde un thème riche, tout aussi fascinant que vaste : la peur. C’est lors de son exil à Toronto qu’une amie lui aurait dit : « Il n’existe que deux sentiments, l’amour et la peur. Tout ce que tu ressens, c’est soit l’un, soit l’autre, soit un mélange des deux. » Une porte venait de s’ouvrir…






Crédit photos : Stéphane Bourgeois

Louison, dite Lou, vit dans une vieille maison en pleine forêt, avec sa mère Élise et son père Étienne. Une nuit d’orage, Lou se réveille : elle entend des sons inconnus. Elle décide, malgré sa peur, de partir à la recherche de la source de ces bruits étranges. Depuis son réveil, une voix se fait entendre, celle d’un narrateur invisible. Est-ce la voix de son imagination, de sa curiosité ou celle de la maison, qui a décidé de lui jouer un tour ? Le périple de Lou la mènera de sa chambre, située à l’étage, jusqu’au sous-sol, un endroit habituellement fermé à clé. Sur son chemin, elle affrontera et surmontera certaines (petites) terreurs que la nuit s’amuse à amplifier.

À la manière du conte, Maxime Robin, véritablement inspiré, entraîne le spectateur dans une traversée de la maison des plus fantastiques. Chaque acte, ou chapitre, qui évoque une pièce, soit la chambre à coucher en désordre, le corridor qui s’allonge, le salon que Lou déteste, l’escalier qui craque et le sous-sol inconnu, a ses propres codes et un esthétisme qui lui appartient.

Après ses interprétations de la reine Christine ou d’Edwige qui ont su séduire un public plus adulte, Marianne Marceau charme littéralement au premier coup d’œil un tout autre public, grâce à une interprétation sincère, tout aussi fragile que joyeuse, de cette petite Lou terriblement attachante, aussi gracieuse que bagarreuse.

Tel André Dussollier pour Amélie Poulain, Éric Leblanc interprète le narrateur omniscient, à la voix grave et théâtrale, qui pousse la petite Lou à agir tout en la rassurant. Il se veut aussi apaisant pour le jeune public, en s’adressant parfois à lui pour lui rappeler que « ce n’est que du théâtre ».  Il s’improvise même pédagogue, en expliquant comment évaluer la distance d’un orage, ou en abordant le concept des homonymes. Son visage blafard, mais très expressif, rappelant, ici, la lune de Méliès, là, Robert Blake dans Lost Highway de David Lynch (aussi étrange que cela puisse paraître!), apparait à quelques reprises dans une maquette de la maison, placée côté jardin. Une idée absolument brillante : en plus d’illustrer par quelques effets d’éclairage et de vidéo le parcours de Lou durant la représentation, la maquette permet d’attirer l’attention des spectateurs alors que s’effectuent les changements de décor. Maxime Robin utilise à fond le côté « boîte noire » qu’est la scène, grâce à la conception d’éclairage du très doué Keven Dubois : la lumière devient un élément scénographique important dans les décors d’Érica Schmitz. De multiples clins d’oeil surgissent au cours de la représentation, que ce soit à Hitchcock, à De Palma, à J.M. Barrie ou encore, peut-être, à Shyamalan. Mentionnons cette scène où Lou, devant une grande fenêtre, affronte du regard son propre reflet et celui d’un loup qui l’observe de l’extérieur. Celle de sa bagarre contre son ombre qui prend vie dans le corridor ou encore cet effet de type écran double (split screen), qui permet de voir au même moment la jeune fille, dans un cadre de porte ou dans l’escalier, sous deux angles de vue différents, grâce à la complicité de Mélissa Merlo qui personnifie le double de Lou.

Après ses interprétations de la reine Christine ou d’Edwige qui ont su séduire un public plus adulte, Marianne Marceau charme littéralement au premier coup d’œil un tout autre public, grâce à une interprétation sincère, tout aussi fragile que joyeuse, de cette petite Lou terriblement attachante, aussi gracieuse que bagarreuse. La comédienne brille dans un rôle essentiellement physique ; ses répliques se savourent au compte-goutte, mais font mouche à tout coup. L'une de celle-ci est particulièrement poignante : si le narrateur, par la description des actions de Lou, vient idéaliser tout au long du récit le courage de la petite fille, elle éclatera en fin de course et le fera taire, pour avouer de manière tout aussi touchante que troublante sa vulnérabilité. « J’ai peur, je suis juste une petite fille! », confesse-t-elle. Et c’est avec la même franchise que la maison lui confiera que tout le monde a peur, même ses parents ; en grandissant, on apprend « simplement » à vivre avec elle.

En fin de compte, qu’est-ce qui a réellement poussé Lou hors de son lit pour se rendre au sous-sol : sa maison ou sa curiosité ? « Bof », dira le narrateur, puisque la réponse n’est pas si importante que ça. C’est le voyage qui compte. Si le petit spectateur peut se reconnaître dans les pas de Lou au travers de chaque pièce qu’elle visite, le grand se remémore ses frayeurs d’enfance tout en captant les nombreux clins d’œil cinématographiques insérés ici et là par les concepteurs. Une autre question se pose : qui aimera le plus la pièce, l’enfant ou l’adulte ? « Bof », dira le journaliste, tant qu’une majorité de personnes y assiste… Parce que Lou dans la nuit est un autre réel bijou de cette programmation 2019-2020 presque sans failles du Théâtre jeunesse Les Gros Becs.
09-02-2020
Théâtre jeunesse Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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