Section théâtres Archives des pièces Les coulisses - reportages, entrevues... Liens utiles À propos de MonTheatre.qc.ca.. Contactez-nous Section Montréal

Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil

28-29 février, 1er mars 2008

D'Alaska

Texte de Sébastien Harrisson
Mise en scène de Frédéric Dubois
Avec Louisette Dussault et Christian E. Roy

Un bungalow de banlieue, une nuit d'été. Madame se retrouve nez à nez avec Aujourd'hui, un adolescent qui la prend étrangement en otage dans son salon. Selon lui, c'est de la faute des gens comme elle s'il a dû dire adieu à son meilleur ami. La vieille dame, elle, vient de rompre avec sa compagne de toujours. Dans un huis clos où le temps se dilate, alors que la météo s'affole et que les rôles de chacun s'inversent, une douce complicité se construit entre ces deux âmes en peine.

Un duo d'acteurs bouleversant. D'Alaska, c'est une rencontre entre deux êtres qui se situent aux versants opposés de l'expérience humaine. La pièce, par sa force d'évocation et la sincérité de ses mots, traite d'homosexualité en dépassant tous les clichés, en nous mettant face aux sentiments profonds qui habitent les personnages

Depuis sa fondation en 1990, le Théâtre Bluff a le souci de s'adresser aux adolescents d'égal à égal, en évitant de donner des réponses simples à des questions qui ne le sont pas et en partant avec eux à la recherche d'un sens à donner au monde dans lequel ils vivent. D'Alaska est la 10e création de la compagnie. Avant elle, ont été créées Le Rock du grand méchant loup, Le Royaume des Chus, etiEn., Le Dernier des Chpas et Le Club social des enfants du petit Jésus.

Âge minimum : 14 à 17 ans
Durée : 75 minutes

Assist. mise en scène : Karine Lapierre
Scénographie : Olivier Landreville
Éclairage : Martin Gagné
Costumes : Joannie D'Amours

Une création du Théâtre Bluff

La Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie :418-694-9721

________________________

Dates antérieures

Du 12 au 22 avril 2007 - Maison Théâtre

 

par David Lefebvre

Parler d'homosexualité au théâtre, ça va, on a déjà vu. En parler au 14-17 ans, c'est déjà plus intéressant. En parler en terme d'amour, sans aborder seulement que le thème de la sexualité, dépassant les préjugés, les tabous, alors là! on tient quelque chose de vraiment passionnant.

C'est Sébastien Harrisson, qui a déjà signé Tara et le théâtre de l'océan, Floes et Titanica, qui nous présente Madame, une femme de 70 ans, qui vient de perdre sa compagne des 30 dernières années, partie à l'aventure en Alaska. Un matin, elle se retrouve nez à nez, dans son propre salon, avec Aujourd'hui, un garçon qui vient de perdre son meilleur ami. Frustré, il prend Madame en otage et l'accuse de tous les mots, dont celui d'avoir transformé son ami. Le temps se mélange, la météo fait des siennes, le huis clos crée une connivence inattendue, on se lit des lettres d'amour inventées et les rôles s'inversent doucement.

Pièce touchante, D'Alaska traite, entre autres, de l'homosexualité d'une manière différente, très réaliste, mais avec beaucoup de pudeur. Christian E. Roy nous offre une performance époustouflante. Son personnage veut comprendre, à tout prix, mais il doit d'abord passer par-dessus tous les tabous et les préjugés bien ancrés au fond de lui. Louisette Dussault, qui n'avait pas foulé les planches depuis plusieurs années (qu'il est bon de la revoir!) nous propose une Madame attachante, amoureuse, triste, au parlé plus littéraire, révélant le goût des livres et de l'art. Le duo qu'ils forment est tout à fait renversant. Un duo que tout semble séparer mais qui est unit par le vide amoureux.

La mise en scène de Frédéric Dubois nous propose cette rencontre d'une façon poétique et intelligente. La scénographie d'Olivier Landreville l'est tout autant : elle suggère un salon, avec des livres entassés, un escalier en colimaçon qui se perd et forme presque une oeuvre d'art contemporaine, et un divan qui tourne à 360 degrés pour varier l'angle de vue des spectateurs. La musique originale de Ludovic Bonnier va chercher des sonorités folk électrique américaines, en rapport avec le meilleur ami d’Aujourd’hui, parti pour le Nevada.

Homosexualité, tolérance, deuil, quête du langage et quête de l'amour, D'Alaska (au sous-titre invisible Le temps et la syntaxe) charme, bouleverse et fait éclater les clichés tout en n'offrant aucune réponse à des questions qui sont loin d'être simples.

14-04-2007