Du 24 février au 21 mars 2009
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Le menteur

Texte de Pierre Corneille
Mise en scène : Jacques Leblanc assisté de Maxime Perron
Interprètes : Roland Lepage, Nicola Frank Vachon, Lucien Ratio, Gabriel Fournier, Krystel Descary, Alexandrine Warren, Éva Saïda, France Larochelle, Christian Michaud

Paris, le Jardin des Tuileries et la Place Royale, 1643. Un jeune homme rempli d’ambition revient à Paris après ses études en province. Il est étourdi par les plaisirs de la capitale et par deux jeunes filles. Mais le hasard fait qu’il confond les noms de l’une et de l’autre, et se trouve contraint, par les mensonges qu’il ne cesse d’inventer, à épouser celle qu’il n’avait pas d’abord choisie.

Par un jeu hilarant de quiproquos en chaîne, Corneille nous ravit du premier au dernier vers. Plaisir garanti, alexandrins en prime!

Concepteurs : Michel Gauthier, Sébastien Dionne, Sonoyo Nishikawa, Fabrice Tremblay, Ghislaine Vincent

Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

par Laurence Primeau-Lafaille

Paris, 1643. Un jeune galant revient de Poitiers, où il poursuivait ses études, pour replonger dans l’exaltante vie parisienne. Au Jardin des Tuileries, il rencontre deux jeunes femmes, tombe amoureux de l’une d’elles, mais confond leurs noms. Il invente mer et monde afin d’«améliorer» sa condition d’étudiant et séduire la belle. Un mensonge en entraînant un autre, il s’ensuit une enfilade de quiproquos qui le mèneront à épouser celle qu’il n’avait pas choisie. Un texte charmant, comique, portant sur l’éternelle maladresse des amours débutantes…

Voilà pour la pièce. Certains pourraient se demander en quoi cette histoire (écrite en vers il y a presque 400 ans), nous interpelle, nous, spectateurs du XXIe siècle. Selon le metteur en scène Jacques Leblanc, monter une pièce classique aujourd’hui «implique naturellement une lecture moderne», puisque les artistes qui y travaillent sont inscrits dans l’époque actuelle. Inspiré par l’époque baroque qui a vu naître ce texte, Jacques Leblanc a alors mis toute sa folie dans un spectacle qui donne des airs de printemps à la grisaille ambiante. Il semble évident que le désir premier de l’équipe ait été de donner au public, à partir d’un incontournable de la dramaturgie, un pur moment de divertissement.

L’humour est véritablement au cœur de ce spectacle, émanant du texte, mais également porté par le jeu exalté des comédiens, qui semblent passer de très bons moments sur scène. Quel bonheur que de voir ces acteurs s’amuser et qui nous amusent! On frise parfois le cabotinage, mais il faut avouer que le niveau de jeu demandé est à la limite de la caricature, il peut donc être facile de tomber dans un surjeu irritant. Mais en général, on n’en est pas là. Mention spéciale pour Christian Michaud, qui livre une interprétation juste, simple et ô combien efficace de Cliton, le serviteur du Menteur (Nicola-Frank Vachon). Tout comme Roland Lepage et France LaRochelle, les acteurs les plus expérimentés de la production, qui transmettent l’alexandrin à merveille, donnant à entendre le sens des vers plutôt que… les vers en tant que tel. Malgré la grande énergie déployée, il faut avouer que chez les plus jeunes comédiens, le grand défi de l’alexandrin n’est malheureusement pas toujours relevé. Certains ont tendance à «chanter» le texte, restant au niveau de la rythmique, ce qui peut empêcher le spectateur de bien capter le sens des mots. Par ailleurs, on est constamment dans le jeu, la couleur et l’humour, avec quelques incursions musicales franchement «kitch» qui brisent la rigueur des alexandrins.

Très cohérente dans l’ensemble, toute la conception est basée sur le mensonge, les faux-semblants. Par exemple, pour situer le Jardin des Tuileries, figure une immense photo dudit jardin sur un panneau, où s’adossent les comédiens. Essayez de vous adosser sur un jardin, pour voir! La mise en scène est donc truffée de petits clins d’œil de la sorte, nous rappelant constamment que l’on est au théâtre, que ce que l’on voit n’est que fiction, mensonge. On évoque, on s’inspire, mais il semble qu’il n’y ait aucun désir donc, de reproduire dans son intégralité l’époque de l’auteur. Les costumes (Sébastien Dionne) sont probablement le meilleur exemple à cet égard : l’allure générale est d’époque, mais les coupes sont asymétriques, on a fait des manches bouffantes avec des cravates, etc.

Certes, cette mise en scène du Menteur ne remet pas en question l’état des choses, ni n’interroge profondément notre rapport au monde. Il n’en a pas la prétention non plus. Il nous fait rire, nous charme. Bref, un spectacle qui se tient, livré avec énergie par des comédiens qui s’amusent et qui nous rendent la pareille.

05-03-2009

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