Du 27 octobre au 21 novembre 2009
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Apocalypse à KamloopsApocalypse à Kamloops

Texte Stephan Cloutier
Mise en scène de Patric Saucier
Avec Frédérique Bradet, Martin Héroux, Stéphanie Lavoie, Joanie Lehoux, Nicolas Létourneau, Jack Robitaille.

Jocelyn Théroux, 33 ans, mène une vie tranquille loin de sa famille. Mais l’annonce d’un cataclysme et l’arrivée de deux muses tombées du ciel le forceront à retourner au chalet familial de Kamloops pour régler des problèmes qui durent, semble-t-il, depuis plusieurs siècles.

Drôles, fous, exubérants, les comédiens d’Apocalypse à Kamloops nous révèlent les secrets de la famille Théroux et la face cachée des montagnes Rocheuses dans une Mise en scène enlevée de Patric Saucier.

Conception : Dominic Thibault, Maude Audet, Lyne Rioux, Alain Blais, Anne-Marie Jean

Co-production avec le Théâtre du Tandem

Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

par Yohan Marcotte

Patric Saucier revient animer les planches de la Bordée, deux ans après sa mise en scène de Matroni et moi, avec un texte de Stephan Cloutier, un jeune auteur récipiendaire du prix Power-Corporation (2004) de la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada.

La famille Théroux, Bernard ainsi que ses deux enfants Jocelyn et Mireille, se trouve réunie pour une dernière fois lorsqu’une comète menace de percuter la Terre. Pourtant, Jocelyn, l’aîné, n’a aucune envie de retourner à Kamloops pour mettre un terme au malaise familial éprouvé par lui et les siens depuis le suicide de leur mère. Il sera entraîné, malgré lui, par deux êtres célestes descendus sur terre pour régler le différend qui oppose les âmes de cette famille depuis plus de deux cents incarnations. Elles l’entraînent vers Kamloops, au chalet familial, où son père et sa sœur se sont réfugiés pour vivre leurs dernières heures. Ensemble, ils bénéficient d’un sursis de vingt-cinq heures pour régler un malaise vieux de vingt-cinq ans.

La pièce est écrite avec humour et impertinence, ce qui évacue pratiquement la tension familiale. On voit Jocelyn se faire manipuler par les deux « anges », ce qui occasionne des péripéties plutôt amusantes. Deux êtres venus du ciel, mais qui n’ont rien d’angélique : la première est la hautaine Stérope, muse des Pléiades et fille d’Atlas qui ne cesse de changer de tenue et expose ainsi son mauvais goût. La seconde se nomme Nathalie, morte noyée durant une beuverie dans les années 80, elle est la stagiaire gaffeuse envoyée pour assister la muse. En effet, ces êtres descendus du ciel sont un véritable duo clownesque en robe de soirée. Elles orientent les actions des humains, mais la discussion à cœur ouvert, celle qui doit régler le différend de ces derniers, tarde à survenir. Cependant, lorsqu’elle surgit, il s’agit d’un impressionnant coup de théâtre. Le secret du père, une fois révélé à ses enfants, modifie leurs vies, sans rien apaiser pourtant. Bien au contraire…

Le texte de ce spectacle comporte une faiblesse qui semble être occasionnée par la juxtaposition d’éléments disparates. On parle surtout d’une famille disloquée par le suicide de la mère, mais on aborde également le questionnement identitaire. De plus, des thèmes tels l’orientation sexuelle, l’écologie et, dans une certaine mesure, les points de vue sur la vie après la mort sont évoqués. Il semble que l’auteur, doté d’un imaginaire boulimique, n’ait pas trouvé de mesure dans le choix de ses moyens dramaturgiques ou, tout au contraire, il n’a pas su trouver la démesure permettant aux spectateurs d’abandonner leurs repères, pour les captiver entièrement par son univers. Cet amalgame, malgré une réelle aptitude de Cloutier pour l’écriture de dialogues comiques, manque d’une subtilité qui aurait pu dissimuler la mécanique du texte.

Cette mise en scène de Saucier continue de se laisser inspirer par la bande dessinée pour la composition des personnages. Dans le cas d’Apocalypse à Kamloops, cette particularité est davantage appliquée par petite touche, contrairement à ce qu’on avait pu voir dans Matroni et moi. Le décor, conçu par Dominic Thibault, se laisse lui aussi inspirer par l’univers des cases de bande dessinée, mais aussi par le scrapbooking, comme si les personnages évoluaient dans un album de souvenir. Bien que l’aspect caricatural fonctionne pour ce spectacle, on se serait passé des rares cabotinages de la mise en scène, tel la scène où on pastiche le film Wayne’s World. Il demeure que ceux qui cherchent un bon divertissement seront contentés, car la distribution est solide et elle nous offre une prestation de qualité.

03-11-2009

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