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Du 1er au 26 novembre 2011
KanataKanata - Une Histoire renversée 1ère partie
Texte de Loup bleu et Jean-Frédéric Messier
Mise en scène d’Antoine Laprise et de Jacques Laroche (assistés de Catherine Desjardins-Jolin)
Avec : Antoine Laprise, Jacques Laroche, Suzanne Lemoine et Guy Daniel Tremblay

Après nous avoir présenté plusieurs textes fondateurs de notre civilisation, Loup bleu aiguise son crayon à la réécriture de l’Histoire du Canada. Mais attention ! C’est d’une Histoire « renversée » dont il est question ici.

Bien plus qu’une apologie des Premières nations, KANATA – Une Histoire renversée se propose donc de relire le peuplement et le développement du pays d’un point de vue différent, celui des peuples indigènes. Dans cette histoire, les Autochtones auront les rôles principaux, les Européens et leurs descendants seront les « Autres », ce qui change totalement la perspective.

Toujours très attendus, les spectacles du Sous-marin jaune touchent notre esprit, notre sens critique et notre âme tout en divertissant.


Section vidéo
une vidéo disponible


Assistance à la mise en scène : Catherine Desjardins-Jolin
Décor : Christian Fontaine
Marionnettes : Le Sous-marin jaune
Éclairages : Christian Fontaine
Musique : Christian Bouchard

Codiffusion avec le Théâtre du Sous-marin jaune


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Chloé Legault


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Le 1er novembre dernier avait lieu la première représentation très attendue de Kanata, une histoire renversée 1ère partie au Théâtre de la Bordée. Si le Loup bleu a vu substantiellement augmenter le nombre de ses amateurs, après son fameux Candide, grâce à des spectacles comme La Bible, Le Discours de la méthode et Les Essais (d’après Montaigne), Kanata ne frappe malheureusement pas aussi fort.

La pièce raconte un pan de l’histoire du Canada, de sa découverte jusqu’en 1701, année de La Grande Paix, en adoptant la perspective des Amérindiens plutôt que celle des Européens à laquelle nous sommes habitués ; idée fort intéressante. Seulement, l’histoire de Kanata est décousue et morcelée.  Les liens entre les différentes scènes semblent parfois forcés, un peu comme s’il n’y avait pas de fil conducteur, ou du moins, comme s’il n’était pas assez solide et marqué. Certaines scènes sont toutefois bien réussies, une en particulier, celle d’un couple d’Amérindiens qui discute à propos du possible baptême de leur enfant ; la conversation tourne presque en débat, la femme refusant de voir son enfant baptisé, contrairement à l’homme qui lui le désire. Une autre scène avec ces deux personnages se démarque du spectacle, lorsque l’homme agonisant demande à sa conjointe de ne pas tuer les « robes noires », les religieux ; la réponse de la femme, sarcastique à souhait, est impeccable. On en aurait demandé davantage.

Si l’humour dentelé du Loup bleu tend à poindre ici et là, il n’en demeure pas moins qu’il manque de mordant. Ce personnage – qui est d’ailleurs, rappelons-le, le directeur artistique du Théâtre du Sous-marin jaune – semble même effacé par moment, et ce, dès le début du spectacle, alors que la formule d’ouverture est dite par Castor d’Or, plutôt que par lui. En effet, dans Kanata, Loup bleu partage son rôle de narrateur omniscient avec une femelle castor un tantinet perverse, pour ne pas dire carrément lubrique. Un beau personnage, bien que Castor d’Or semble voler la vedette au détriment de Loup bleu.


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Alors que le projet sur Descartes s’appropriait de façon magistrale l’espace scénique, et que Les Essais étaient essentiellement de la vidéo, les metteurs en scène Jacques Laroche et Antoine Laprise prisent une direction, une scénographie, et des accessoires plus « minimalistes », les marionnettes et les maquettes étant plutôt petites. Hormis les toutes premières rangées, le spectacle semble loin, ou alors joué dans un espace trop grand. Un corbeau muni d’une caméra permet parfois de capter l’action de plus près, projetant ses images en direct sur un écran circulaire en fond de scène. Si la technique ne pallie pas totalement le problème, elle procure tout de même quelques effets amusants, dont l’intervention d’une hermine, autre personnage animalier qui accompagne Castor et Loup et qui s’improvise avec beaucoup d’humour reporter télé.

Enfin, tous les ingrédients pour un bon spectacle sont réunis ; pourtant, la recette ne prend pas complètement. Il manque un brin de rythme et les manipulateurs semblent avoir de la difficulté à s’approprier le texte, les répliques sonnant parfois fausses ou décalées. Peut-être est-ce parce que le texte de  Kanata n’a pas été écrit par l’équipe du Sous-marin jaune, signé essentiellement par Jean-Frédéric Messier ? Ou encore, peut-être aurait-il fallu deux semaines de répétitions supplémentaires au Loup bleu et à son équipe pour bien s’approprier l’histoire ? Ne les condamnons toutefois pas trop vite, Kanata est un projet qui mûrira, et d’autres projets sont en chantier, tous plus excitants les uns que les autres.

06-11-2011