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Du 8 au 17 décembre 2016, 19h30, 17 décembre 15h et 19h30
Beu Bye 2016
Textes : Lucien Ratio, Nicola-Frank Vachon, Philippe Durocher, Jean-Philippe Côté, en collaboration avec les comédiens
Mise en scène et script-édition  : Lucien Ratio
Assistance à la mise en scène  : Philippe Durocher
Avec Monika Pilon, Joëlle Bourdon, Edwige Morin, Nicola-Frank Vachon, Lucien Ratio, Jean-Philippe Côté, Mathieu Campagna

Maintenant un incontournable du temps des fêtes, Beu-Bye – La revue de l’année de Québec revient à La Bordée pour une troisième édition. Toute la bande est réunie pour vous faire vivre une soirée inoubliable remplie d’humour, de chansons et de clins d’œil grinçants à propos de l’actualité nationale et internationale. La meilleure façon de dire Beu-Bye à 2016 !


Décor et éclairages  : Jean-François Labbé
Costumes et accessoires  : Marie McNicoll
Musique et ambiance sonore  : Mathieu Campagna

Tarif non-abonné : régulier : 30 $ ; 60 ans et plus : 25 $ ; 30 ans et moins : 20 $
Abonné : Régulier : 23$, aînés et jeunes 18$

Soiréee bordéliques
Dans le but d’appuyer les compagnies de théâtre émergentes de Québec, La Bordée organisera, pour une deuxième saison, des soirées de financement qui leur seront dédiées : les Soirées Bordéliques. Tous les profits de ces soirées seront remis aux compagnies théâtrales et contribueront au financement de l’un de leurs spectacles qui aura lieu au cours de l’année.
 Samedi 24 septembre 2016 – Théâtre Kata (Olivier Arteau-Gauthier)
 Samedi 5 novembre 2016 – Le chien sourd (Gabriel Fournier)
 Vendredi 13 janvier 2017 – La brute qui pleure (David Bouchard)
 Samedi 25 février 2017 – Les Gorgones (Marie-Ève Chabot Lortie)
 Samedi 15 avril 2017 – La Camerata de Bardy (Nicolas Jobin), en association avec la compagnie La Mauderne

Production du Théâtre du temps qui s’arrête


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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Critique

De quelle manière pourrait-on résumer 2016? Pour certains, ce fut une année charnière, imprévisible. Pour d’autres, des mois de deuil. Pour une troisième année consécutive, l’équipe du Théâtre du temps qui s’arrête revient à La Bordée pour présenter sa maintenant traditionnelle revue de l’année, pour rire librement de certains événements qui ont retenu l’attention au cours des 12 derniers mois.

Certains comédiens sont de retour au front : c’est le cas de Joëlle Bourdon, d’Edwige Morin, de Monika Pilon et de Lucien Ratio (aussi script-éditeur et metteur en scène). Pour compléter la ligne d’attaque, deux recrues, mais avec une expérience indéniable des planches : Jean-Philippe Côté et Nicolas Létourneau.

Du côté des auteurs, on retrouve sensiblement la même équipe que l’an dernier, soit Jean-Michel Déry, Philippe Durocher, Lucien Ratio, Jean-Philippe Côté et Nicola-Frank Vachon. Fait à noter, certains sketchs seront signés par des auteurs invités, dont Frédéric Blanchette, Claude Montmigny et Pascale Renaud-Hébert.


Source photo : page Facebook de La Bordée

Avouons-le d’emblée, l’année 2016 n’en fut pas une exceptionnelle. Difficile de créer de réels moments marquants, voire d’anthologie, pour chaque événement soulevé. Cela dit, la troupe propose tout de même quelques scènes savoureuses. À l’instar de l’an dernier, ce n’est pas par la qualité des imitations que la troupe se démarque, mais pour son choix de sujets assez judicieux. On note aussi la scénographie, légèrement plus sophistiquée que les autres années : trois immenses cubes, montés comme une pyramide, qui serviront de balcons, alors que Mathieu Campagna, juché tout en haut de la structure avec ses instruments, son ordinateur et son canapé rouge, surplombe la scène. Avec des mélodies inspirées (ou non) d’airs connus, il viendra meubler les transitions.

La première partie, plutôt inégale, tarde à trouver le bon rythme, qui souffrira d'ailleurs tout au long de la représentation, dû aux transitions parfois un peu longues, à certains courts silences entre les répliques et quelques « cues» ratés. Un défaut qui se corrigera lors des prochaines représentations. Les comédiens ouvrent le bal avec un numéro musical mettant en scène le jeu Pokemon Go, puis mettant en vedette Jérémy Gabriel, presque trop gentiment parodié, portant veston trop grand et chantant « I don’t care même si je te poursuis ». Un couple de bobo entre dans un resto de Québec et commande yogourt aux fruits sans fruit et omelettes sans œufs... C’est le branle-bas de combat dans la cuisine ; clin d’œil à l’affaire Simon-Pierre Canuel, l’homme hospitalisé après une réaction allergique sévère suite à sa visite d'un restaurant de Sherbrooke. S’ensuit un numéro assez juste sur la radio de Québec et les animateurs Jeff Fillion, Julie Drolet, Stéphane Gendron, le Doc Mailloux, Éric Duhaime et Nathalie Normandeau qui, sans surprise, s’offusquent de tout et de rien et qui jouent, littéralement, à la chaise musicale entre les stations (bon flash), tout en se vantant, tous et chacun, de travailler à chaque fois pour la « radio numéro un ».

Les trois sketchs qui suivront tomberont malheureusement dans le dossier « fausses bonnes idées ». D’abord, visite dans un CHSLD d’un Mike Ward flanqué de son avocat pour éviter qu’il ne dérape. Si le sketch finit par faire rire, c’est grâce à Monika Pilon et à son personnage de personne âgée qui, micro en main, parle de sa journée avec une multitude de sous-entendus grivois non prémédités, alors que l’avocat retient Ward à deux mains. Puis, l’émission Coup de foudre devient Coup de fous. Kim Jong Un, Vladimir Poutine et… Richard Martineau doivent charmer Donald Trump, le tout animé par une beaucoup trop suave Marine Le Pen. La troupe entonne alors Make America Great Again, une chanson rappelant le plus récent enregistrement des Pussy Riot, mais versant plutôt du côté de Trump. Celui qui fait présentement la page couverture du Time Magazine comme Personnalité de l’année aurait peut-être mérité une meilleure parodie, voire châtiment. La visite du Prince William et de son épouse Kate Middleton, l’automne dernier, n’est pas en reste : on les met en scène avec un Justin Trudeau juvénile, une Sophie Grégoire qui pousse la note et un des enfants du couple canadien totalement hyperactif – alors que c’est le petit Prince George qui, dans les faits,  avait « refusé » de serrer la main au premier ministre canadien.

Juste avant l’entracte, trois sketchs vont élever d’un cran la soirée. Grinçant à souhait, le numéro où des réfugiés syriens, accueillis par une famille de Sillery, doivent camper dans la cour et faire toutes les tâches ingrates de la maison atteint la cible. Puis, idée prodigieuse que d’amalgamer la guerre des taxis contre Uber et l’univers de la Guerre des tuques. On retrouve avec joie quelques personnages, dont Luc Chicoine en chauffeur de taxi, ainsi que certaines répliques cultes. Finalement, le numéro musical en hommage aux disparus s’avère très touchant ; on retrouve Bowie, Prince, Bob Bissonnette, René Angelil, Pierre Lalonde et Leonard Cohen, qui voit son méga succès Hallelujah être interprété avec douceur et respect – certains pourraient verser une larme. Marque geek de la soirée, on se permet un salut rapide à la mémoire de Kenny Baker, le comédien sous la carrosserie de R2-D2.

La deuxième partie du spectacle, sans être aussi forte que la fin de la première, conservera un certain élan. Jean Charest en lobbyiste et les pipelines se retrouvent dans une version bien québécoise de Another Brick in the Wall ; des touristes français goûtent à leur propre médecine sur une plage du Québec; Guy Jodoin et l’émission Le Tricheur accueillent trois membres du Parti Libéral du Québec; Denise Bombardier, Bernard Landry, Lucien Bouchard et Lise Payette se retrouvent dans un cours sur la manière de commenter les événements médiatiques sans être paternaliste ou condescendant : moment réellement jouissif, quand le professeur hispanophone « pète sa coche » et remet à sa place tout ce beau monde, juste après que Madame Bombardier évoque le fait d’être « sur écoute ». On est loin de Patrick Lagacé… Suivent Jean Tremblay, maire de Saguenay, et Cœur de pirate qui se rencontrent sur le plateau de « Célèbres et à poil » - sketch hilarant qui proposera l’un des moments les plus absurdes de la soirée.

Même s’il a provoqué certains rires, le numéro abordant les agressions sexuelles à l’Université Laval dérape légèrement et fait grincer des dents. Le ton joyeux et bon enfant, ritournelle incluse, du sketch, qui met en scène une publicité qui propose des assurances « Sklavounos, mains baladeuses et Bill Crosby », soit des protections sur papier contre les agresseurs, banalise totalement la situation, la rendant presque ridicule. On peut comprendre qu’il était difficile de passer à côté d’un tel sujet, mais les auteurs auraient peut-être pu trouver une meilleure manière de l’aborder. Surtout que le sketch commence de manière prometteuse, alors qu’un clown s’introduit dans la chambre d’une étudiante – clin d’œil assumé aux clowns maléfiques qui ont sévi un peu partout en Amérique du Nord en octobre dernier.

Les femmes auront été, encore une fois, les interprètes les plus fortes de la soirée. Pour preuve, Monika Pilon, qui reprend ensuite le contrôle avec son interprétation de Céline Dion : parodiant la chanteuse alors qu’elle imite Rihanna, Cher et Sia (clin d’œil à son passage à Jimmy Fallon), elle ira jusqu’à descendre dans la salle pour qu'on lui fasse une demande spéciale. On sent le plaisir immense que la comédienne éprouve à jouer la diva, et c’est contagieux. Finalement, Nicolas Létourneau frappe fort avec son imitation de Régis Labeaume, toujours à la recherche de projets fous, qui se réveille, un matin, dans la peau du fondateur de Québec.

À l’instar des deux autres années, la soirée se termine avec une chanson originale. Alors que l’an dernier la mélodie évoquait davantage la douceur de l’hiver, elle se veut cette fois-ci joyeuse et pétillante, empruntant au passage quelques onomatopées à Alex Nevsky. « Ce soir, c’est jour de fête », chantent-ils en chœur ; enterrons 2016 de quelques bons rires francs et espérons que 2017 étincelle de mille feux.

09-12-2016