Une pièce librement inspirée de la vie et de l’oeuvre de Rainer Maria Rilke, l’auteur des Lettres à un jeune poète.

Une année sans été retrace le parcours de cinq personnages à l’orée de tous les commencements.

Ils ont vingt ans. Gérard veut écrire. Difficile écrire. Anna veut partir. Difficile partir. Louisette veut vivre… Difficile. Vivre. Mademoiselle Point reste. Et Dupré fait des phrases. En eux, une enfance se perd. Dehors, Paris s’enveloppe du brouillard menaçant de la Grande Guerre. Qu’estce qu’on fait quand tout autour veut nous faire vieillir ? Une année sans été c’est l’histoire de ce moment où on apprend tout en même temps et où on plonge tête première dans la « vraie vie », terrible et belle, immense et étriquée. C’est aussi une histoire de grande ville, de trottoirs et d’amours en forme de trains.

Le Théâtre [mo], avec toute l’ardeur de sa jeunesse, nous parle d’un monde qui bascule, celui de tous les jours et celui des grands destins. Ce spectacle a été accueilli chaleureusement lors de sa création à Premier Acte et a valu à Véronique Côté le Masque de la Révélation pour sa mise en scène lors de la Soirée des Masques 2004.

Texte de
Catherine Anne

Mise en scène
Véronique Côté

Avec
Sylvio-Manuel Arriola, Maryse Beauchamp, Emmanuel Bédard, Véronique Côté, Valérie Descheneaux

Conception
Jean-François Labbé, Pierrick Fréchette, Valérie Descheneaux

Une production Théâtre [mo]

Québec : Du 1er au 19 février 2005

Montréal : Du 21 février au 11 mars 2006
Billetterie : 253-8974

 

par Marzia Pellissier (Montréal)

Une année sans été parle de liberté, cette liberté qu’on ose prendre au tournant de l’adolescence, avant d’être précipité dans la vie d’adulte.  Gérard (Vincent Champoux) est poète, mais il a encore bien de la difficulté à se l’admettre.  Il décide de partir pour Paris, de se lancer dans le vide pour affronter sa destinée.  Dans ses bagages, il apporte l’amour qu’il voue à Anna (France Larochelle), employée de son père et grande voyageuse.  Derrière lui, il laisse Mademoiselle Point (Magalie Lépine-Blondeau), assise à son bureau, qui, enracinée dans son quotidien monotone, laisse sa vie s’écouler au compte-gouttes.  À Paris, Gérard rencontre Louisette (Catherine-Amélie Côté) qui lui loue une chambre chez sa mère; il fait aussi la connaissance de Dupré (Emmanuel Bédard), poète désillusionné, avec qui il se lie d’amitié.

Dans cette pièce, l’écriture lie les gens, par les rimes de la poésie ou par les correspondances de voyage.  Le texte de Catherine Anne est simple et doux, mais tombe facilement dans le lieu commun de la recherche de soi.  Les personnages sont ébauchés, comme incomplets et les intrigues prévisibles et peu profondes.

Sur la scène, deux splendides portes fenêtre à l’européenne, un lit, une librairie, une table.  Le lieu est bien installé.  Les murs sont couverts de pages blanches dont les coins se décollent, où l’on lit une multitude de mots dactylographiés.  L’idée est intéressante, mais la disposition systématique et presque mathématique de ces vocables reflète mal l’esprit errant de la poésie des personnages.  Quelques moments passionnés envahissent tout de même la scène, comme lors d’une première neige qui tombe doucement au-delà des fenêtres.

Les comédiens conduisent bien le spectacle, malheureusement sans éclat ni surprise.  Emmanuel Bédard vient quand même donner un coup de pouce à l’équipe en entrant rayonnant d’énergie.  La prestation attachante de Louisette est aussi à noter.

Cette pièce, inspirée de Lettres à un jeune poète de Rilke, se défend bien, mais ne suscite pas d’enthousiasme flagrant.

26-02-2006