Du 21 octobre au 8 novembre 2008, 20h
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Amaurôsis (Voyage dans le Musée de Reims)

Texte : inspiré du récit de Daniele del Giudice « Dans le Musée de Reims »
Adaptation et mise en scène : Marie Dumais
Avec : Simon-Pierre Gariépy, Joanie Lehoux, Sylvain Perron et trois autres interprètes

Dans le Musée de Reims, des gens s’attardent, observent et murmurent. Parmi la foule, un vieillard, un couple, un artiste et, surtout, un homme seul qui regarde les toiles de plus près que les autres. Il perd progressivement la vue et ressent l’urgence de s’immerger une dernière fois dans certains tableaux. Puis, une voix féminine se glisse doucement à son oreille pour tout lui décrire. Une rencontre comme une espèce de miracle qui lui permet de voir plus loin. Elle lui raconte les Corot, les Delacroix, les Renoir, faisant voyager l’homme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des toiles visitées. Ce parcours inattendu le mène enfi n à l’objet convoité, un tableau particulier, qui le concerne personnellement.

Par la poésie de l’image, du son et du mouvement, Instant Zéro explore le caractère constamment renouvelé et vivant de l’art que chacun modèle de sa perception et de sa sensibilité. Sur les traces de ce visiteur presque aveugle, les couleurs éclatent et se transforment.
Lorsqu’on bascule dans l’ombre, peut-on réinventer la lumière ?

Image multi : Lionel Arnould
Lumières : Hubert Gagnon
Musique : Sen Fortier
Installation scénique : Marie-Renée Bourget
Maquillages : Nathalie Simard

Représentations du mardi au samedi à 20h sauf le 2 novembre à 15h

Production Instant Zéro
Codiffusion Théâtre Périscope

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

par Charlotte Riondel

Avec sa nouvelle pièce, Amaurôsis, un voyage à perte de vue dans le Musée de Reims, Marie Dumais relève une nouvelle fois le défi de l’adaptation d’un roman au théâtre. Se basant, cette fois-ci, sur un livre de l’écrivain italien Daniele del Giudice, la metteure en scène nous présente un spectacle multidisciplinaire qui aborde la perception, dans toute sa mobilité.

Nous suivons le parcours d’un homme qui devient peu à peu aveugle et qui choisit de se perdre dans les méandres du Musée de Reims, à la recherche d’un tableau qui le touche particulièrement. Alors qu’il tente de reconstruire nettement les traits des peintures qu’il contemple, il fait la rencontre d’une femme qui, peu à peu, lui permettra de réapprendre à voir en l’aidant à regarder au-delà des apparences. Elle le conduira à franchir la barrière de l’image pour s’intéresser à ce qui se trouve en arrière.

Le projet de Mme Dumais est intéressant, mais complexe et la mise en scène, bien que très belle esthétiquement, demeure plutôt conceptuelle et il est difficile de se laisser transporter dans l’aventure sensorielle qui nous est montrée plus que partagée. La danse et le travail du corps arrivent néanmoins à nous faire ressentir certaines émotions et les acteurs portent avec courage et énergie un texte qui est difficile d’accès, certes, mais dont le propos est très pertinent. En plus des deux personnages principaux, quatre entités gravitent autour de l’homme auquel elles sont intimement liées. Elles sont l’autre côté du miroir. Ces différents personnages métaphoriques représentent divers pôles : la sagesse et la connaissance du passé et du futur, la joie de vivre et l’émerveillement, la quête du sens et la science pure, la force de l’art lui-même qui nous transcende. Ceci permet une vision en relief, une diversité des points de vue. Cependant, il aurait pu y avoir un peu plus de nuances du côté des entités qui se rapprochent un peu trop souvent des clichés de la jeunesse, de l’esprit cartésien, du puits de savoir de la vieillesse et de l’artiste.

Les éléments de conception sont habilement liés, se complétant et s’agençant avec harmonie autour des comédiens. La sobriété de la scénographie permet de représenter différents lieux en complicité avec le travail d’éclairage et les images vidéo avec lesquelles sont représentées les différentes œuvres d’art du musée. Concernant l’éclairage, il y a une réelle recherche pour aller toucher la perception visuelle du spectateur. Le jeu des contrastes entre pénombre et éblouissements soudains oblige l’œil du spectateur à s’adapter, tout comme les images visuelles tentent de recréer la vision de l’homme en train de devenir aveugle. Il y a donc une volonté d’amener le public à se sentir dans la peau du personnage principal et pour cela, il y a un appel à la perception de chacun, appel qui aurait pu être plus persistant. Le travail de conception à partir du nombre d’or est tout à fait judicieux, car ceci amène une harmonie visuelle qui rassure l’œil du spectateur en le ramenant à ce qu’il connaît (en effet, beaucoup d’éléments que l’on trouve dans la nature sont en lien direct avec ce nombre d’or).

De manière générale, Amaurôsis est une pièce audacieuse, mais sans grande nouveauté qui aurait pu aller beaucoup plus loin dans l’implication du public par rapport à la perception. Cependant, la recherche de beauté et la douceur prônées par le spectacle sont bel et bien présentes et l’adaptation à la scène de l’écrit de M. Del Giudice s’appuie sur une grande réflexion et une bonne unité entre conception, jeu, danse et mise en scène.

24-10-2008

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