Du 3 au 28 mars 2009
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Nature morte dans un fossé

Texte : Fausto Paravidino
Traduction et adaptation : Paul Lefebvre
Mise en scène : Christian Laporte
Distribution : Marcia Babineau, Stéphanie David, Jean-Michel Déry, Christian Essiambre, Kevin McCoy et Mario Mercier.

Un homme revient d’une banale soirée lorsqu’il enfonce sa voiture dans un arbre. En sortant de son véhicule, il devient le témoin principal d’un meurtre. Une jeune fille semblant être au-dessus de tout soupçon est retrouvée morte dans un fossé. S’ensuit une enquête policière dirigée par un inspecteur habitué à scruter à la loupe les milieux louches dominés par le pouvoir, l’argent, le sexe et la drogue. La victime étaitelle « à risque » ? Serait-il plus évident, plus rassurant de conclure à un règlement de comptes entre drogués ? Six personnages témoignent par des monologues haletants : l’inspecteur, le témoin, la mère, le dealer, le petit ami et la prostituée.

Avec Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino, le Théâtre Blanc et le théâtre l’Escaouette nous proposent un polar théâtral qui nous emporte dans ses intrigues et nous séduit par ses brillantes déductions… Mais qui éclaire autrement le côté sombre de nos sociétés contemporaines en débusquant sa violence et sa corruption jusqu’au coeur de notre douillet confort quotidien.

Texte publié : Nature morte dans un fossé, L'Arche Éditeur (2006)

Équipe de conception :`Jean Hazel et le Collectif CINAPS (Lionel Arnould, Mathieu Campagna et Jean-François Labbé).

Représentations du mardi au samedi à 20h

Production Théâtre Blanc et Théâtre L'Escaouette
Codiffusion Théâtre Périscope

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

par Isabelle Girouard

Nature morte dans un fossé rassemble les villes de Québec et Moncton, sous la direction artistique respective de Jean Hazel et celle de Marcia Babineau.  Le texte est issu de la plume d’un jeune Italien encore méconnu chez nous, Fausto Paravidino, et traduit par Paul Lefebvre.  Finalement, la mise en scène est assurée par Christian Lapointe, et une partie de la création par le collectif CINAPS. Avec toutes ces informations, nous sommes prêts à plonger dans ce polar qui gardera certainement le spectateur en haleine pendant 2 heures et quelques poussières.  La nature morte dans un fossé, c’est une jeune fille trouvée en plein milieu de la nuit par un Boy qui, terminant sa soirée, a percuté un arbre avec sa voiture près de là. Le corps est rapidement identifié et l’enquête commence, menée par un policier dont la lucidité se mêle au désabusement depuis longtemps déjà. Première piste : une soirée passée au bar, où la drogue dure et le sexe passent avec les heures.  La réalité est toujours la même dans ce lieu où pouvoir et règlements de compte, prostitution et violence abondent.  Pourtant, la jeune fille est issue d’une bonne famille, aussi l’affaire est probablement plus complexe, comme le pense Cop.   Il se livrera à un jeu de déduction bien serré, sous l’œil sensationnaliste des médias et le cœur ravagé de la mère.  L’énigme du meurtre se résout quelques minutes avant la fin, nous laissant aux prises avec un certain trouble.

L’histoire nous est livrée sous forme de déposition de 6 personnages types qui forment aussi un chœur autour du personnage principal, celui de l’enquêteur. Le texte est intéressant puisqu’il offre de nouvelles possibilités de mise en scène, évidemment explorées par l’audacieux Christian Lapointe que l’on connait pour son goût du symbolique, situant parfois la trame dramatique à la limite de l’immobilité. Dans une tout autre dynamique cette fois-ci, il a cherché à créer un effet de décalage entre la narration et le temps réel, s’appuyant souvent sur des accessoires ou des supports visuels.  L’effet est bien réussi dans son ensemble, mais il reste quelques éléments parasites qui détournent l’attention de la trame au lieu de la soutenir. Heureusement, on ne s’arrête pas longtemps à ce désagrément. L’adaptation est réussie : le passage du texte original à la scène québécoise se fait de façon naturelle et on pourrait presque croire que l’histoire se déroule chez nous.  La langue contient une résonnance qui nous est familière et elle se matérialise magnifiquement dans la voix et le corps de Kevin McCoy, qui tient le rôle de l’enquêteur. Une dernière fleur: l’espace scénique dans lequel évoluent les comédiens semble contenir une tension en lui-même, reflétant d’une façon particulièrement sensible le trouble émanant du drame.

Décidément, une violence inquiétante plane dans Nature morte dans un fossé.

04-03-2009