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Du 19 mars au 7 avril 2013, mardi au samedi 20h, sauf mercredis 19h, dimanche 7 avril 15h
SemblanceSemblance
Texte : équipe de création
Mise en scène : Jean-Philippe Joubert
Avec André Robillard, Carl Vincent , Charles-Étienne Beaulne, Danielle Le Saux-Farmer, Guylaine Jacob, Maxime Robin, Mélissa Merlo, Simon Lepage

Charlot travaille sur un projet d'exposition photo. À travers son obturateur, il cherche à entrer en contact avec l'autre, à fixer ce moment où les regards se croisent. Au fil des rencontres, sur sa pellicule se révèlent des visages, des corps, des vies. Peu à peu, les murs de son atelier se tapissent de photos: un orphelin cherchant désespérément une famille, une jeune femme idéaliste qui retouche sa vie avec Photoshop, un acteur pour qui tout est faux, une femme inconsolable à la suite de l'accident de son amoureux, une voisine timide refusant de se montrer... Mais jusqu'à quel point l'image de l'autre nous permet-elle de le connaître?

A-t-on besoin d'être vus pour exister? Aurons-nous jamais une image complète des gens que nous côtoyons ou ne seront-ils qu’un collage imparfait d’une série de photos? Réunis au sein de cette exposition, les êtres et les destins se croisent et se répondent, chacun tentant par tous les moyens d’exister dans le regard de l’autre. Une réflexion sur la tyrannie de l’image et la quête du bonheur.


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Assistance à la mise en scène : Caroline Martin
Conception : Gabrielle Arsenault et Dominique Giguère

Une production signée Nuages en pantalon et Théâtre Argentine


Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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 Critique
Critique

par Francis Bernier

Pouvons-nous vivre sans le regard de l’autre? Existons-nous si personne ne nous regarde? La façon dont les gens nous perçoivent influence-t-elle qui nous sommes?

Exister dans le regard de l’autre ou Semblance présente une réflexion moderne sur la dictature de l’apparence et sur la quête de la visibilité. Dans un monde où les médias sociaux sont omniprésents, il est facile de s’inventer, de décider ce que les autres peuvent voir de nous. En se construisant une existence en dehors de la scène, sur Internet et les réseaux sociaux, les personnages de Semblance peuvent eux aussi se créer une vie. En débordant du contexte théâtral, ils acquièrent ainsi une part de réalité.

L’essence même du projet Semblance est de faire vivre ses personnages ailleurs qu’au théâtre. On retrouve de la sorte les astuces amoureuses de Paul et Patricia, un couple de conférenciers spécialisés dans les relations amoureuses, sur le site pauletpatricia.com. Le site simonlepage.com révèle le CV web du personnage de Simon, un acteur qui ne sait plus distinguer le vrai du faux. On découvre également l’oeuvre de Thomas Saint-Onge, photographe, via son tumblr au projetsemblance.tumblr.com. C’est à travers la lentille de son appareil que les protagonistes se dévoileront peu à peu au cours du spectacle.

La représentation commence avant l’entrée en salle puisque les acteurs sont déjà présents, dispersés à travers le public qui attend l’ouverture des portes. C’est d’ailleurs la relationniste un peu maladroite de orion-communication.com qui nous accueille et qui nous laisse un peu cois devant son enthousiasme quelque peu envahissant.

Articulée autour d’une mécanique scénique impressionnante et réglée au quart de tour, la création de Nuages en pantalonsbrise les conventions théâtrales les unes après les autres et n’hésite pas à sauter au-delà du quatrième mur. On amène de cette façon le public à devenir acteur de la pièce. C’est ainsi qu’un cellulaire abandonné sonnera pendant le spectacle, sous le banc d’une spectatrice qui se voit dans l’obligation de répondre et de converser avec Benoît, un jeune homme populaire et extraverti qui se cherche désespérément une famille. Plus tard, c’est le personnage de Simon Lepage qui accostera une dame de l’assistance pour lui demander son avis sur la pièce et ensuite l’inviter sur scène.

L’utilisation de plateformes multimédias diverses donne à la mise en scène de Jean-Philippe Joubert une structure très organique ou les éléments du décor sont brillamment mis à contribution. Les choix de la bande sonore, quant à eux, ajoutent beaucoup à l’esthétique de la pièce et apportent une couleur très actuelle au propos. Les acteurs, d’une grande justesse, vibrent de véracité. Mention à Simon Lepage, d’un naturel épatant et à Guylaine Jacob dans le personnage de Patricia, intense et bien dosée.

Semblance nous interroge sur les frontières entre le monde virtuel et le monde réel, sur les véritables raisons qui nous poussent à nous exhiber toujours davantage. Un spectacle rafraîchissant à voir jusqu’au 7 avril 2013 au théâtre Périscope.

21-03-2013