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Du 6 au 23 novembre 2013, du jeudi au samedi, 20h, les mardis et mercredis à 19h et le dimanche 10 novembre à 15h
Visage de feu
Salle principale
Texte Marius von Mayenburg
Traduction Marc Blezinger, Laurent Muhleisen et Gildas Milin
Mise en scène Joël Beddows
Avec Diane Losier, Lucien Ratio, André Robillard, Joanie Thomas, Réjean Vallée

Kurt et Olga, deux adolescents, sont frère et sœur. Ils vivent avec leurs parents, qui leur inspirent un intense dégoût. Olga se sent prisonnière de son enfance. Elle rêve d'une explosion, d'une éclosion qui la métamorphosera. Quant à Kurt, il refuse de devenir adulte.Afin de ne pas vieillir, il se ferme au monde des adultes et nourrit le feu qu’il sent en lui.Peu à peu, la tendresse entre Kurt et Olga se transforme en une intense relation tandis que de mystérieux feux ravagent la ville. La distance entre les enfants et les parents s'élargit. Et la révolte des adolescents, attisée par la passion, brûle tout sur son passage.

Écrite en une succession de courtes scènes coup de poing, Visage de feu décortique implacablement la chute d'une famille dysfonctionnelle vers un drame flamboyant. Dans cet intense huis clos, l'inaptitude et l'impuissance des parents n'a d'égal que la sensation d'urgence des enfants, qui justifie tous les excès.


Assistance à la mise en scène Tony Gaudet
Scénographie Jean Hazel
Environnement sonore Jean-François Mallet
Éclairages Marc Paulin

Unce coproduction théâtre l'Escaouette (Moncton), Théâtre Blanc (Québec) et Théâtre français du Centre national des Arts (Ottawa)

En collaboration avec la Chaire de recherche en francophonie canadienne (pratiques culturelles)


Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Annie Zielinski

À lire la description de la pièce Visage de feu dans le programme de la soirée, il faut avouer que rien ne laissait présager ce qui allait se dérouler sous nos yeux durant une heure trente.

Visage de feu raconte l’histoire de Kurt et Olga, deux adolescents, frère et sœur, vivant avec leurs parents, qui leur inspirent un intense dégoût. Olga se sent prisonnière de son enfance. Elle rêve d'une explosion, d'une éclosion qui la métamorphosera. Quant à Kurt, il refuse de devenir adulte. Peu à peu, la tendresse entre le frère et la sœur se transforme en une intense relation et la distance entre parents et enfants s’élargit.

La pièce montre l’évolution des deux personnages principaux, soit une montée en émotion coup-de-poing. Le personnage de Kurt, plus particulièrement, passe du jeune adolescent troublé à psychopathe pyromane incestueux. De son côté, Olga passe plusieurs fois au cours de la pièce de jeune fille forte, troublée, aux tendances sexuelles obscures, à carcasse molle et inerte. Toute l’histoire se déroule autour de cette famille dysfonctionnelle où la mère encourage sa fille dans le vice et où le père bande en lisant des histoires d’assassinats de prostituées dans les journaux.

Plus l’histoire avance, plus on sent un profond sentiment de malaise s’immiscer en nous. On ne sait pas si on a le droit de voir ce qui se déroule sur scène. Le fait d’observer un frère et une sœur s’adonnant à des ébats sexuels ensemble, que ce soit tabou ou non dans la société,  ne peut que nous dégoûter ; si là était l’objectif du metteur en scène Joël Beddows, c’est réussi.

Visage de feu se veut une critique de la société où chacun tente de maîtriser ce qui l’entoure. La pièce fait l’éloge de la sexualité où les protagonistes, et par le fait même les gens de la société, croient pouvoir tout contrôler lorsqu’ils passent à l’acte. On tente de dénoncer le fait que le sexe soit synonyme de pouvoir, mais aussi du sentiment enfantin de jouer avec les lignes de l’interdit. Malgré tout, le message ne se rend pas. La critique est trop poussée pour amener une réflexion quelconque ;  on s’attarde davantage aux différents malaises se déroulant devant nos yeux qu’à ce que l’histoire tente de nous transmettre.

Le niveau de langage tout au long de la pièce est souvent trop soutenu, trop articulé, ce qui enlève beaucoup de naturel aux comédiens. On peut cependant souligner le jeu de Réjean Vallée (le père) et celui de Lucien Ratio (Paul) qui sont, de leurs côtés, très fluides et sans anicroche. André Robillard (Kurt) parvient à bien transmettre la montée en émotion et l’évolution psychologique de son personnage et, finalement, Joannie Thomas (Olga) réussit à basculer rapidement vers les différents états d’esprit que son personnage exige. Malheureusement, ces quelques points positifs n’amènent pas un meilleur sentiment à la sortie de la salle.

Visage de feu est une pièce qui choque, qui a plusieurs niveaux de compréhension, mais qui n’est certainement pas pour tous les publics.

08-11-2013