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Du 19 avril au 6 mai 2017, mardi et mercredi 19h, jeudi et vendredi 20h, samedi 16h
Supplémentaires le 22 avril à 13h, 25 avril à 19h, 29 avril 13h, 2 mai 19h, 3 mai 13h, 6 mai 13h
Le piano à voile - variation sur un même thème
Idée originale Agnès Zacharie
Mise en scène Amélie Bergeron et Agnès Zacharie
Avec Éric Leblanc et Agnès Zacharie

Pour la troisième année consécutive (après Le Périple et Caminando & Avlando), Ubus Théâtre reprend d’assaut le stationnement du Périscope avec son désormais célèbre autobus jaune.

Reconnus pour leurs spectacles dont la force réside dans l'art du théâtre d’images, de la marionnette et des objets miniatures, les concepteurs d'Ubus présentent cette fois une nouvelle création. Envolée ludique et poétique, laissant toute la place à des univers sublimés par la musique et le son, Le Piano à Voile est une véritable ode à la joie remplie de compassion devant les moments difficiles de la vie. Avec l'histoire d'un pianiste dont la musique s’est soudainement interrompue, le petit théâtre forain demeure fidèle à la force tranquille à laquelle il nous a habitué.

Par la fenêtre ouverte, il y a le jour, la nuit, le vent, une forêt enneigée et les rêves, désirs et délires d’un pianiste endormi. Il y a aussi un petit oiseau gris qui a perdu son chant et une rose empêtrée parmi les roses.


Section vidéo


Conseillers artistiques Gérard Bibeau, Josée Campanale
Musique originale composée et interprétée par Philippe Bachman
Environnement sonore Pascal Robitaille
Conception des marionnettes et accessoires Pierre Robitaille
Éclairages Henri-Louis Chalem
Décor Hugues Bernatchez
Photo Mario Villeneuve

Billet acheté en prévente : 22 $
Billet acheté une fois le spectacle en cours : 35 $
*Les taxes et frais de services sont inclus dans nos tarifs.

Production Ubus Théâtre, en coproduction avec La Comète, scène nationale de Châlon en Champagne


Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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Critique

Pour une troisième année consécutive, Ubus Théâtre stationne son autobus scolaire métamorphosé en théâtre mobile dans la cour du Théâtre Périscope pour présenter sa nouvelle création. Alors que la compagnie, reconnue pour ses spectacles mariant l’image, la marionnette et le théâtre d’objet, avait comme tradition de présenter en primeur ses nouveaux spectacles à Tadoussac durant l’été, les petits et grands spectateurs de Québec auront la chance d’être les premiers à assister à la pièce Le Piano à Voile, qui prendra ensuite la route vers la Côte-Nord jusqu’à Natashquan, avant de s’envoler vers la France.


Crédit photo : Mario Villeneuve

Louis Loiseau est un pianiste de talent. Mais sa passion est si dévorante que sa femme le quitte, emportant avec elle la petite Eva qui n’a pas encore 4 ans. Inconsolable, l’homme se rend chaque jour à la gare dans l’espoir de les voir revenir. Un matin, une petite fille vient à sa rencontre, traînant avec elle un oiseau en cage qu’elle a sauvé. Elle lui demande pourquoi il pleure, puis laisse l’oiseau s’envoler. Ce geste de liberté changera l’homme, qui replongera dans la musique. Maintenant vieux et malade, il se meurt dans un lit d’hôpital, pris en charge par une douce infirmière répondant étrangement au nom d’Eva. Ses souvenirs le hantent, comme un vent fou qui ne s’apaise pas, un vent qui lui vole partitions et instrument. Et durant tout ce temps, sa petite à lui aura imaginé qu’il était parti avec son piano, sur la lune, pour que tout le monde puisse entendre ses compositions…

Histoire de résilience et de transmission, de perte, de rémission, d’amour et d’espoir déchirés, Le Piano à Voile émeut lentement, mais profondément, alors que l’on plonge petit à petit dans ce conte douloureux. Contrairement à Caminando & Avlando, qui utilisait une multitude d’effets, d’écrans et de jeux de lumière pour raconter son histoire, l’action du Piano à Voile se concentre au centre de la petite scène, à l’avant de l’autobus. Bien installés et bien serrés, les spectateurs ne ratent aucun détail de la représentation, mais perdent (avec le plus grand des bonheurs) toute notion de temps et d’espace. Encore une fois, Ubus Théâtre nous transporte dans un autre monde, le sien ; la magie opère.

Si d’emblée la scénographie (Hugues Bernatchez) est concentrée en un seul endroit, elle n’est pas simple pour autant. Un miroir sans tain, qui permet une rétroprojection et un effet réfléchissant, est accroché à des rails au plafond, pouvant être amené ou retiré de l’aire de jeu. Sur cet écran « de fortune » sont projetés de magnifiques films d’animation dignes de courts métrages, sur lesquels on ajoute des jeux d’ombres chinoises. Un plateau, avec plusieurs assiettes rotatives, sert de petite scène ; tournent alors le pianiste sur son vélo, un train, une ville. Henri-Louis Chalem, de son côté, fait, dans cet espace exigu, de petites merveilles aux éclairages. Le tout donne un spectacle de marionnettes cinématographique d’une grande beauté et d’une poésie fantastique.

Côté marionnettes, conçues par Pierre Robitaille, aidé de Sonia Pagé et Vano Hotton, on retient celle de la tête d’un vieux professeur faisant la morale à la petite Eva, qui ne croit pas que son père soit sur la lune. Celle aussi du vieux pianiste, en résine d’époxy, au visage tout aussi neutre qu’attendrissant, manipulé avec douceur par Éric Leblanc, à la voix grave, rauque et si évocatrice. Simplement par celle-ci, on plonge dans le conte avec émotion. Agnès Zacharie, qui signe le texte et la mise en scène en compagnie d’Amélie Bergeron, apporte encore une fois une immense tendresse et une sensibilité palpable aux deux Eva, ainsi qu’aux autres personnages.

Qui dit pianiste, dit musique ; les jolies mélodies au piano sont signées par Philippe Bachman, directeur de La Comète, scène nationale de Châlons-en-Champagne, qui coproduit le spectacle. Évoquant possiblement du Debussy (sans en être), la trame musicale rappelle l’époque romantique, spécialement pour la berceuse d’Eva.

Monter à bord de l’autobus de l’Ubus Théâtre, c’est vivre de l’intérieur une histoire que le portera longtemps en nous. Le Piano à Voile ne fera pas exception : on se prendra à rêver au pianiste et à son piano droit, pleurant son affection pour sa femme ballerine, un amour aussi fragile que violent, et celui d’une tendresse infinie pour sa fille, son ange, qui s’est envolé loin de lui beaucoup, beaucoup trop tôt.

19-04-2017