29 novembre 2009, 20h
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Le boxeur : la fin d'un gros câlisse

Texte, mise en scène et interprétation : Patric Saucier

2009 : Après un récent passage en Europe, Patric Saucier promène sa pièce Le  Boxeur au Québec. Il sera à la salle Edwin-Bélanger de Montmagny, le  dimanche 29 novembre à 20 h

Un homme marche dans le Paris by night. Un gros cherche son chemin sous la pluie et sous la grisaille d’hiver. Égaré, il commet une seule erreur, celle de demander sa route à cette Parisienne. Perdu, il se rue sur ce regard de mépris qu’on lui a si souvent servi.

« J'ai fessé plus fort que j'imaginais parce que je m'étais jamais imaginé en train de fesser, en pleine gueule, en pleine rue, une inconnue. Faut croire que mes racines se sont finalement montrées plus fortes que mon désir de leur échapper : je suis devenu boxeur. »

Pièce en dix rounds qui retrace le parcours d’un gros, de son enfance à son emprisonnement. Un monologue dur sur les victoires et les défaites de sa différence. Des rencontres avec ses fantômes : de Mohammed Ali à son père qui souffre d’Alzheimer, de sa mère inondante à son frère noyé en passant par une pléthore d’autres détenus

Assistance à la mise en scène : Anne-Marie Jean
Scénographie : Vanessa Cadrin et Philippe Séguy

Une production du Théâtre du Transport en Commun

Salle Edwin-Bélanger
141, boulevard Taché Est, Montmagny
Billetterie : (418) 241-5799

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Dates antérieures

Premier Acte :
du 22 janvier au 9 février 2008
du 3 au 14 février 2009, 20h (représentation du 14 fév. à 15h)
Carte Prem1ère
Régulier : 24$
Abonnés : 12$
Dates Prem1ères : 6, 7, 13 et 14 février

Tournée 2009
Limoges mai 2009
Paris Mai-juin 2009
Jonquière octobre 2009
Thetford Mines novembre 2009
Montmagny novembre 2009

par Isabelle Girouard

Joué un an plus tôt, Le Boxeur nous revient sur les planches de Premier Acte pour deux semaines.  Cette toute première création du Théâtre du Transport en Commun est écrite, mise en scène et interprétée par un seul homme, Patric Saucier. À la manière d’un récit autobiographique, le personnage nous livre son histoire personnelle et pas très rose, de son enfance à son emprisonnement. De sa cellule, il revisitera les tableaux marquants de son vécu, dévoilant petit à petit ses blessures aux spectateurs attentifs.  Pendant cette longue confidence nous parviennent par bribes les évènements l’ayant forgé tel qu’il est maintenant, comme un collage d’émotions refoulées et parfois violentes. Le personnage du boxeur est sans doute la représentation typique du dur à cuire qui finit par faire naufrage…  celui-ci s’échouera dans cette petite cellule de prison.

Le spectateur sera gentiment invité dans un monde qui se veut un peu trash,mais qui comporte heureusement quelques moments de légèreté. Le texte est agréable à l’oreille : l’auteur paraît s’être amusé dans la création de jeux de langage, qui suggèrent un effet rythmé et vivant. Cette touche d’inventivité donnera le ton dominant à l’univers théâtral qui se dévoile sous nos yeux. Nous sommes ainsi facilement divertis par la façon dont le boxeur s’y prend pour se raconter, incarnant lui-même les différents personnages qu’il a connus, transformant les objets et l’espace qui l’entoure. Ces allez-retours entre passé et présent sont intelligemment livrés, et jamais on ne s’essouffle.  Cependant, le tout semble planer en surface : si le contenant est attrayant, le contenu l’est un peu moins. Il manque sans doute une dimension au personnage du boxeur, qui semble résolu dès les premiers moments dramatiques. Ce phénomène est probablement provoqué par la «psychologisation» extrême du personnage, qui est à mon avis plutôt réductrice.  L’auteur nous présente un homme trop facilement victime de lui-même, semblant vivre un drame qui en somme n’est pas si profond.

Un dernier mot, cette fois-ci sur la généreuse performance de Saucier.  S’il manque une certaine richesse au personnage, on se laisse toutefois aller à une réelle sympathie pour lui, qui ne peut qu’être renouvelée par le jeu du comédien.  Sa présence sur scène est constante et investie, ce qui est d’ailleurs essentiel pour rendre un monologue.

Si on ne ressort pas du Boxeur troublé ou transformé, du moins serons-nous bien divertis.

06-02-2009

par Yohan Marcotte

La nouvelle compagnie Le Théâtre du Transport en Commun, qui s’est donné le mandat de jouer les textes d’auteurs de la ville de Québec, présente sa première production à Premier Acte. Patric Saucier signe Le Boxeur ou La fin d’un gros câlisse qu’il présente comme un monologue théâtral. Il prend également en charge la mise en scène et l’interprétation de la pièce et il en résulte un spectacle dont les transports sont efficaces et sans prétention. Un spectacle touchant et intime qui laisse bonne place à la réminiscence. On y sent un vécu éprouvé, mais surtout on y retrouve une belle part d’imagination et de transposition permise par le talent de l’auteur qui a su éviter l’anecdotique et  les pièges de l’autofiction.

Le boxeur c’est avant tout un homme qui, bien que paré par sa carrure à recevoir les coups, il n’est pas moins sensible à ceux qu’on lui a donnés au cours de sa vie afin de le jauger. Malgré son apparence inébranlable et massive, les attaques qu’on lui réserve savent fissurer sa corpulence pour atteindre son cœur. Les violences, comme toutes choses qu’on répète, créent à l’usure des marques bien plus pernicieuses que les cicatrices qui peuvent laisser croire à une rémission des blessures…

Patric Saucier invite le public à une rencontre avec un personnage singulier. Le boxeur n’est pas un marginal, mais un homme qui, sous l’insistance des coups qu’on lui a donnés toute sa vie, s’est trouvé propulsé en marge de la société. Et c’est en prison que le personnage se trouve lorsqu’il nous conte son histoire en une sorte de monologue apparentant davantage aux contes urbains. C’est avec intérêt et parfois même enthousiasme que nous suivons les péripéties du personnage au parcours tortueux qui crée sa légende comme il peut. Évidemment, la vie d’un bouc émissaire est toujours semée d’embûches, ainsi le fond de l’histoire n’est pas réjouissant et malgré tout le personnage sait tirer le filon comique des événements qu’il relate. À ce sujet, il faut souligner le travail de Patric Saucier qui a su faire décoller du plancher des vaches une histoire grave qui aurait pu s’avérer bien lourde  si aucun égard n’avait été porté à la façon de transmettre ceci au public. C’est l’histoire d’un mal-aimé, personnage que l’interprète parvient à nous faire prendre en affection dans une économie de moyens. Cette parcimonie s’affirme à la fois de façon authentique, brutale et désarmante. C’est cet esprit que Patric Saucier à su enchevêtrer dans le texte et la mise en scène, qu’il parvient à communiquer avec vitalité et qui a une pleine force d’impact.

Mis à part l’histoire que le boxeur nous raconte, il y a toutes sortes de trouvailles de mise en scène qui n’ont rien de renversant, mais qui sont efficaces. Par le concours d’une même simplicité que celle avec laquelle la parole est communiquée, elles créent un ton cohérent à l’ensemble de la production et enrichissent et diversifient les possibilités du texte monologué. Par exemple, un personnage est suggéré en manipulant des objets entourant le boxeur dans sa cellule, soit un gant de boxe une serviette. Le but n’est pas tant d’impressionner le spectateur, mais de faire surgir, avec les moyens du bord, ce que le personnage éprouve comme des présences intangibles qui viennent hanter ses souvenirs.

Patric Saucier a su relever le défi de porter tous les masques de ce spectacle de création, ce qui n’est pas sans risque. Ce n’est pas pour ce tour de force qu’il faut voir Le Boxeur, mais pour faire la rencontre in extremis d’un personnage qui sombre et qui prend les mots au poing, se les faire sortir de la bouche pour ne pas finir étouffé par eux.

28-01-2008

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