Du 16 février au 6 mars 2010
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Barbe Bleue et la maison dans la forêt s'est allumée

Texte : création collective des Écornifleuses
Mise en scène Olivier Lépine
Interprétation : Marc Auger, Guillaume Boisbriand, Gabriel Fournier, Laurie-Eve Gagnon, Catherine Hughes, Marie-Hélène Lalande, Eliot Laprise, Joanie Lehoux, Édith Patenaude, Maxime Perron, Alexandrine Warren

Barbe Bleue, homme riche et inquiétant, marié à sept reprises et veuf autant de fois, cherche une nouvelle épouse. Une voisine éloignée le tente, mais elle le craint. Barbe Bleue l'invite, accompagnée de ses amis, à festoyer chez lui pour huit jours d'amusements ininterrompus, d'excès et de luxure. Le tourbillon des plaisirs enivre la belle jusqu'au mariage. Mais tandis que chacun est amolli par autant de débauche, l'impensable arrive : la porte est ouverte, la clé échappée, la désobéissance découverte, et l'horreur est commise par Barbe Bleue, enragé, devant les convives pétrifiés de terreur. Une nouvelle ronde peut être dansée, celle désarticulée des spectateurs du sordide, de ceux qui n'ont pas agi, pour passer de l'oppressante culpabilité à l'apaisante déresponsabilisation.

Après le succès de Cinq filles avec la même robe, les Écornifleuses invitent à nouveau le public à assister à une fête théâtrale. Les spectateurs sont conviés à participer aux festivités somptueuses organisées par Barbe Bleue : le temps d'une soirée, le théâtre prendra des allures d'événement où tous les plaisirs seront à votre portée.
Mais attention.
À la frontière de l'extase, l'angoisse se terre et attend son heure.

Carte Premières
Date Premières : 19, 20, 26, 27 février et 5, 6 mars 2010
Régulier 22$
Carte premières : 11$

Scénographie : Sébastien Dionne
Conception sonore : Philip Larouche
Conseiller scénographique : Harold Rhéaume

Une production Les Écornifleuses

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Odré Simard

Un groupe d’amis louent une maison en campagne pour une semaine complète afin de festoyer et de se reposer, bien loin des soucis de la vie quotidienne. Mais la maison n’est pas située dans n’importe quelle campagne, elle est sur une île brumeuse coupée de toute communication possible avec le monde extérieur. Emballés par le dépaysement, les jeunes gens vivent les premiers jours avec beaucoup de plaisir, puis le huis clos commence à peser lourdement sur leur humeur. Surtout que la présence du propriétaire sur l’île suscite beaucoup d’intérêt et d’émotions chez les nouveaux arrivants…

Après nous avoir présenté, l’an dernier à Premier Acte, Cinq filles avec la même robe, les Écornifleuses récidivent cette fois avec une création qui nous plonge dans un tout autre registre. Si leur première production célébrait les petits et grands malheurs de la féminité, nous sommes ici confrontés  à la faiblesse de l’humain. Avec le conte de Barbe Bleue comme point de départ pour la création, la troupe a défriché son propre chemin et nous a pondu un thriller théâtral qui sait nous tenir en haleine.

Si la première demi-heure de la pièce peut sembler banale, l’histoire qui se complexifie gagne finalement tout notre intérêt. Des thèmes bien profonds surgissent de l’œuvre, tels que la peur de l’étranger, le besoin viscéral de trouver un coupable, la violence ainsi que la solitude au beau milieu de la multitude.  Le huis clos vécu par le groupe nous montre une société déconstruite, rapiécée sur une île, avec des humains laissés à eux-mêmes qui doivent affronter des situations dépassant de loin leur quotidien. Nous y retrouvons quelque chose de l’œuvre maîtresse anglaise « lord of the flies », où peur et violence s’entrechoquent pour nous révéler le côté malsain et animal de l’être humain. Comme aucun personnage n’est nommé, il s’impose une distanciation face aux événements se déroulant devant nous. Mis à part l’écrivaine, nous ne savons pas du tout qui ils sont, ce qu’ils font; ce sont des humains qui semblent tout ce qu’il y a de plus « normaux». Lorsque nous les plongeons dans une situation qui anime leur imaginaire, la peur et l’angoisse s’emparent d’eux. L’alcool qui enivre rend les frontières poreuses entre la fiction, les interdits et la réalité, aussi dure soit-elle.

Olivier Lépine a dirigé une mise en scène au rythme très ordonné et intéressant, entouré d’un beau groupe composé de 11 acteurs et actrices. De très beaux effets de groupe sont réussis dans la narration, elle-même supportée par un texte considérablement bien fignolé. Le jeu est en général persuasif, mais il est parfois inégal, dû au niveau de langue incertain par moments. Par contre, le jeu convaincant de Gabriel Fournier dans le rôle du propriétaire de l’île, à la présence si inquiétante, est à souligner.

Une pièce très noire qui nous offre une tension écrasante près de deux heures durant. Il faut à priori apprécier le style, mais lorsque c’est le cas, il peut être dangereusement tentant de vouloir y retourner afin de suivre l’intrigue d’un œil nouveau!

21-02-2010

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