Hors-série
Du 1er au 12 septembre 2009, 20h
Dans la cour intérieure du Conservatoire d'art dramatique - 31 rue Mont-Carmel
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Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit

Texte de Fabrice Melquiot
Mise en scène : Steve Gagnon
Assistance mise en scène : Amélie Dubé
Interprète : Jean-Michel Déry, Eliot Laprise, Jean-Michel Girouard, Marianne Marceau, Claudianne Ruelland et Réjean Vallée

" IVAN : (…) Moi je ne veux pas qu'on me mette en terre, directement je veux dire, je veux du béton armé dans les murs de ma tombe, et de la faïence, les motifs arabes j'aime bien. Je veux qu'on allume des bougies, qu'on ne laissera jamais s'éteindre. "
Naples. Sombre. Fleuve. Belvédère. La nuit, ils détroussent les morts, ils se travestissent, ils se prostituent, ils fument des cigarettes, ils font l'amour dehors, sur les collines. Le jour, ils ont peur. Ils cherchent. L'amour. Des sensations. Sa femme morte. La Suisse. Une Cadillac avec Elvis dedans. Et ils font des rêves. Ils rêvent. C'est ça. Ils rêvent.
Dehors, les personnages prennent vie entourés des plus vieux remparts de la ville, desquels ils pourraient être prisonniers. Tout près, on a le fleuve qui contient ses lumières. En arrière-plan, une vieille église sur laquelle on a l'impression de pouvoir marcher, et des pierres. De la pierre. Des vestiges d'on ne sait quoi, mais qui nous indiquent que des gens sont passés par là et qu'il reste probablement, au milieu de ces pierres-là, des traces de doigts, de sang, de crachat, de bouche, de pieds, de sueur.
Nous ferons sortir des pierres, tout le mouvement qu'elles contiennent, toute cette volonté d'être propulsées ailleurs. Le public, mobile, est amené à le découvrir, intimement, dans une ambiance de nuit, de feu et de murmures.

Pièce en dix rounds qui retrace le parcours d’un gros, de son enfance à son emprisonnement. Un monologue dur sur les victoires et les défaites de sa différence. Des rencontres avec ses fantômes : de Mohammed Ali à son père qui souffre d’Alzheimer, de sa mère inondante à son frère noyé en passant par une pléthore d’autres détenus

Scénographie : Élyane Martel
Musique : Émilie Clepper

Carte Premières
Date Premières : 4, 5, 11, 12 septembre 2009
Régulier 22$
Carte premières : 11$

Une production Le Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Odré Simard

Au départ, on ne sait trop à quoi s’attendre en se présentant au parc qui borde le Conservatoire de la rue Mont-Carmel. De grands arbres ainsi que les dernières lueurs d’un soleil couchant nous ont accueillis chaleureusement en remplacement des habituels murs des théâtres de Québec. Présenter un spectacle à l’extérieur est une chose, mais réellement habiter un lieu avec une histoire comme nous l’offre Steve Gagnon et le Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline, en est une autre!

Ce spectacle, parrainé par Première Ovation et le théâtre Premier Acte, est une proposition tout à fait rafraichissante du texte de Fabrice Melquiot. La sobriété assumée de la mise en scène laisse allégrement le lieu prendre toute sa force poétique. Les éléments d’éclairages, de la lampe de poche aux faux lampadaires, viennent renforcer l’aspect réaliste de l’action qui se déroule devant nous. Pour ce qui est du son, la charmante Émilie Clepper accompagne notre parcours de sa guitare et de sa voix émouvante. Elle revisite en toute simplicité les classiques d’Elvis, référence phare qui revient tout au long de la pièce.  Dans un environnement aussi vivant et aussi vrai, il est possible, à certains moments, d’oublier que l’on assiste à du théâtre et de plonger plutôt en une véritable rencontre avec des brins d’humanité.

La proximité qui nous est offerte par le lieu nous plonge dans la fragilité incroyable des six personnages, nous projetant dans leur plus profonde intimité. Nous assistons, tels des voyeurs, à l’expiation de leurs plus profondes douleurs, là où l’amour frôle la mort, la perte de l’innocence côtoie la trahison, la solitude et la perte de repères. Les images se mélangent, amenant devant nous une mariée enceinte et en deuil  riant dans un cimetière, un père qui se prostitue dans les vêtements de son ex-épouse… Des êtres qui rêvent, qui espèrent le retour de l’aube après cette nuit sans fin où le temps semble s’être suspendu pour nous exposer leur histoire malgré leur futur avorté.

Les six interprètes ont admirablement bien relevé ce défi de proximité avec le public, même qu’on leur pardonnera à certains moments des problèmes de projection, rendant la parole encore plus fragile, plus près de nous. La pièce étant très dense au niveau de la douleur et du mal-être des personnages, on remerciera Steve Gagnon pour la finale dorée permettant l’espoir de poindre malgré tout.  

03-09-2009

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