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Du 15 au 26 mars 2011
La mélodie entre la vie et la mort
Texte et mise en scène Jocelyn Pelletier
Avec Gabriel Fournier, Joanie Lehoux et Jean-René Moisan

Un jeune couple en crise, Hank et Félicité, tente d’aller recoller les morceaux dans une maison retirée en forêt. C’est un point de non-retour pour le couple, une dernière chance. Dans cette forêt maudite se trouve un homme étrange et hostile, Mark, qui viendra faire exploser ce qui reste de leur fragile union en ayant une relation pour le moins dérangeante avec Félicité. Dans ce triangle amoureux malsain, et avec une horreur grandissante, chacun sera poussé dans ses derniers retranchements. C’est un spectacle où, malheureusement pour les protagonistes, il n’y a pas d’issues. C’est à un huis clos minimaliste qui flirte avec l’horreur et le fantastique que nous vous invitons...

Une expérience déroutante où le théâtre se conjugue parfaitement avec la musique électronique live.

La mélodie entre la vie et la mort se veut un spectacle hypnotique et audacieux où les repères des spectateurs sont constamment ébranlés: une salle de spectacle complètement enveloppée par une scénographie visuelle et sonore, une musique agissant comme une architecture, omniprésente et plongeant le spectateur au cœur de cette forêt maudite.

Assistance mise en scène Rachel Lapointe
Conception scénographie, costumes, éclairages Dominic Thibault 
Musique Pascal Asselin/Milimetrik

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 18-19-25-26 mars 2011
Régulier 26$
Carte premières : 13$

Une création du Sushi (poisse/son/mort)

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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 Critique
Critique
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par Odré Simard

Après la plus récente pièce présentée à Premier Acte, soit 6h30 du Projet Un, on prend un virage complètement opposé avec la compagnie Sushi (poisse/son/mort). On quitte le quotidien et l’ultra ordinaire pour atteindre les émotions les plus vives, l’horreur la plus déchirante possible. La mise en scène de Jocelyn Pelletier cherche à confronter, à déboussoler, à ébranler. Une recherche claire qui tente d’aller au bout de ce qu’elle trouvera, peu importe ce que ce sera.

Hank et Félicité, un couple au bord de l’abîme, se retrouvent en forêt pour tenter de rafistoler leurs cœurs et leurs corps. Une violence inouïe les habite, une horreur plus grande qu’eux les pousse à s’isoler et à se refermer toujours plus sur leur néant intime. Félicité continue sa destruction en offrant son corps à Mark, l’amant mystérieux et agressif qui rôde dans la forêt.

La faiblesse majeure de cette pièce est sans aucun doute le manque de contraste ou de nuances. À trop se plonger dans le mal de l’être et l’horreur des personnages, on s’y habitue et on perd trop vite les repères qui pourraient être véritablement ébranlés. Tout est si lourd et violent sans arrêt que l’on en vient à ne plus être surpris et, même, à trouver cela prévisible. Le spectateur se retrouve alors avec une grande difficulté à entrer en contact avec les personnages et à s’attacher à eux, comme si leur perte d’humanité était si grande qu’il est impossible de s’y reconnaître. On finit donc par regarder la pièce de façon contemplative, appréciant l’esthétique et l’intensité sur scène, mais de façon détachée.

L’ambiance sonore est très efficace dans l’objectif souhaité, nous enveloppant dans une lourdeur hypnotique qui finit malheureusement, là aussi, par être quelque peu répétitive. Milimetrik possède par contre une sensibilité très fertile pour joindre sa musique à l’univers théâtral et on souhaite ardemment continuer à renouer avec son univers musical sur les diverses scènes de Québec. La scénographie est aussi très intéressante dans ses lignes franches et épurées. La forêt suggérée par de simples planches à la verticale est très efficace, ainsi que les vitres-miroir venant ébranler nos perceptions de la réalité, mélangeant les espaces selon le désir des personnages.

Johanie Lehoux et Jean-René Moisan nous offrent un jeu généreux. Ils se livrent sans censure à ce jeu de violence et d’intensité. Par contre, Gabriel Fournier a apparemment été dirigé de manière à ne voir poindre aucune nuance dans le rôle de l’homme des bois mystérieux et violent, rôle devenant à certains moments près de la caricature. De plus, ce rôle semblait presque une reprise de celui qu’il tenait dans Barbe bleue, pièce présentée l’an dernier à Premier Acte. Ceci est très dommage, puisqu’il s’agit d’un acteur avec un potentiel très riche, ici sous-utilisé.

Un petit détail dérangeant au niveau des personnages ; il est louable que Jocelyn Pelletier ait souhaité choisir des noms peu communs tels que Hank et Félicité, mais le nom de Mark, prononcé à l’anglaise, au lieu de Marc tout simplement, reste discutable, puisqu’aucune référence n’est proposée pour expliquer les origines du personnage, alors que toute la pièce est du style québécois.

On sent un style bien particulier pour la première mise en scène de Jocelyn Pelletier.  Si ce style gagne en nuances et en maturité, elle sera assurément prometteuse. Il y avait de l’émotion et de l’énergie à revendre sur scène, mais, pour l’instant, cela n’a peut-être pas traversé le mur du public comme l’eut souhaité son créateur.

24-03-2011

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