Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 10 au 28 janvier 2012, 20h, 28 janvier 15h
LoinLoin
Texte collectif
Conception, mise en scène et interprétation : Thomas Gionet, Jeanne-Gionet Lavigne, Lucien Ratio, Jean-François Labbé, Alexandre Thériault, Hugo Lamarre, Éliot Laprise et Jonathan Gagnon

Loin, c'est aller au plus loin de soi, vers ce qui est aussi soi-même et les autres, à la fois ici, ailleurs, partout et nulle part, vers les vestiaires de l'enfance, des pays imaginaires, rêvés, vers l'avenir qui approche, qui attire. Loin, c'est un état, un moment, un lieu, une idée, un espace, une mesure. Loin, c'est quand on n'est plus ici, mais en même temps là, c'est quand on veut se déplacer vers ce qui nous est propre, partir, découvrir, voyager, connaître, raconter. C'est quand on veut, on peut, ou désire rencontrer l'autre, là-bas, lui ramener un bout soi-même, repartir avec des fragments de lui, de ses gens, de ses sens. Loin, c'est demain, hier, et c'est parfois même et souvent aujourd'hui, toujours, jamais. Loin, c'est penser, regarder, ouvrir, déplacer. C'est témoigner, archiver, rendre compte, faire des ponts, des points, refaire un monde, un pays, un continent, ses rives, ses frontières, ses continents. Loin, c'est une envie de crier, de porter, d'exprimer, de défendre, de naître, de vivre, de mourir.

Loin, ce sont des gens qui vont et viennent, qui partent, qui arrivent, c'est le récit d'un homme qui part, qui fuit, qui va, qui découvre, qui apprend, qui trouve. C'est une histoire d'amour et de deuil, de perte et de peine, c'est aussi une quête, une odyssée, un combat, une aventure. Loin, ce sont des gens en fuite, en choc de culture, qui vont au plus loin d'eux-mêmes, au plus profond de la vie, de leur vie. C'est le récit d'une existence morcelée, battue, perdue, retrouvée, au milieu d'une terre qui s'ouvre, qui souffre, qui saigne, qui éclate, qui s'épand et qui s'éprend. Loin, loin, loin, loin.


Musique Alex Thériault
Accessoires Daphnée Boivin
Scénographie Jeff Labbé

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 13, 14, 20, 21, 27 et 28 janvier 2012
Régulier : 26$
Carte premières : 13$

Une production Théâtre du Hareng Rouge


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

Youtube Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Chloé Legault


Crédit photo : Cath Langlois photographe

Présentée du 10 au 28 janvier 2012 au théâtre Premier Acte, la trilogie Loin, écrite par Thomas Gionet-Lavigne et Hugo Lamarre, s’articule autour du fameux réalisateur Alfred Hitchcock. Ce spectacle, d’une durée approximative de quatre heures (avec deux entractes), amalgame théâtre et cinéma avec justesse et sans flafla. Les pièces de cette trilogie sont plutôt minimalistes ; des décors et des costumes à la fois simples et réalistes et un jeu net qui s’apparente davantage au cinéma qu’au théâtre les caractérisent bien. De plus, la salle de spectacle est en quelque sorte métamorphosée en vieille salle de cinéma : la scène est encadrée par des murs sur lesquels sont accrochés deux lampes et se trouve, au fond de la scène, un immense tissu blanc, imitant un écran, bien qu’aucune vidéo n’y soit projetée, que des jeux d’éclairage. Loin permet au spectateur d’assister à trois courtes pièces de théâtre, toutes différentes les unes des autres, qui le plonge, de près ou de loin, dans l’univers du maître du suspense, de celui qui croyait fortement en l’importance d’être de connivence avec le spectateur (ce que n’ont visiblement pas oublié Gionet-Lavigne et Lamarre).

La première pièce, titrée Alfred, met en scène un homme que l’on devine être Hitchcock. Toutefois, il ne s’agit pas encore du grand réalisateur chevronné, mais plutôt du jeune garçon, un peu étrange, qui cherche sa voie. Son cahier de notes n’est jamais loin et il y consigne précieusement ses observations, ses idées et ses réflexions, cahier qui deviendra une énigme, un mystère à élucider, Loin. Différent des autres, Alfred se tient à l’écart et observe, ce qui ne manque pas de lui causer des ennuis. Terrorisée par les ragots et les rumeurs du village, la mère du jeune garçon fera appel à son frère, lui aussi prénommé Alfred. Ce dernier accepte de prendre son neveu sous son aile et le guidera, l’aidera à trouver son chemin dans la vie. Une complicité se développe rapidement entre les deux Alfred, qui sont d’ailleurs le miroir l’un de l’autre. Au cours de cette pièce, le spectateur assiste à la naissance de celui qui deviendra un grand réalisateur.

La deuxième pièce, Matthias, aborde l’histoire d’un réalisateur de cinéma expérimental, qui, de passage dans un festival où il présente un film, ainsi qu’une installation inspirée par Hitchcock, intitulée Loin, tombe amoureux pour la première fois. Habitué à multiplier les conquêtes, il a du mal à gérer ses émotions. Encore ici, le titre de la pièce laisse deviner le nom du personnage principal, Matthias, en référence à Matthias Müller, artiste allemand, plasticien et réalisateur.

La troisième pièce, et non la moindre, s’intitule David. Il s’agit en quelque sorte d’un huis clos : deux personnages, Madeleine et David, se retrouvent dans le salon de celui-ci, où Madeleine doit passer une audition pour décrocher un rôle dans le prochain film, Loin, du célèbre réalisateur (ici, David fait référence à David Lynch, réalisateur à qui nous devons, entre autres, Elephant Man). Une histoire en apparence simple, mais qui se complexifie et qui entretient un léger suspens jusqu’à la fin.

Les trois pièces qui constituent la trilogie Loin présentent plusieurs similitudes, en plus d’être toutes liées à l’univers du cinéma et plus spécifiquement à celui d’Alfred Hitchcock. Des effets de miroirs entre les personnages d’une même pièce sont perceptibles dans Alfred, Matthias et David. De plus, chaque pièce est ponctuée par des répliques qui reviennent à plusieurs reprises, comme un refrain. Bien que les personnages principaux soient inspirés par de vrais cinéastes, les histoires qui sont jouées ne se veulent pas biographiques, mais imaginaires. Enfin, le suspense façon Hitchcock flotte dans l’air tout au long du spectacle, sans devenir trop lourd, il garde le spectateur en haleine.  Avec Loin, le Théâtre Hareng rouge nous convie à une belle soirée!

12-01-2012