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Du 4 au 8 mars 2014, supplémentaire 8 mars 20h
Le chant du dire-direLe chant du dire-dire
Texte : Daniel Danis
Mise en scène : Marc Béland
Avec Marie-France Bédard, Guillaume Regaudie, Yves-Antoine Rivest et Louis-Philippe Tremblay

Leurs parents emportés par un ouragan, Rock, William et Fred-Gilles sont terrés dans leur maison au fond des bois, accompagnés par la douleur muette de leur soeur Noéma. Avec la mise en scène efficace et authentique de Marc Béland (Douze hommes rapaillés, Hamlet), gageons que Le chant du Dire-Dire vous frappera comme le tonnerre !

Après l’engouement critique et populaire de ce spectacle présenté en 2012 à Montréal, le Mimésis transporte cette oeuvre internationale de Daniel Danis au coeur d’une ancienne église, à Québec ! Par le moyen d’une installation simple et immersive, le spectateur est invité à plonger dans ce drame familial aux allures de conte de village où la poésie unique des Durant frappe l’esprit autant que le coeur.


Assistance à la mise en scène : Sounia Balha
Scènographie et costumes: Cédric Lord
Éclairages : Anne-Marie Rodrigue-Lecours
Conception sonore : Alexis Raynault
Organiste : À confirmer

Une production Théâtre le Mimésis


Premier Acte - La pièce sera jouée à La Nef (église Notre Dame de Jacques-Cartier) 190, rue St-Joseph Est, à Québec
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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Dates antérieures (entre autres)

Du 26 septembre au 20 octobre 2012, Église de l'Immaculée-Conception, Montréal

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Hugo B. Lefort

Depuis sa fondation, la troupe du Mimésis aime les expériences singulières et casse-gueule. Après une relecture réussie du Chemin des Passes-Dangereuses de Michel-Marc Bouchard,  elle revient à la charge avec le Chant du Dire-Dire, une production risquée et imparfaite, mais engageante.

Écrite dans les années 1990 par le prolifique Daniel Danis (Terre Océane, Cendres de cailloux), la pièce raconte l’histoire de trois frères, Roch, William et Fred-Gilles, qui vivent dans une cabane après la mort de leurs parents adoptifs un soir d’orage. Les protagonistes ont hérité d’un objet insolite : une sorte de cornet en cuivre où à tour de rôle chacun des membres de la petite tribu crache ses douleurs et espoirs. Ils refusent toute autre présence humaine dans leur univers qualifié par eux de «société d’amour». Partie conquérir le monde comme chanteuse, leur sœur Noéma revient dans un état de coma végétatif. Elle ne bouge plus, ne parle plus. Pendant 90 minutes, ses trois frangins tenteront l’impossible pour la ramener à la vie.

D’une trame narrative qui aurait certainement plu à Tennessee Williams, le dramaturge québécois a brodé une écriture métaphorique à la langue oscillant entre la poésie lyrique et certaines tournures quotidiennes. S’exprimant parfois à la première personne, parfois à la troisième personne, les personnages racontent l’histoire en étant à la fois plongés dans leurs drames sordides et extérieurs aux actions décrites. Le public se retrouve davantage dans un théâtre du récit qu’un théâtre du mimétisme. Il s’agit d’une œuvre costaude et riche de sens et de lectures possibles, susceptible d’en rebuter certains par sa densité.

Pour porter cette parole haut et fort dans le chœur de l’église de l’Immaculée-Conception, située au coin des rues Papineau et Rachel, les trois interprètes masculins relèvent brillamment le défi. Guillaume Regaudie, Louis-Philippe Tremblay et Yves-Antoine Rivest sont à la fois très justes et très imprégnés de leurs rôles de trois hommes blessés vivant en autarcie dans un cocon qui prend au fur et à mesure des allures de prisons intellectuelles et socioaffectives. En grande partie, le succès de cette aventure inusitée leur revient.

La volonté de la jeune compagnie de sortir des lieux traditionnels théâtraux demeure intéressante et intrigante. Le choix d’une église pour nourrir un texte aux accents symboliques et apporter à une dimension sacrée à leur démarche se défend bien. Par contre, un lieu aussi grand empêche le propos d’atteindre son plein potentiel dramatique. Les voix des acteurs se perdent à l’occasion dans l’écho, alors que certaines répliques exigent une sorte de chuchotement plutôt que la déclamation produite par les circonstances. Les premières scènes souffrent légèrement de ce débalancement, mais les choses se réajustent par la suite. Certains passages se démarquent par leur harmonie entre intensité et recueillement. La présence de la musique d’orgue, composée par Alexis Raynault et interprétée par Christophe Gauthier, apporte une dimension grave et sensible au propos inutilement ampoulé par moment.

Comédien à la feuille de route remarquable, Marc Béland s’illustre également ces dernières années par ses mises en scène rigoureuses qui n’hésitent pas à rendre éclairantes des pièces sombres et complexes. Son travail sur l’œuvre de Daniel Danis déçoit en comparaison avec ses brillantes réalisations précédentes. Mentionnons sa relecture extrêmement stimulante d’Hamlet de Shakespeare au TNM ou encore sa mise en espace de la version scénique des Douze hommes rapaillés d’après les poèmes de Gaston Miron. Pour la présente production, sa réappropriation de l’univers «danisien» tend parfois à la surenchère et à la multiplication des effets inutiles. Heureusement, les moments les plus dépouillés révèlent le meilleur de sa signature.

Par leur inclinaison au répertoire contemporain ardu, le Théâtre du Mimésis sait transmettre la fougue et l’énergie pour exprimer ce Chant du Dire-Dire avec un certain éclat.

09--2012