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Du 8 au 26 avril 2014
Trick or TreatTrick or Treat
Texte : Jean-Marc Dalpé
Mise en scène : Olivia Palacci
Avec Jean-Denis Beaudoin, Maxime Beauregard-Martin, Jacques Leblanc, Simon Lepage, Patric Saucier

Ben : Une balle. Six chances. Comme à roulette russe. Sauf…

Cracked : Sauf…

Ben : Sauf on est quand même un peu moins fous que les tabarnak de Russes. On est pas là pour se blower la tête en mille morceaux.

Ça se passe à la fête des Mères, le jour de la fête du Canada, le soir de l’Halloween. Dans l’aile psychiatrique d’un hôpital, dans un café-bar crasseux ou dans l’arrière-boutique d’un commerce louche. Cinq hommes y sont prêts à tout pour échapper au malheur dans lequel ils ont été plongés.

Pour sa première production, la Bête noire s’attaque à Trick or treat, un suspense poétique sur l’engrenage irréversible de la misère humaine. Où les mots sales et souillés de Jean-Marc Dalpé font autant surgir le danger que l’humour noir et la poésie.

Trick or treat est un conte cru et moderne, où la force, l’autorité et le pouvoir passent de main en main. Comme un revolver que l’on s’échange.


Scènographie : Karine Mecteau Bouchard
Éclairages : Jean-François Labbé
Conception vidéo : Eliot Laprise

Production La Bête noire


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Cathy Lessard

Pour sa première production, la compagne théâtrale La Bête noire frappe un grand coup en reprenant le texte audacieux de Jean Marc Dalpé, Trick or Treat. La pièce, au titre enfantin faisant référence à la fête d’Halloween, est loin d’être un conte à l’eau de rose.

La première heure, au rythme soutenu, met en scène plusieurs actes permettant de mieux comprendre la vie de chaque personnage. Au début, il est plutôt difficile de savoir où cela va nous mener. On fait la connaissance de Mike, un adolescent de 15 ans, souffrant de l’absence de son père et de l’intimidation de ses pairs. On rencontre Crack, un jeune drogué lourdement affecté par la maladie mentale de sa mère ainsi que Ben, vieux mafieux et fils d’un immigrant polonais.

Il s’ensuit une rencontre entre les trois hommes, une scène centrale se déroulant à l’Halloween, où Mike est prêt à tout pour se procurer une arme, qu’il désire acheter à Ben. Les dialogues deviennent parfois lourds, presque étouffants, et tournent un peu trop autour du pot ; pourtant, on apprécie le lien père-fils entre Crack et Ben et la tension palpable entre les trois protagonistes.  

Le personnage de Crack est à la fois fou, attachant et dérangeant. On ne peut que saluer la performance du comédien Jean-Denis Beaudoin. L’intensité avec laquelle il joue son personnage est déconcertante.

Autre bon coup à souligner, La Bête noire a aussi réussi à convaincre le directeur du Théâtre de la Bordée, Jacques Leblanc, d’interpréter le personnage de Ben. Le comédien démontre toute son expérience dans un rôle assez loin de ce qu’il joue généralement. Sa vulgarité et ses mimiques le rendent détestable, mais l’effet recherché est atteint.

Derrière le duo électrisant formé par Jacques Leblanc et Jean-Denis Beaudoin, on retrouve Maxime Beauregard-Martin qui tente de se démarquer sous les traits de Mike. Il est toujours difficile pour un adulte de réussir à bien camper un personnage d’adolescent. Dans le cas présent, le jeu est bon et juste, mais demeure malheureusement dans l’ombre de ses deux comparses.

Le décor, formé de téléviseurs, appuie visuellement plusieurs scènes, mais permet aussi d’amener beaucoup d’images poétiques et évocatrices. Les transitions donnent la chance à chaque personnage, même les plus secondaires, de dire des phrases poétiques, bibliques et touchantes devant des images fragmentées et décomposées projetées dans les écrans. Ces moments permettent au public de prendre une pause et de s’interroger sur ce qu’il vient de voir.

Trick or Treat, malgré ses quelques longueurs, termine en beauté la saison 2013-2014 du théâtre Premier Acte. On a déjà hâte à la saison prochaine.

10-04-2014