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Du 18 novembre au 6 décembre 2014
EnfantsMes enfants n'ont pas peur du noir
Texte Jean-Denis Beaudoin
Mise en scène Édith Patenaude
Avec Jean-Denis Beaudoin, Maxime Beauregard, Lise Castonguay, Laurie-Ève Gagnon, Nicolas Létourneau et Jocelyn Pelletier

« J’ai fait un rêve étrange. J’étais fou de rage. J’avais plus de contrôle sur rien. C’est flou dans ma tête. Je me souviens surtout que je contrôlais plus mon corps. Je voyais ma mère, mon père aussi était là, ils comprenaient pas ce qui se passait. Tout était lent, je me souviens que tout allait lentement. Chaque geste que je faisais était au ralenti. Je me souviens pas de tout. Juste quelques images. En fait, je me souviens que je regardais ma main. J’avais une fixation sur ma main. Je pouvais pas arrêter de la regarder. Elle se promenait de haut en bas, le poing serré, et je la regardais. Y avait ma mère, mon père qui comprenait pas ce qui se passait, y avait ma main qui volait dans les airs de haut en bas et y avait mon frère, le visage en sang, étendu par terre. »

Joe ne dort plus. Ça fait dix-sept jours que Joe n’a pas fermé les yeux. Dix-sept jours que tout s’effondre.

Son monde se noie dans l’amertume, la jalousie, la violence. Joe a envie de vomir.

Dans les heures de solitude et d’insomnie, l’idée de vengeance se transforme en folie. Les yeux ne se ferment plus et l’esprit s’assèche tranquillement. Joe doit partir avant que la tragédie n’arrive.

Le trou est profond, la bouche remplie de terre. La tombe est creusée.

Mes enfants n’ont pas peur du noir est un texte à l’humour noir cinglant, un texte brutal et inquiétant qui s’inspire du conte pour enfants. Cette fois, le conteur ne veut pas se coucher et personne ne fermera les yeux tant que l’histoire ne sera pas terminée…


Section vidéo


Scènographie : Karine Mecteau Bouchard
Éclairage : Jeff Labbé
Conception musicale et sonore : UBERKO

Une production La Bête noire


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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Dates antérieures (entre autres)

2 juin 2014, Chantiers Carrefour

 
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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : Cath Langlois Photographe

Les productions La Bête noire présente au théâtre Premier Acte le tout premier texte de Jean-Denis Beaudoin, Mes enfants n'ont pas peur du noir, librement inspiré du conte populaire des frères Grimm, Hansel et Gretel. Le jeune auteur et acteur, fraîchement diplômé du Conservatoire de musique et d'art dramatique de Québec, signe ici une première pièce sombre qui met en scène le réel et le surnaturel dans une histoire mystérieuse qui se situe entre le thriller et l'horreur.

La pièce met en scène Joe et Sam, deux frères qui vivent isolés au fond des bois, seuls avec leur mère. Elle, un peu folle et incapable de se remettre de la disparition de son mari survenue plusieurs années plus tôt, passe ses journées à boire devant la télé, au beau milieu de ses deux fils qui ne cessent de se disputer. Joe et Sam ont une relation amour-haine destructrice qui met en péril la sécurité de leur nid familial et plusieurs événements passés portent à croire que Joe est une bombe à retardement de violence qui pourrait exploser à tout moment. L'arrivée de Sara, la copine de Joe, en visite pour un mois, chamboulera pour toujours le fragile équilibre de la petite famille.  

D’abord, soulignons le jeu de tous les acteurs. Jean-Denis Beaudoin offre une performance remarquable, empreinte d'une douce folie justement dosée. Jocelyn Pelletier joue un Sam intense et manipulateur qu'on aime détester et Lise Castonguay, de son côté, est simplement superbe dans le rôle de la mère ; son jeu est d'un naturel épatant. Les dialogues écrits par Beaudoin sont agréablement bien ficelés. Écrit dans une langue crue populaire, très proche de notre langage courant, le texte coule bien et les acteurs semblent se l'être approprié avec aisance et plaisir. L'histoire aurait cependant gagné à  éviter certains clichés dans sa narration. Par exemple, lorsqu’on apprend qui est réellement Will, le personnage peu bavard présent depuis le début de la pièce, l'effet de surprise tombe à plat. La finale, quant à elle, est banale et très prévisible et les scènes de batailles entre les deux frères sont plus ou moins réalistes et gagneraient à être retravaillées.

La scénographie élaborée par Jeff Labbé, constituée de madriers qui représentent les arbres d'une forêt, réussit grâce, entre autres, aux jeux de lumière et d'ombrages, à créer une réelle impression de forêt et contribue à l'atmosphère glauque et inquiétante de la pièce. Le travail d'Édith Patenaude à la mise en scène est admirable et navigue habilement entre le côté réaliste et fictif de la pièce. L'utilisation de la cigarette par le personnage de Sam tout au long du spectacle semble toutefois accessoire, surtout dans une petite salle plus ou moins aérée comme celle de Premier Acte. La scène et les gradins se sont vite remplis de fumée, laissant les spectateurs avec une désagréable et irritante fumée secondaire ambiante durant toute la pièce.

Mes enfants n'ont pas peur du noir est une pièce divertissante qui s'avère très prometteuse pour l'avenir du jeune auteur Jean-Denis Beaudoin. 

24-11-2014