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Du 15 mars au 2 avril 2016
Architecture du printemps
Texte, mise en scène et interprétation Olivier Lépine

En 1888, alors qu’il atteint la mi-trentaine et est installé dans le Sud de la France depuis peu, Vincent Van Gogh, souffrant d’accès de folie passagers et de profonde solitude, est admis à l’hôpital à la suite d’une pétition populaire et de la recommandation d’un médecin demandant l’internement du peintre pour hallucinations auditives et visuelles.

En 2012, Vincent, dans la mi-trentaine et jeune documentariste de la Ville de Québec, voit son monde basculer à la suite d’une rupture amoureuse. Il se réfugie dans la solitude, les arts et la réalisation d’un documentaire sur le Printemps québécois. Dans sa tête et son coeur, le bruit des casseroles n’arrête jamais.

En 2013, Paul, dans la mi-trentaine et policier de la Ville de Québec, se retrouve devant le comité de déontologie pour abus de pouvoir et manque de discernement lors d’arrestations qu’il a effectuées pendant la crise étudiante du printemps précédent. Perturbé, il vacille. Son monde bascule et ses convictions tanguent.

En 2015, dans le cadre du 125e anniversaire de la mort de Van Gogh, ces trois hommes se retrouveront, par hasard (ou pas), et envisageront ensemble un nouveau printemps de leur vie.

Sur fond de mouvement social, de tournesols, d’archives québécoises et hollandaises, la compagnie Portrait-Robot vous racontera leurs histoires.

Un spectacle vécu comme une célébration de la vie, du pardon, de l’amour, des naissances, des renaissances et des nouveaux bourgeons.

Parce que même quand l’hiver est long et féroce, le printemps finit toujours par arriver.


Section vidéo


Créateurs et concepteurs Josué Beaucage, Philippe Lessard Drolet, Sara Lazzaroni, Julie Lévesque, Annabelle Pelletier-Legros, Maxime Perron et Alexandra Royer

Une production Portrait-Robot


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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Critique

« Un oiseau en cage au printemps sait fortement bien qu'il y a quelque chose à quoi il serait bon, il sent fortement bien qu'il y a quelque chose à faire, mais il ne peut le faire, qu'est-ce que c'est ? Il ne se le rappelle pas bien, puis il a des idées vagues, et se dit "les autres font leurs nids et font leurs petits et élèvent la couvée", puis il se cogne le crâne contre les barreaux de la cage. Et puis la cage reste là et l'oiseau est fou de douleur. »
- V. Van Gogh, correspondances


Crédit photo : Cath Langlois Photographe

Seul sur la scène de Premier Acte, Olivier Lépine (metteur en scène, entre autres, de Femme non-rééducable / Anna P., Vertiges et Coronado) défend ces jours-ci son plus récent texte, Architecture du printemps. Se déroulant durant et après les manifestations étudiantes et sociales qui ont secoué le Québec en 2012, la pièce peint par mouvements progressifs l’histoire de Vincent, jeune documentariste aux prises avec une peine d’amour insurmontable. Son besoin inéluctable de solitude chasse ses amis, mais la grogne à l’extérieur et l’Histoire qui se dessine dans les rues lui ordonnent de ressortir sa caméra. Par un hasard postal, le musée Van Gogh d’Amsterdam le convaincra de venir tourner un documentaire sur le célèbre peintre : la rencontre entre les deux Vincent sera salvatrice.

Architecture du printemps est une pièce sur la libération de soi, sur la délivrance d’une souffrance qui empêche de respirer convenablement. Si la pièce aborde le Printemps érable, elle ne se targue pas d’en faire l’apologie ou de l’accuser inutilement ; l’événement agit ici comme prétexte pour sortir le personnage de sa léthargie et l’ancrer dans l’espace-temps. Par contre, Architecture se penche, avec un plaisir non dissimulé et totalement assumé, sur la vie de Vincent Van Gogh et les lettres qu’il a échangé avec son frère Théo, nous faisant découvrir des pans plutôt méconnus de la vie du peintre à l’oreille coupée.


Crédit photo : Cath Langlois photographe

La scénographie de Julie Lévesque, au premier coup d’œil assez simple, fait de petits miracles. Les planches de bois au sol donnent autant une sensation rustique que moderne ; les bandes élastiques verticales qui ferment l’arrière-scène permettent la sortie ou l’entrée du comédien et font office d'écran pour plusieurs superbes projections, dont des peintures archi-connues du maître, quelques images des manifestations à Québec ou de champs du Midi, donnant un réel sentiment d’immersion. Trois cubes de bois, fermés sur quatre côtés, permettent de créer chaises, tables, comptoir ; les dossiers, des plaques de bois qui se retirent aisément, deviennent, entre autres, des tableaux. On passe de l’appartement ou du musée, aéré, à l’exiguïté d’un avion et d’un train, en quelques mouvements de caisses. La pièce baigne dans une lumière de Philippe Lessard-Drolet, inspirée des Tournesols ou des Nuit étoilée sur le Rhône, et dans un environnement musical signé Josué Beaucage, dont quelques airs rappellent vaguement Half Moon Run.

La mise en scène s’avère malheureusement trop linéaire par moment, particulièrement durant le premier tiers du spectacle, causé principalement par une trame narrative sans réelle intrigue ou rebondissement. L’apparition d’autres personnages, dont un policier en première ligne lors des manifestations (un personnage intéressant, qui perd malheureusement de son importance et de son intérêt lors de la représentation), le muséologue néerlandais Vim ou le paysan provençal, viennent heureusement altérer le rythme de la représentation. Si le ton est relativement dramatique, une scène se passant dans un coffee shop amstellodamois redonne vie à la pièce et fait franchement rigoler, juste avant un intense trip dû à la drogue inhalée. Le texte, sans soulever les foules, intrigue, mais s’étire longuement, proposant - voire imposant - quelques scènes inutiles pour la compréhension de la pièce, dont un retour dans le coffee shop pour réinterpréter la scène selon le point de vue d’un autre protagoniste. La plus grande force du spectacle réside dans le jeu d’Olivier Lépine, qui porte à bout de bras ce récit doux-amer.

Architecture du printemps propose quelques belles idées, dont de superbes visuellement, mais s’avère sans aspérités, à la finale poétiquement forcée. Heureusement, la passion pour Van Gogh, ses couleurs et ses mots viennent à la rescousse du personnage de Vincent… et de l’auditoire.

16-03-2016