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Du 1er au 5 novembre 2016, 20h, dernier samedi 15h
Envies
18 ans et +
Texte Samantha Clavet
Mise en scène Patric Saucier
Avec Catherine Simard, Samantha Clavet

On a tous des envies. Tout le monde. Mais quand on ne les refoule pas, on les cache, ou du moins, on n’en parle pas. 

Catherine, elle, en parle.

Pas des siennes. Non. Elle parle des envies, des désirs, des pulsions de ses clients. Ou plutôt, des clients de Stacy, le personnage qu’elle incarne, le soir venu, pour aller soulager les pauvres hommes en manque de sexe qui ne peuvent recevoir de chaleur humaine qu’en payant pour en avoir.

« Dans l’sexe, y a deux genres de personnes : y a ceux qui sont pareils à l’image qu’y donnent d’eux-mêmes, pis y a ceux qui s’servent du cul pour se laisser aller à c’qu’y sont vraiment. C’pas toujours ben wild… non… au contraire… souvent y d’viennent plus vulnérables que c’qu’y paraissent. »

Dans l’sexe, y a deux genres de personnes : y a Stacy et y a Catherine.

Stacy aguiche. Elle envoûte. Elle charme. Elle jouit aussi, et elle jouit fort. Mais surtout, elle déstabilise. Elle personnifie le sexe, elle l’incarne tout entière. Elle excite et elle provoque. Elle transporte le public dans son univers débridé où l’érotisme est un jeu. Plus qu’un jeu, mais une qualité, un savoir-faire puissant dans l’exercice de sa profession. 

Catherine raconte les gens derrière le sexe. Les rencontres. Et puis, tout à coup, l’orgasme, au détour d’une table. Il arrive, inattendu, surprenant, et vrai. Un orgasme vendu, comme ça, au hasard d’un client, un de ses hommes qui a su bien s’y prendre. 

Catherine et Stacy, les deux facettes d’une même personne.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène Samantha Clavet
Concepteurs Dominique Giguère, Christiane Jean, Anissa Zabala, Jelena Djukic

Prix courant : 27 $
30 ans et moins - aînés : 21 $
Groupe (15 personnes et plus): 17 $
4 billets : 80 $
6 billets : 100 $
8 billets : 120 $

Une production Théâtre escarpé


Quartier de lune (anciennement le Bar Sinatra, anciennement Autre Zone)
1096, 3e Avenue, Limoilou
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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Critique

Catherine Simard en Stacey...


... et en Catherine (à droite). Crédit photos : Cath Langlois Photograpge

D’abord présenté au jury de Première Ovation en 2012 sous le titre À vendre, le texte de Samantha Clavet se voit offrir rapidement une superbe chance d'exister sur scène : après une « intense réécriture », selon le metteur en scène Patric Saucier, il devient Envies et raconte la vie d’une jeune prostituée. En mars et avril 2015, la pièce fut présentée à trois endroits différents – L’Autre Zone (maintenant le Quartier de lune), la Korrigane et la Barberie. Pour cette seconde série de représentations en partenariat avec Premier Acte, Envies s’installe à l’étage supérieur du Quartier de lune, dans Limoilou, pour cinq représentations seulement.

Le public, bien tassé autour d’une petite scène, fait la connaissance de Stacey, une jeune femme qui se prostitue. Désinvolte, sans inhibition, elle se raconte. Elle parle du sexe comme étant la plus grande vérité, et ce, même quand on feint l’orgasme, car dans cette simulation il y a quand même une partie de soi. Elle explique les types de clients (vierges, pervers et ceux qui veulent simplement expérimenter un truc hors du couple), puis parle d’un en particulier, de qui elle raille, au départ, à cause de son obésité, mais qui la fera changer d’avis après une réelle bonne baise et... un membre proéminent. Il semble bien qu'on arrive à voir les choses autrement quand ça nous plait.

Sans aucune subtilité, Stacey interpelle (voire apostrophe) les spectateurs, les confronte à son monde tout en minaudant. Mais elle n’est pas une pute de coin de rue. Elle parle avec ses clients, leur apporte une présence féminine. « Tant qu’à me vendre, autant vendre un produit de qualité », dira-t-elle. Mais sous Stacey se cache Catherine, une ex-étudiante en socio qui ne désirait qu’une seule chose : retrouver Will, son amant de voyage, en Thaïlande, et continuer de faire le tour du monde avec lui. Mais la réalité – et la personnalité de Will – a éclaté au visage de la jeune femme, après qu’un homme lui ait proposé 200$ pour une nuit. Accepter ou refuser ? La suite se trouve dans le corsage et sous les perruques de Stacey.

Catherine Simard interprète Stacey avec une superbe assurance. Une assurance qui déstabilise légèrement : la première partie se regarde presque comme une comédie, une performance grivoise. On cherche alors la pertinence, voire l’intérêt du personnage qui roule des fesses devant le visage d’une spectatrice. La deuxième partie, qui amène le personnage de Catherine au premier plan, apporte une dimension plus profonde et plus intéressante à l’histoire. On comprend alors l’exubérance de Stacey, qui cache la fragilité de Catherine, qui la protège, l’endurcit, même si une fissure bien présente est en train de tout faire éclater en morceaux. Quelques extraits musicaux chantés et bien choisis viennent ponctuer le récit de sentiments bien précis, dont I Will Survive et Everybody Hurts. L'auteure viendra parfois prêter main forte à la comédienne pour quelques changements de costumes - dont un, ingénieux et à vue, sous le tablier d'une coiffeuse - ou quelques échanges de répliques.

Envies est le genre de spectacle qu’on aime ou non, et c’est très bien ainsi. Son côté quelque peu racoleur et cru, sans pour autant basculer dans une vulgarité gratuite, peut plaire ou déplaire, faire rire ou subjuguer. Quelques défauts pointent le bout du nez ici et là, dont certains tics et répliques parfois trop appuyés, ou encore des explications superflues alors que l’action est déjà très claire, mais rien pour faire décrocher du récit. Des spectateurs seront touchés par la finale, d’autres moins, et ce, pour de multiples raisons. Par contre, la pièce ne laissera personne indifférent, spécialement en ces temps difficiles pour la gent féminine qui dénonce haut et fort la culture du viol. Envies trouve (par le hasard des choses) une certaine pertinence dans ce débat de société, abordant la question sous un autre angle, celui de la femme envers elle-même, qui, ici, s’engage personnellement sur un chemin bien sinueux tout en se faisant accroire qu’elle acceptera tout, que de toute façon elle aime le sexe et que c’est très bien ainsi. La discussion qui suivra la représentation du 4 novembre risque d’être fort intéressante…

01-11-2016