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Celle qu'on pointe du doigt
Du 2 au 20 octobre 2018, mardi au samedi 20h, sauf le samedi 20 octobre : 15h

Elle est une femme ordinaire, sans histoire. Le genre de fille qui passe inaperçue toute sa vie. Mais, un jour, elle le rencontre. Le fucker qui va lui briser le coeur. Puis se crée en elle un vide abyssal. Celui que seul un enfant pourrait combler. Mais comment être une bonne mère si on n’a pas eu de modèle ?

Je l’sais ben qu’à me regarder, de même, on pourrait pas le dire. .a ce lit pas toujours dans notre face. J’pense pas qu’il existe de prédispositions à. J’pense pas non plus qu’il y a un lien entre la laideur physique pis la laideur morale. Remarque, je dis ça, mais… quand t’as été la dernière à piger dans le sac à faces, ça se peut que tu sois prédisposée à avoir le goût de sauter un plomb. Mais moi, je l’sais pas ce qui m’a pris. Je voulais que quelque chose me rentre dedans. La vie, l’amour, un truck… J’aurais peut-être préféré que ce soit le truck.

Une femme ordinaire, voire quelconque, commet l’impensable.

Des raisons de tuer, on en a tous.


Texte Marie-Pier Lagacé
Mise en scène Simon Lemoine
Avec Anne-Marie Côté, Èva Daigle, David Grenier, Marie-Pier Lagacé, Linda Laplante, Réjean Vallée


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance mise en scène Marie-Ève Chabot Lortie
Conception Marilou Bois, Dominique Giguère, Jérôme Huot, Martin Poirier

Durée : environ 1h20

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production Collectif du Trottoir


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Cath Langlois Photographe

Celle qu’on pointe du doigt, la plus récente production du Collectif du Trottoir, nous dévoile la dure histoire d’une « fille ordinaire, voire quelconque » qui, en manque d’amour, commet à la fois « l’impensable » et l’irréparable. Un récit sensible qui peut rappeler le concept de « banalité du mal », comme quoi les actes affreux ne sont généralement pas commis par méchanceté, mais que notre environnement et notre vécu peuvent engendrer des circonstances aggravantes.

L’auteure Marie-Pier Lagacé exprime dans le programme du spectacle qu’elle s’intéresse aux différents facteurs susceptibles d’amener un individu ordinaire à réaliser un acte criminel. Dans son œuvre, elle expose principalement l’influence d’une structure familiale dysfonctionnelle. De cette manière, elle souhaite que sa pièce incite l’empathie, pour que cessent les préjugés à l’encontre des criminels et pour« essayer de comprendre avant de pointer du doigt ». Lagacé soulève le fait difficile à encaisser que personne n’est à l’abri de l’immoralité.

Aucun dialogue n’est superflu ; tout sert à l’escalade psychologique du personnage principal.

Le spectateur assiste donc à l’évolution psychologique de cette jeune adulte, Marie (Marie-Pier Lagacé), pour saisir ce qui l’a entrainée vers la prison. Au fil des rencontres avec son psychologue (Réjean Vallée), la protagoniste retrace les expériences qui l’ont, dit-elle, brisée. Se tournant souvent vers le public, elle s’adresse à lui avec aplomb, témoigne de son enfance auprès d’une mère négligente (Éva Daigle) et s’attriste de sa séparation avec son amoureux attentionné (David Grenier). Rapidement, son ton sévère laisse sous-entendre un tempérament agressif et entêté. Seule sa tante (Linda Laplante) parvient véritablement à l’attendrir, grâce à ses doux conseils et à sa voix chaleureuse. Ce n’est que lorsque la dépression post-partum affecte Marie au plus haut point, lorsqu’elle devient complètement désespérée, que ses reproches acerbes envers sa mère font place à un désir contraire, celui de la serrer dans ses bras. Bien que ce soit le moment où Marie se sent le plus vulnérable, sa mère ne lui démontre aucune affection ; elle affiche toutefois un attachement tout particulier pour son futur petit-fils. Elle est intense, voire grotesque, mais la finesse du jeu d’Éva Daigle permet d’entrevoir toute la complexité des états d’âme du personnage.

Le développement des relations interpersonnelles de la tourmentée Marie est illustré par d’habiles ellipses, que soulignent les changements d’éclairage. Les scènes alternent entre sa vie avant et après la condamnation du meurtre de son enfant. Aucun dialogue n’est superflu ; tout sert à l’escalade psychologique du personnage principal. Le récit touchant et déchirant atteint son paroxysme lorsque Marie fond en larmes dans le bureau du psychologue du pénitencier. On saisit vraiment, à ce moment-là, toute la profondeur de son mal-être.

La mise en scène signée Simon Lemoine s’avère relativement simple : à gauche, le lit de la cellule ; au centre, quelques chaises, et partout, des peluches. Bien que culminant en une issue dramatique, Celle qu’on pointe du doigt se termine par la scène de sa première rencontre avec son ex, probablement l’un de ses souvenirs les plus joyeux qu’elle ait ressassés.

Celle qu’on pointe du doigt s’avère une production magnifiquement bouleversante, dont les propos ne manquent certainement pas de prégnance.

05-10-2018


 
Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
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