1638. Louis XIV vient de naître. Son règne sera un des plus longs, 72 ans, dont 54 ans de règne personnel, dont 34 années de guerre. Il aura trop aimé la guerre.
Nous assistons aux différentes étapes de sa vie fastueuse dans une époque troublée de guerre de religion et de lutte de pouvoir sans merci que se livre la famille royale.
Mais Louis le Grand finira par instaurer sa monarchie absolue.
Vie et mort du monarque.
Assistance à la mise en scène Sara Fauteux
Scénographie Julie-Ange Breton
Costumes Gaétan Paré
Éclairages Anne-Marie Rodrigue Lecours
Conception sonore et visuelle Pierre-Marc Beaudoin
Effets spéciaux Olivier Proulx
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 14 au 18 février 2012
Régulier : 26$
Carte premières : 13$
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du 21 février
Une création du Théâtre de la Pacotille,
en résidence à la salle Jean-Claude-Germain
par Daphné Bathalon
Pour la troisième pièce de sa trilogie analogique (qui comprend Suprême Deluxe et La genèse de la rage), Sébastien Dodge s’intéresse à la figure éclatante du Roi-Soleil, la rejetant d’emblée et couronnant, en lieu et place de ce souverain glorifié par l’histoire, un nabot imbu et immature, solidement campé par Yannick Chapdelaine.
Dans la France du 17e siècle, sous la régence d’Anne d’Autriche et de Mazarin, un homme dont la prestance est plus ou moins bien rendue par Stéphane Jacques, le jeune roi Louis XIV est obsédé par la chasse. Dans le royaume et au cœur même de la famille royale s’amorce pourtant une lutte pour le pouvoir et le territoire. Aucun amour là, que de la haine, et le goût de la violence et du sexe.
À l’instar de son affiche, la pièce La guerre est un éclatement de couleurs et de formes, un bombardement intense de nos sens. Pendant le premier tiers du spectacle, les personnages se bousculent dans une surenchère de bruits, de musique et de répliques. Nos tympans agressés demandent une grâce qui tarde à venir… Le premier tableau est toutefois prometteur. Dans une esthétique moderne et avec un humour trash, on présente au public les héros de l’Histoire, qui se déroulera sous nos yeux. Cet humour disparaît ensuite pendant plusieurs minutes dans un déferlement de rage et de hurlements. Puis, le choc de cette première partie passé, les comédiens nous accordent un moment pour souffler.
Pas de répit pourtant dans la rage et la violence qu’on nous montre, mais on prend le temps de nous les exposer à travers chacun des personnages et des liens qui les unissent, plutôt que de nous les jeter à la figure. On peut alors réellement goûter au texte cinglant et à la mise en scène baroque de Sébastien Dodge. On apprécie la disposition des comédiens dans l’espace et la scénographie qui découpe celui-ci en plusieurs niveaux. Les lumières, toutes de vives couleurs, éclairent le décor, une simple tenture salie et sombre de laquelle émergent des mains (rien à voir avec les tapisseries d’époque). On est bien loin d’une pièce classique, on ne cherche pas ici à recréer l’histoire.
« J’aime la guerre parce que je hais l’humain », déclare le roi, résumant en une phrase toute la rage éclatante des personnages, fil conducteur de La guerre. C’est une rage crue, jamais contenue, sauf par le roi pendant presque toute la pièce, ce qui lui donne plus de profondeur. Les deux princes assoiffés de sang se révèlent d’acharnés adversaires. Caricaturaux et vulgaires, ils se livrent une bataille sans merci. Quant au roi, au fil de la pièce et de l’histoire, il gagne en assurance jusqu’à tirer toutes les ficelles. La scène du banquet funèbre dresse un portrait particulièrement réussi de la folie royale et de l’emprise du roi sur ses sujets.
Dans la deuxième partie, où la salve des hurlements s’apaise, les dialogues deviennent plus stratégiques et intéressants. Par moments, les échanges sont presque cinématographiques, transformés en pantomimes par la mise en scène. On n’entend pas les mots, mais les gestes disent tout. Quant aux costumes, tout aussi décalés, ils rappellent les costumiers dégarnis des troupes amateurs que l’on bâtit de bric et de broc. Un excellent choix pour cette pièce hétéroclite. Dans son accoutrement, fait d’une immense perruque et d’une étole de fourrure, le roi paraît à la fois ridicule et royal. On apprécie jusque dans les détails, comme ce 14 que Louis porte en cocarde…
C’est quand la pièce devient grinçante, qu’elle mord au lieu d’aboyer, que le spectacle gagne en force et pique notre intérêt. Dommage que les bonnes idées soient délayées dans le burlesque ; La guerre, absurde elle-même, n’a pas besoin qu’on lui ajoute une couche grand-guignolesque.