Dans sa série de quatre cabarets anatomiques et après sa première étude sur l’objet inanimé (traité n° 1, perpétré avec rigueur et allégresse aux Trois jours de Casteliers), La Pire Espèce réunit pour ce deuxième exposé « objetiste » des spécialistes de la chose et se penche avec eux sur leur folie des grandeurs (et des « petiteurs »).
Qui n’a jamais entendu la mer dans un coquillage ? Dans le théâtre d’objets, le moindre caillou peut être une clé qui ouvre la porte à d’autres dimensions, Lilliput ou l’Olympe. L’objet agit sur le spectateur comme la potion d’Alice, version ultraconcentrée, pour le faire voyager parmi les étoiles ou à l’intérieur de lui-même. Il est le véhicule de l’imagination vers de nouvelles dimensions (les fameuses quatrième, cinquième et tutti quanti).
La question de ce traité n° 2 sera donc : Jusqu’où (et comment) l’objet peut-il dilater (et contracter) les dimensions de l’espace (et du sens, bien sûr) ? ... Comment ? Ce n’est pas suffisamment clair ? Venez donc comprendre la question et apprécier les réponses de nos artistes-chercheurs les 10 et 11 juin !
Concepteurs : À confirmer
Le premier cabaret à eu lieu les 2 et 3 mars 2011 lors des Casteliers
Du mardi au vendredi à 20 h
Samedi 28 mai à 16 h et 20 h
Production Théâtre De La Pire Espèce
compte rendu de David Lefebvre
Fort intéressant et réjouissant que fut ce deuxième cabaret de la Pire Espèce. Alors que le premier, présenté lors des Trois jours de Casteliers, s'était montré davantage une vitrine plutôt que zone d'exploration, ce traité de l'anatomie de l'objet creuse véritablement le thème proposé aux compagnies et artistes invités : les dimensions.
Animé par deux vulgarisateurs hors pair, Monsieur Poulpe (Mathieu Gosselin) et Marcus (Alexandre Leroux-Gendron), qui nous étonnent toujours par leurs chorégraphies, leurs réponses au courrier des auditeurs, leur sens de la répartie, leur look et la somme étonnante des textes, ce Anatomie de l'objet propose six numéros cocasses, drôles, poétiques, absurdes. La Pire Espèce (Francis Monty et Olivier Ducas, aidé d'Étienne Blanchette pour le premier numéro), offrent deux tableaux composés de leurs mains et d'accessoires. Le premier évoque le début du monde, Dieu et sa création. Le deuxième tente de démystifier et de simplifier les angoisses existentielles de l'homme, dans l'espace, le temps, et dans son ADN. Édifiant. Sylvie Gosselin présente un extrait de « Contes à rebours », un spectacle en chantier sur la naissance et l'enfance, un texte qui, selon ce que nous avons pu voir, pourrait s'adresser au jeune public. Qui va là (Philippe Racine et Justin Laramée) analyse consciencieusement son processus créatif grâce à deux parties de leurs spectacles « Toutou rien » et « La fugue » (une adaptation titanesque de « Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez qu’on attend d’ici 2014). Le numéro, qui n’apporte que peu de nouveautés, provoque par contre un intérêt vif et majeur : les explications, les liens et les inspirations des deux comédiens créateurs sont passionnants à écouter. Étienne Blanchette clôt la première partie du spectacle avec un « drame psychologique », un conte mettant en scène une famille de six frères, personnifiés par des matriochkas (poupées russes). Finalement, Marcelle Hudon termine le cabaret avec un de ses personnages colorés, une dame de l'Europe de l'Est qui évoque les quatrième et cinquième dimensions.
Deuxième donc d'une série de quatre, ce cabaret anatomique explore davantage le théâtre d'objet et est beaucoup plus abouti que le premier. Il expose, avec folie et imagination, le talent indéniable des créateurs d'ici dans ce domaine si particulier du quatrième art. Une savoureuse fin de soirée, dans un espace... libre.