Ils portent tous les trois le même nom : Thomas Harding. En apparence, voilà tout ce qu’ont en commun un cheminot québécois, un chercheur néo-zélandais et un assureur américain spécialisé dans les compagnies pétrolières. Jusqu’au 6 juillet 2013. Cette nuit-là, un train chargé de 10 000 tonnes de pétrole brut déraille. Toute une ville explose. C’est alors que l’on assiste à la rencontre hypothétique de ces trois hommes, que l’on écoute leurs échanges, leurs affrontements, leurs réflexions et leurs questionnements. Et, peu à peu, les rails invisibles qui relient leurs existences et les attachent les unes aux autres apparaissent.
« Véritable coup de génie » selon le quotidien Le Devoir, la dernière oeuvre d’Alexia Bürger, créée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en 2018, reprend l’affiche chez DUCEPPE. L’autrice et metteure en scène s’est inspirée de la tragédie ferroviaire qui a bouleversé le Québec pour écrire cette pièce-choc. Avec une habileté et une sensibilité extraordinaires, elle y confronte responsabilité individuelle et collective, se penche sur la valeur de la vie humaine dans une société capitaliste, examine la culpabilité face aux catastrophes et à la mort d’autrui. Unanimement encensé par la critique, ce spectacle était sacré coup de coeur du public du CTD’A et récoltait en 2018 le prix du meilleur texte – section Montréal décerné par l’Association québécoise des critiques de théâtre.
Texte et mise en scène Alexia Bürger
Interprétation Martin Drainville, Patrice Dubois, Bruno Marcil
Crédits supplémentaires et autres informations
Conseil dramaturgique Fanny Britt
Décor Simon Guilbault
Costumes Elen Ewing
Éclairages et vidéo Mathieu Roy
Musique originale Nicolas Basque, Philippe Brault
Soirée-rencontre : 28 janvier
Les représentations en après-midi sont maintenant à 15 h.
Les représentations du samedi soir sont devancées à 20 h.
TARIFS SAISON 2019-2020 |
SECTION A | SECTION B | SECTION C | SECTION D | SECTION E |
Courant | 70,00 $ * | 65,00 $ * | 52,00 $ | 40,00 $ | 25,00 $ |
Aîné (65 ans et plus, preuve d’âge exigée) | 67,00 $ * | 62,00 $ * | 49,00 $ | 37,00 $ | 25,00 $ |
Jeunesse (18 à 35 ans, preuve d’âge exigée) | 39,00 $ | 37,00 $ | 36,00 $ | 30,00 $ | 25,00 $ |
Ado (17 ans et moins, preuve d’âge exigée) | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ |
18 à 35 ans : ton âge = ton prix (duceppe.com/TonAge)
Voir les sections et la page Tarfis sur le site de Duceppe
Clients non abonnés
Il est possible de demander un changement de date pour les billets simples (frais de service applicables) à la billetterie de la Place des Arts:
514 842-2112 ou sans frais 1 866 842-2112.
Durée 1h30
Une production Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
critique publiée lors de la création de la pièce au CTD'A en 2018
À mi-chemin entre théâtre documentaire et fiction, la pièce Les Hardings déverse l’opinion de son auteure quant à la responsabilité de tout un chacun dans la tragédie qui a touché Lac-Mégantic en juillet 2013. Sur la scène du Théâtre d’Aujourd’hui, Alexia Bürger n’a pas peur de faire exploser son point de vue en plein visage. S’inspirant d’individus bien vivants, cette dernière qui, jusqu’alors, était une collaboratrice d’expérience pour des créateurs comme Olivier Choinière, signe sa première mise en scène avec son propre texte. Invitant le public à assister à l’échange fictif entre trois hommes de nom homonyme, tous victimes de remords, la dramaturge se permet de semer tranquillement un doute raisonnable dans la tête de tous : « Aurais-je pu agir de la même façon à leur place ? » Voilà une question qui continue d’obséder, bien après la fin du spectacle !
Dès l’entrée en salle, les talents du scénographe, Simon Guilbeault, saute aux yeux. Convergeant tous au centre de la scène, des rails suspendus autour de l’espace de jeu offrent un effet assez impressionnant. Des panneaux rectangulaires de gris métallique lient certains rails et permettent quelques projections plutôt simples, mais qui reflète bien l’aspect imaginaire du spectacle. De toute évidence, le concepteur semble avoir tenté de donner l’impression qu’il s’agit d’un tunnel menant à une collision assurée. À l’arrivée des trois comédiens, c’est d’abord le silence qui règne avant que Martin Drainville, vêtu d’un complet, s’attire quelques rires en vidant sa chaussure étrangement pleine de sable. Bien que banal, ce geste donne le ton à un spectacle où l’absurdité de la vie et l’erreur humaine en seront les vedettes. Interprétant un vendeur d’assurance américain, le comédien accuse étonnamment ses racines québécoises en conservant l’accent d’ici et se faisant un point d’honneur à dire quelques jurons. Il en est de même pour Patrice Dubois qui incarne un écrivain britannique, aussi père d’un jeune garçon tragiquement décédé, avec une profonde authenticité particulièrement touchante. Malgré ce petit écart de langage qui peut en déranger certains, il est intéressant de voir à quel point le point de vue de l’auteure transparaît à travers cette convention. Une façon efficace de se distancier des faits réels tout en laissant place à une ambiguïté bien réelle.
Les costumes conçus par Elen Ewing servent magnifiquement bien la distribution. Sans être aussi spectaculaires que la scénographie, ils contribuent au réaliste de l’action dramatique. Parfaitement crédible dans son habit de chauffeur, Bruno Marcil s’épanouit graduellement sous le regard de tous. Sans chercher à émouvoir plus qu’il ne le faut, celui-ci effectue une montée dramatique significative alors que l’impuissance habite de plus en plus ses traits au fur et à mesure que le temps avance. Le travail de Mathieu Roy à l’éclairage s’avère également une belle réussite. Simplement en changeant les teintes de lumières, le concepteur relève avec brio le défi de créer un univers pour chaque personnage dans un même espace. En ce qui a trait à la conception sonore, le public a droit à une surprise totale. Nicolas Basque et Philippe Brault se sont évertués à trouver une trame qui puisse s’accorder aux voix du trio afin de permettre de petites harmonies vocales à l’occasion. Bien sûr, les interprètes ne sont pas de fabuleux chanteurs, mais c’est une initiative de plus qui s’inscrit dans une belle théâtralité.
Au terme de la représentation, Alexia Bürger ne cherche pas à nous convaincre. Néanmoins, un doute persiste. Les Hardings, ce sont finalement trois hommes bien réels que seule la fiction pouvait réunir. Devant une telle audace, comment résister à l’envie curieusement tenace d’aller voir ce spectacle ?
Dates antérieures (entre autres)
Du 10 avril au 5 mai 2018 - Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
Du 28 novembre au 7 décembre 2019 - La Bordée