Ma vie a un petit arrière-goût de confusion. Je ne suis pas ce que je présente au monde. Ce que je veux dire n’a pas de commune mesure avec ce qui sort de ma bouche. Je surveille mes commentaires, je retiens mes gestes, je ne me lance pas spontanément sur l’objet de mon désir et mon corps ne se liquéfie pas lorsque j’essuie l’échec. Je me contiens. Je demeure droit. Souriant. Social. J’ai ma fierté. Mais en dessous, je suis une zone ambiguë et floue, je suis tout et son contraire. Je suis végétal, animal, matière en devenir. Je suis un autre.
Je suis un autre cherche à mettre à jour la multiplicité et l’ambiguïté de l’être qui se cachent sous le vernis des conventions.
Catherine Gaudet
Catherine Gaudet est fascinée par la façon dont nos corps « parlent » à notre insu et témoignent de notre monde intérieur et inconscient. Sa démarche s’attarde ainsi à découvrir comment nos états d’êtres marquent nos états de corps, créant des œuvres qui agissent comme miroir de nos dysfonctions et distorsions. La difficulté de la ren- contre, l’inconfort existentiel et l’obligation du bonheur sont des thèmes récurrents qui imprègnent son langage, lequel se construit en équilibre entre tension dramatique et autodérision.
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Lumière Frédérick Gravel
Concepteur et compositeur musical Jacques Poulin-Denis
Conseillère artistique, répétitrice Sophie Michaud
Photo Julie Artacho
Une présentation La Chapelle
une production Catherine Gaudet.
créée en résidence à La Chapelle
par l'équipe de MonTheatre.qc.ca
Un espace nu et restreint par un carré de lumière blanche, deux danseurs, les répercussions engendrées par les sensations instinctives laissées libres dans leur corps. Voilà ce qui apparaît d’abord dans la nouvelle proposition scénique de Catherine Gaudet. Plus le spectacle avance, plus les tensions se dessinent tout en donnant un ton humoristique à la tournure des événements, grâce à la théâtralité maîtrisée à merveille par les danseurs Catherine Gravel et Dany Desjardins.
Les images sont fortes, restent après la représentation, poursuivent leur chemin, tant Je suis un autre fait appel à ce qui se cache, ce qu’on ne peut se permettre d’exposer en société. Sur scène, aucun lissage, ce qu’il y a de plus brute dans le contact des corps, tout en ayant du charme dans le phrasé de la chorégraphe Catherine Gaudet.
La chorégraphe a bénéficié d’une résidence de création à Berlin en 2011 pour réaliser Je suis un autre, en plus de travailler avec les deux mêmes interprètes pour son mémoire de maîtrise, complété en janvier dernier, dont les balbutiements du spectacle ont pris forme. La recherche de Gaudet aura ouvert les voies à une création rare, investie, troublante, captivante, précise techniquement tout en laissant respirer enfin les corps, le regard des interprètes plongés dans le flou.
L’œuvre réserve des surprises à chaque séquence et il vaut mieux réserver au futur spectateur le bonheur de les découvrir que de trop en dire. Une ode au senti, à la transformation des corps qui sort des sentiers battus, du conformisme ambiant.