Cette pièce pour six danseurs est basée sur une série de performances en cinq tableaux Practise seeing beauty – Love, Death and the Devil. Les différents formats de cette série (installation, théâtre, performance extérieure) sont le point de départ de cette production et ont amené de nouvelles techniques et expressions artistiques à la pièce. Cette création est caractérisée autant par une chorégraphie temporelle, spatiale et contextuelle très précise que par la liberté créative de l’improvisation. Les costumes rappellent le baroque, les images sont fortes et les scènes morbides peuvent être dégustées comme une parade mystérieuse.
Ben J. Riepe Kompanie
Ben J. Riepe a étudié à l’Université Folkwang (Allemagne), a travaillé avec V.A Wölfl et fut invité à danser avec le Pina Bausch Ensemble. La compagnie Ben J. Riepe existe depuis 2004 et a produit dix pièces présentées interna- tionalement. Love | Death | Devil – The Piece (coproduite par NRW House of Artists Mousonturm) a été présentée en première mondiale à Frankfurt puis avec l’appui du Goethe-Institut en Inde et au Bangladesh. En février 2010, cette pièce fut présentée à Nuremberg dans le cadre de German Dance Platform et depuis tourne dans le monde. En novembre 2009, Ben J. Riepe a été honoré par le Förderpreis für junge Künstler des Landes NRW. La com- pagnie a maintenant son propre studio à Düsseldorf.
Section vidéo
une vidéo disponible
Musique Alex Alves Tolkmitt
Costumes Anna Kleihues
Lumière Dimitar Evtimov
Une présentation La Chapelle.
une production Ben J. Riepe.
une coproduction : Künstler- Haus Mousonturm Frankfurt And Tanzhaus NRW Düsseldorf.
avec le support de Minister-Präsident Des Landes NRW, Kul-Turamt Der Landeshauptstadt Düsseldorf et Artsite
en collaboration avec : Artist in residence programme of Tanzlabor_21 / un projet de Tanzplan Deutschland.
Ce spectacle bénéficie du soutien du Goethe-Institut Montréal.
par Pascale St-Onge
Inquiétante étrangeté
Face à l'insolite, il peut se créer un certain sentiment de crainte. La méfiance modifie le jugement et la réception d'un phénomène et c'est exactement ce qui se produit avec le spectacle d'un ancien danseur de la troupe de Pina Bausch, l'Allemand Ben J. Riepe, LOVE | DEATH | DEVIL : The Piece, une juxtaposition de courtes performances pour danseurs est présentée pour la toute première fois en Amérique du Nord.
C'est avec une esthétique baroque aux couches d'interprétations multiples et un procédé de création qui se laisse tenter par une certaine part d'improvisation que se met en place cet étrange spectacle aux allures de songe extravagant.
Sans laisser une seconde de répit au spectateur, les tableaux s'enchaînent et des éléments se croisent, rappelant tout à la fois Alice au pays des merveilles et Donnie Darko (notamment par l'utilisation de ces masques d'animaux quelque peu grotesques ou la présence déroutante de ce cerf empaillé au fond de la scène). Subtilement, sans pouvoir les voir venir, se déploie devant nos yeux une multitude d'images bizarres et inconfortables emmenées par le songe. On rit, on est dégouté ou tout simplement fasciné par celles-ci sans pouvoir rapidement saisir leur discours aux multiples sens. Les corps, particulièrement ceux des femmes, se transforment sous nos yeux en créatures indescriptibles aux actions qui le sont tout autant. Les rires, les voix ou toute autre forme de son deviennent un parasite complémentaire à la musique parfois grandiose ou encore sordide et mystérieuse.
Que reste-t-il de l'humain à travers ce délire? Nous parle-t-on de l'homme, ou est-ce que Riepe a créé à partir de lui une grande fantaisie de laquelle il a finalement été écarté? Ce serait mentir de dire que LOVE | DEATH | DEVIL : The Piece est facilement accessible. Il ne s'agit pas ici d'un spectacle facile d'approche. Une poésie originale se crée toutefois dans ce songe chaotique et complexe à déchiffrer, mais le sentiment d'étrangeté prend le dessus sur toute autre possibilité de réaction de la part du public.
Ceci n'est pas un simple spectacle de danse comme on pourrait s'y attendre. Riepe travaille toute la théâtralité des corps de ses danseurs, lesquels sont parfaitement mis en valeur individuellement à différents moments de la représentation. Chaque corps en scène possède ses atouts ou ses particularités et c'est exactement avec la personnalité de chacun qu'il pousse ce délire dansé plus loin du côté de l'inquiétante étrangeté. On demeure finalement fasciné par ce déploiement du bizarre orchestré avec originalité.