Le programme sera simple : je te ferai rire et tu me feras rire Nous nous ferons mourir de rire, tu saisis Et personne n’aura mal, c’est une promesse Il n’y aura que toi et moi
Toi que je ferai rire et toi qui me feras rire On fera de drôles de choses, tu verras On fera des choses que les morts ne peuvent pas faire Et tu sais pourquoi ? Parce que notre chance à toi et à moi c’est d’être vivants Et être vivant, je te le donne en mille : c’est à mourir de rire
Nicolas Cantin
Artiste singulier, Nicolas Cantin crée des environnements chorégraphiques dans lesquels il sonde les multiples pos- sibilités dramatiques du mouvement. Son univers penche entre intimité et sauvagerie. Il bricole deux spectacles [vivants] Grand singe et Belle manière. Il lui arrive aussi de danser. Il bouge pour Frédérick Gravel dans Tout se pète la gueule, chérie et pour quelques autres. Il flirte également avec le cirque en cosignant pour les 7 doigts de la main la mise en scène de Patinoire, un solo pour Patrick Léonard, et se commet à intervalles réguliers dans différents projets collectifs qui ont tous en commun de naviguer aux frontières des genres.
une coprésentation La Chapelle et Festival TransAmériques.
une production Nicolas Cantin
une coproduction Festival TransAmériques.
créée en résidence à La Chapelle
par Sara Fauteux (FTA 2012)
Dans ces derniers spectacles, Grand singe et Belles Manières, qui forment avec Mygale une sorte de cycle, Nicolas Cantin explore l’intimité entre les êtres, la douceur et la violence qui émerge de ces états de vulnérabilité. Dans Mygale, il met en scène des êtres à peine habités de vie, léthargiques au possible. Des corps qui s’affaissent les uns contre les autres, parfois habités de désir ou de violence, parfois apparemment vides de toute sensation. Dans des mouvements lents, décousus, qui déforment les corps, les quatre interprètes du spectacle s’attirent et se rejettent avec autant de fougue que de nonchalance.
La scène grise, presque vide, défraichie, est éclairée par un nombre restreint de lampes très visibles qui habillent la scène. La conception d’Alexandre Pilon Guay aux éclairages est sobre, juste et d’une grande finesse. Il joue notamment très habilement des effets à contrejour avec le public, créant de magnifiques images. L’univers sonore alterne entre des bruits parasites à un volume extrême et des musiques émises par un petit magnétophone manipulé par les acteurs. Les magnifiques pièces de piano et les chants arabes agissent comme une porte d’entrée pour le public.
Pour décrire son travail et ses spectacles, Cantin affirme qu’il cherche à faire entendre ce que le dernier de classe a à dire, ce petit gêné au fond de la salle de cours qui ne connait pas la bonne réponse. S’il est vrai que c’est souvent celui-là, celui qui est inconfortable dans le monde, qui nous offre le regard le plus singulier, voilà une vision bien romantique et simpliste de voir les choses. Le vrai ne se dégage-t-il pas plutôt de la recherche de la zone d’inconfort qui existe en chacun de nous et qui nous rapproche de notre humanité, le beau gosse de la classe comme le souffre-douleur?
Une chose est sûre, cette vérité ne s’extirpe pas et bien souvent, ne se pointe pas le bout du nez quand on la cherche trop. Il faut la laisser venir à soi. Et bien que Cantin semble maitriser l’art de prendre son temps pour voir ce qui émerge du dépouillement, il cherche peut-être encore beaucoup trop à forcer une vérité, une beauté qui ne trouve pas toujours sa voie dans Mygale.