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Du 5 au 16 mars 2013, 20h
Dévoilé(Dévoilé)
théâtre
Idée originale et mise en scène Marc-André Bourgault
Avec Enrica Boucher, Ludger Côté, Catherine Dajczman, Sharon Ibgui, Gabriel Paré et Audrey Talbot

Un corps noué de secrets.
Sa gorge s’ouvre;
Sa poitrine se montre;
Ses jambes se dressent.
Il reconnaît.

LES DÉFRICHEURS
Formés de Marc-André Bourgault, Sharon Ibgui et Audrey Talbot, les Défricheurs s’intéressent à l’Homme moderne dépossédé qui s’efforce de retrouver sa vérité.  Nous cherchons à capter la vie sur scène, dans tout ce qu’elle a de banal et de tragique, de poétique et d’authentique.  Nous désirons mettre en lumière l’imperceptible et l’indicible.  Dévoiler l’intimité dans la complexité et la délicatesse des sentiments.  Ouverts à des formes variées, nous offrons un théâtre dont la quête se trouve dans une recherche constante de justesse et de la magie que celle-ci provoque.


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Assistance à la mise en scène et dramaturgie Sara Fauteux
Costumes Jonathan Girard
Photo Carla Ramirez

Une présentation et une production Les Défricheurs
Créé en résidence à La Chapelle


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Yanique Fillion- Wolf Productions Urbaines

On est devant (Dévoilé) comme devant un étrange objet d’art : l’idéateur et metteur en scène de ce spectacle, Marc-André Bourgault, nous propose en effet une étrange expérience de détachement face à une histoire pourtant troublante. Dans un récit autobiographique fait davantage de non-dits et de gestes que de paroles, Bourgault se raconte à différents âges de sa vie.

D’abord à 13 ans, jeune adolescent cloîtré dans une douleur qui l’empêche de marcher, et à laquelle parents déroutés et médecins détachés tentent de trouver une cause. Puis à 27 ans, devenu adulte, Marc-André prétend que tout va bien dans sa vie, mais sa façade craquèle en thérapie, son envie de faire mal, de tuer éclate. Il cherche dans son passé l’origine d’un malaise et le trouve dans l’inceste et le viol. À 28 ans, Marc-André ne se sent plus bien dans son corps, il ne parvient plus à trouver une position « juste » et confortable, et la rage explose hors de lui et de tout contrôle (une belle performance de la danseuse Audrey Talbot). C’est le Marc-André de 36 ans, aujourd’hui metteur en scène du spectacle, qui nous les présente en tableaux, pour que dans 11 jours, cette histoire se termine, en même temps que les représentations.

Bourgault a opté pour la mise à nu complète, non celle de ses acteurs, mais la sienne. Et son dévoilement passe par un rejet partiel de la théâtralité. Dès les premières lignes, (Dévoilé) nous place dans la réalité. Nous sommes le 5 mars, il est environ 20h... Ni rideau, ni décor, à peine quelques accessoires et un sofa. La lumière franche des projecteurs éclaire tout autant la scène dénudée que le public pendant toute la représentation. Il y a des silences, aussi, qui laissent entendre le grésillement des projecteurs et les bruits de la rue. Pas possible de se cacher derrière le jeu des acteurs lorsque l’inconfort grandit sur scène, quand, comme dans la réalité, il ne se passe presque rien, que les petits gestes ordinaires de la vie : regarder la télé, manger, tuer le temps dans une salle d’attente... Même le titre de la pièce ne s’affirme pas vraiment, s’effaçant plutôt entre deux parenthèses.

Les acteurs (belle performance de l’ensemble de la distribution) jouent tout en retenue, si naturellement que leur interprétation n’a plus grand-chose de théâtral. Même le programme ne propose aucun synopsis. C’est une parcelle de vérité, celle de l’auteur, arrachée à la réalité et posée une scène. « Je me suis servi du théâtre pour me dégager de mon histoire, pour être obligé de poser un regard neutre face à ce qui m’est arrivé. Avec (Dévoilé), je sens que cette partie-là de ma vie est terminée », confiait le créateur en entrevue (à voir ici). C’est à se demander pourquoi il  n’a pas poussé sa logique jusqu’au bout et laissé les acteurs hors scène sans les faire revenir pour un salut. La décision aurait paru conséquente. En revenant saluer, les acteurs redeviennent... des acteurs et les versions de Marc-André de simples personnages.

La Chapelle a l’habitude des spectacles décaléset (Dévoilé) en est tout un. Ce curieux objet théâtral parle autant de résilience que du théâtre de la vie lui-même. En un peu moins d’une heure, la pièce dépose en nous une histoire, pas très belle, mais cruellement vraie et qui exige qu’on la laisse décanter un bon moment après le salut. Devant cette production des Défricheurs théâtre, qu’on souhaite aimer, ressentir, comprendre, on reste pourtant un peu bête, les bras ballants et la pensée en pagaille, à chercher quoi faire de ce témoignage qui dit tout sans rien énoncer directement.

07-03-2013