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Du 12 au 16 février 2013, 20h
Still Standing YouStill Standing You
danse - Belgique
Chorégraphie Pieter Ampe & Guilherme Garrido
Dramaturgie Rita Natálio

À la suite de Still Difficult Duet (2007), où se rencontraient pour la première fois le Belge Pieter Ampe et le Portugais Guilherme Garrido, les deux danseurs étalent tous leurs trésors de danse et nous font miroiter de gamineries en gamineries leur caléidoscope de l’amitié. Forts de leur propre langage de danse – loin de tout ce qui se vit dans la danse contemporaine – ils vont sans vergogne à la recherche de ce qu’ils signifient l’un pour l’autre. Quelle est leur relation mutuelle ? Sont-ce des amis, des partenaires, des amants, des rivaux ou même des ennemis ?

Le seul instrument qu’ils y engagent est leur propre corps, l’ironie de la vigueur exhibée, l’intensité de leur amitié de garçons, capables de transformer leurs propres limites en virtuosité et de conjuguer le tout en une représentation dynamique où s’entremêlent rudesse, colère et amour en une seule et vaste étreinte intégrale, de nature toute physique.

GUILHERME GARRIDO a étudié les arts plastiques et a suivi plusieurs ateliers de danse, notamment au Forum Dança de Lisbonne (Portugal). Il a été un des cofondateurs de « 555 », un centre culturel ayant ouvert ses portes à Porto et offrant un plateau à de jeunes artistes, et a co-organisé la rencontre SKITe/Sweet&Tender à Porto en 2008. Il combine la danse avec Maria Clara Villa-Lobos dans Super! (BE), avec Ibrahim Quraishi dans My Private Himalaya (EUA/NL) et pour Tommy Noonan / PVC Company Stadttheater Freiburg dans Tout Court (D).

PIETER AMPE a suivi de 2004 à 2008 les deux cycles de P.A.R.T.S. à Bruxelles. Durant cette formation, il crée On Stage (2006), un solo qu’il porte à la scène chez CAMPO dans le cadre des apéro-spectacles de De Bank, et Still Difficult Duet (2007) avec Guilherme Garrido. En 2008, il présente le duo O feather of lead (2008). Tous ces spectacles sont encore en tournée. Il a dansé dans When you look at me de Mia Lawrence et dans Cirque Danton du metteur en scène de théâtre Jan Decorte, dans une chorégraphie de Charlotte Vanden Eynde. Pour Maria Theresia entdeckt die zeitgenössische Kunst (2008), il travaille avec le duo United Sorry (Frans Poelstra & Robert Steijn), le plasticien Roland Seidel et la chorégraphe Anne Juren. Depuis 2009, Pieter Ampe danse dans la nouvelle production de Rosas sous la direction d’Anne Teresa De Keersmaeker, The Song. En 2011, Pieter a fait la pièce Jake & Pete’s Big Reconciliation Attempt For The Disputes From The Past avec son frère Jakob Ampe. Chez CAMPO, il est actuellement en résidence.


Oeil extérieur Louise Van den Eede
Photo Phile Deprez

Une présentation La Chapelle
Une production CAMPO en coproduction avec STUK, Leuven (B) & Buda, Kortrijk (B)
Créé en résidence à l’Espaço Alkantara


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Véronique Voyer

Duo hallucinant


Crédit photo : Phile Deprez

Que dire de Still Standing You? Deux hommes qui s’affrontent, rugissent et repoussent les limites du cabotinage pour prouver leur virilité. En fait, ce n’est pas de la danse que Pieter Ampe et Guilherme Garrido proposent, c’est un combat. Le duo révèle les dessous d’une franche camaraderie en passant de la cruauté à la tendresse et le résultat est tellement absurde que le public rit du début à la fin!

Avant même que le public entre dans la salle, les deux danseurs amorcent leur performance dans une position étonnante : Guilherme raconte sa découverte de Montréal (neige, poutine, smoke meat) confortablement assis sur les pieds de Pieter qui tremble de douleur. En imitant « l’avant-garde » avec ironie, le Portugais démontre une agilité incroyable ; il déploie ses doigts avec une volatilité qui impressionne, ce qui fait rigoler la foule. Happé par le divertissement, le public oublie de se soucier du Flamand qui joue la chaise entre deux spasmes musculaires, le visage rougi par l’effort.

Ce point de départ donne le ton de la « binarité » violence-plaisir expérimentée par le duo. Autrement dit, la douleur de l’opprimé est réduite au silence sous le confort de l’oppresseur. L’escalade de la violence se fait rapidement et le paroxysme est vite atteint lorsque les ceintures des danseurs se transforment en arme. Si la chair refuse de se taire et crie d’une marque rouge là où le bât blesse, les deux hommes se font un devoir de rester stoïque face à la douleur. Comme il n’y a pas de musique pour couvrir le bruit des raclées qu’ils se donnent, seul le son des corps qui claque témoigne de la force employée.

Entre curiosité, humiliation, prouesses physiques et douleur extrême, c’est un jeu cruel qui se poursuit tout le long de la chorégraphie et le duo nous transporte bien au-delà des limites définies par ce qui constitue un spectacle de danse contemporain. En plus d’innover sur la forme, les danseurs offrent un propos tout aussi pertinent sur le fond ; ils se jouent des clichés normalement attribués aux hommes. Par exemple? L’un déchire son t-shirt, l’autre le déchire à son tour puis rehausse le défi : il s’en fait un bandeau. L’un met son slip de Superman sur sa tête, l’autre en rajoute… L’un se racle longuement la gorge avant de cracher au sol et d’étendre son crachat pour délimiter l’espace. S’en suivent des jetées et des portées impressionnantes où celui qui porte tangue dangereusement sur la première rangée de spectateurs avant de courir vers le fond de la salle.

Du « déchirage » de t-shirt à la période de touche-pipi, cette danse rappelle l’authenticité des enfantillages. C’est la caricature d’un jeu d’enfant sous le thème de la virilité qui se retrouve couverte de ridicule et donc, inoffensive. On y voit en gros plan un souvenir de cet âge où un enfant arrache l’aile d’une mouche et la fait manger à son ami, juste pour voir.

15-02-2013