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Du 22 au 26 janvier 2013, 20h
Vu d'ici
théâtre
Texte de Mathieu Arsenault
Adaptation de Mathieu Arsenault, Christian Lapointe et Jocelyn Pelletier
Mise en scène Christian Lapointe
Avec Jocelyn Pelletier

Seul en scène pendant une heure et demie, Jocelyn Pelletier interprète ce texte « coup de poing » dans lequel rien n’est épargné : la vie de banlieue, l’économie de marché, la violence, la culture populaire, l’étroitesse d’esprit, la politique, etc. Vu d’ici se présente comme un pamphlet contre la télévision et l’abrutissement social qu’elle génère. C’est une charge contre la médiatisation outrancière qui banalise, désensibilise, asservit, aplanit. C’est aussi une virulente critique de la société québécoise contemporaine, la production télévisuelle en étant le reflet. Mais bien au-delà de la simple dénonciation, Vu d’ici se veut un appel à la dissidence, pour combattre la futilité et l’immobilisme, pour réveiller une génération endormie. Christian Lapointe met ici en scène le cri de révolte de la jeunesse, une parole forte et surtout pas politiquement correcte. Vu d’ici agit comme un cri d’alerte nous permettant de prendre conscience des effets pernicieux et dévastateurs de cet écran omniscient braqué sur nos vies.

LE THÉÂTRE PÉRIL
Le Théâtre Péril est connu pour ses productions exigeantes, creusant une dramaturgie prisant le risque, et la tentative d’élaborer des langages théâtraux propres à chaque expérience artistique jalonnant son parcours.


Section vidéo
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Assistance à la mise en scène Adèle Saint-Amand
Scénographie Jean-François Labbé
Musique et environnement sonore Mathieu Campagna
Lumière Martin Sirois

Une présentation La Chapelle
Une production Théâtre Péril


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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Dates antérieures

Du 4 au 7 juin 2009, Carrefour
du 28 août au 1er septembre 2012 - Méduse (Québec)

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge

VU D’ICI : « Je ne suis pas différent »

Pourquoi monter à nouveau un spectacle dont la création remonte à 2008, tout en conservant la même mise en scène? Parce que le message n’est pas passé, qu’il y a encore à dire, visiblement. La reprise de Vu d’ici est une réelle décharge sur l’ensemble du système et si Christian Lapointe sent qu’il faut encore dénoncer, c’est qu’il devrait y avoir encore à dire, que le problème demeure et qu’il y a encore un public à secouer. Cependant, on peut et on doit dénoncer avec tous les moyens différents qu’on peut trouver et de ce côté, Vu d’ici s’avère assez décevant.

Dans ce solo exigeant que livre le comédien Jocelyn Pelletier, le texte littéraire de Mathieu Arsenault adapté à la scène devient un « badtrip » existentiel causant le malaise, en abordant littéralement tous les sujets imaginables et dits problématiques de la société occidentale, mais seulement en surface et sans jamais proposer d’action directe pour résoudre le problème visiblement écrasant pour le personnage. Cette complainte se traduit donc en multiples images-choc faciles (se pendre avec la cravate, s’installer dans le panier d’épicerie comme un produit de consommation, brûler les drapeaux, la tête de Mickey Mouse comme emblème du rêve de la consommation…) et en un texte défaitiste, bien que très habillement écrit. La scénographie évoque fidèlement les principales thématiques (ou victimes) du spectacle : la télévision, la banlieue, la consommation, l’économie, l’identité, etc. D’ailleurs, il est fascinant de voir comment les téléviseurs allumés en scène arrivent à nous déconcentrer du spectacle. Ici, le message est assez clair, le danger de ce petit écran est évident.

Pourtant, de multiples pistes de réflexion se présentent, mais sont ignorées après quelques phrases en retombant dans un nouveau sujet. Le personnage, éduqué et cultivé, aborde son inquiétude d’être victime lui-même de ce qu’il dénonce, mais surtout d’être dans un cul-de-sac. « Se sentir mal, c’est banal », car tous passent par là et cet éveil de conscience est souvent superflu et sans valeur, nos efforts vains pour s’en sortir. Alors, si nous sommes dans ce cul-de-sac, pourquoi avoir quand même ce besoin de chialer comme tous les autres (Québécois)?

On nous présente les livres comme une consommation rapide, mêlée aux aliments chimiques du panier d’épicerie et quelques minutes plus tard, de façon presque prétentieuse, on nous décrit la culture comme seule nourriture pour développer un esprit critique et lucide. Que doit-on exactement en retenir?

Nous n’apprenons rien de nouveau sur notre société avec ce spectacle. Tout ce qu’on nous hurle est déjà vu ou entendu, nous connaissons déjà l’existence de ces mécanismes qui nous ont piégés. Certes, le problème n’est pas réglé. Mais après un printemps comme celui que nous avons eu, n’est-ce pas insultant de se faire crier dans les oreilles que nous sommes paresseux, inertes et lâches, que nous ne nous battons jamais pour changer les choses un tant soit peu? Reposons alors la question : pourquoi remonter ce spectacle après le printemps 2012? Pour poursuivre la lancée? Voilà qui serait intéressant, mais il semble complètement paradoxal de faire un appel à l’action par l’inaction.

Est-ce ici un portrait brillant de cette inaction inquiétante? Ou simplement encore un Québécois qui chiale sur la lâcheté et la soumission dite historique de son peuple sans pourtant ouvrir de porte à une solution possible? À qui s’adresse ce spectacle? Est-il présenté au bon public? Le spectacle frôle le génie, sans jamais l’atteindre puisque ses attaques demeurent floues.

25-01-2013



par Nadia Gosselin (Québec)

Adaptée d’un roman de Mathieu Arsenault, Vu d’ici est une pièce de théâtre virulente qui vous empoigne par le collet et vous secoue rudement. Si vous pensiez vous asseoir au théâtre comme on s’écrase mollement devant son écran de télévision pour se laisser divertir, le protagoniste de la pièce aura tôt fait de vous détromper et de vous extirper de votre torpeur.

C’est dans son costume de cravaté pantouflard que s’avance le personnage de Jocelyn aux commandes de son large carrosse, authentique panier de supermarché jaune soleil débordant d’objets hétéroclites. Poêle, frigo, divan et télé meublent son espace de vie. Il les nommera, répètera leur nom comme une véritable incantation rassérénante. L’individu se complait dans ses possessions, ses facilités, sa normalité. La consommation est devenue religion. À la radio, dans les journaux, à la télévision, on prêche les vertus du capitalisme, symbole de sécurité et de réussite. Il s’en trouve prisonnier, a grand besoin de forcer une brèche pour mieux respirer. On se reconnaît de toute évidence en lui. Jocelyn devient par la force des choses notre alter ego. Sa diatribe contre le matérialisme et l’avilissement de l’homme devant la dictature des médias le conduira au désordre nécessaire duquel doivent naître éventuellement l’ordre, le sens et la cohérence dont il a besoin pour se reconstruire une identité propre. Pour l’heure, il est près de la folie, aussi s’engage-t-il dans un délire de réflexions étourdissantes qui lui permettent de clamer sa pénible impression de ne plus exister autrement qu’en tant que public cible, cote d’écoute, clientèle, consommateur, électeur et payeur de taxes. Il s’avère dépouillé de sa singularité et affublé de rôles qui n’ont de fonction que celle de faire rouler perpétuellement la machine infernale de l’économie.

Présentée sous forme de long soliloque aux propos aussi éclatés que convergeant vers un seul et même constat, cette gigantesque défragmentation du cerveau banlieusard éclabousse les idées reçues et interpelle l’assistance jusque dans les linéaments de son inconscience. Le spectateur, happé par des vérités toutes crues, se voit sondé par un protagoniste clairvoyant qui, prenant conscience de sa propre réalité, nous renvoie sans ménagement à la nôtre.

Vu d’ici met en scène une crise d’identité et de sens dont l’actualité se renouvelle sans cesse au gré de la multiplication des conflits sociaux, des enjeux économiques et politiques ainsi que des messages outrageusement standardisés et stéréotypés des médias.

29-08-2012