Cube Blanc, c’est deux longs cris de solitude placés dans un cube — une solitude qui à elle seule fait naître des peurs innommables. Une solitude qui engendre une perte de contrôle, une recherche de l’autre, sans avoir les moyens de le trouver ; une incapacité non seulement à créer, mais à maintenir un sens face aux événements qui façonnent notre vie. La solitude égare les « personnages » de Cube Blanc, elle les fait basculer dans un état d’aliénation où les phrases ne se construisent plus, où les idées ne sont plus éclairées. Il ne reste alors plus qu’un certain nombre de mots sur lesquels on bloque et qui reviennent en boucle ; le sens s’émiettant.
Pour Cube Blanc, Gabriel Plante a réuni des artistes de milieux absolument différents. Certains sont passés par les écoles, d’autres ont été rencontrés dans la rue, mais ils possèdent tous les deux les qualités qui sont essentielles à leur travail, soit : le talent et l’intégrité. L’idée aura été de les réunir dans un travail global où chacun prend sa place, développe sa sensibilité propre et, surtout, la met au profit du spectacle et du groupe. De ce travail exigeant est né un langage qui nous est bien propre et que nous avons articulé dans le spectacle Cube Blanc.
Scénographie
Joel Desmarais
Costumes
Cloé Alain-Gendreau
Lumière et assistance à la mise en scène
Vincent de Repentigny
Photo Mathieu Caron
Une présentation La Chapelle
Une production Gabriel Plante
par Pascale St-Onge
En ouverture du festival ARTDANTHÉ au théâtre La Chapelle, Gabriel Plante présente sa première pièce programmée, Cube Blanc, présentée initialement à Québec l’an dernier au Carrefour international de théâtre.
Le spectacle à forte signature propose un objet scénique intrigant : deux structures amovibles à forme carrée qui, face à face, donnent l’impression d’un cube entier. Avec un travail d’éclairage réfléchi, l’image est complétée et l’illusion est presque parfaite. À l’intérieur de ce cube en mouvement, deux individus tentent de se rencontrer au milieu d’actions quotidiennes, mais le discours avorte et perd graduellement de son sens, en symbiose avec le cube qui se déconstruit continuellement.
Le metteur en scène et auteur du spectacle, Gabriel Plante, est présentement étudiant au programme d’écriture dramatique de l’École Nationale de Théâtre. Son écriture trouve ici une résonance particulière, l’abstraction du cube illustrant parfaitement le discours et l’état d’esprit des deux hommes. Les comédiens, Hubert Lemire et Jocelyn Pelletier, évoluent dans cette structure en créant un lien intéressant entre eux, bien que la déconstruction de la parole leur retire toute identité propre, toute caractéristique particulière à leur personnage.
Le cube en soi est une réelle fascination pour le spectateur. Bien que sa cohabitation avec le texte soit d'abord étrange et difficile à comprendre, celui-ci donne au cube une existence allant au-delà de l’objet plastique. Le dialogue, quant à lui, bénéficie de la présence de l'objet pour sortir d’un quotidien initialement présent dans la situation. Le court spectacle (à peine plus de 30 minutes) réussit son effet de déconstruction du sens dans la parole et du cube à la fois et trouve aisément son public dans le cadre de ce festival multidisciplinaire, proposant un équilibre intéressant entre théâtre, performance et arts visuels.