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Du 22 avril au 3 mai 2014, 20h
Elles XXXElles XXX
théâtre-performance - première mondiale
Textes, interprétation et idée originale Marie-Pier Labrecque et Mylène Mackay
Mise en scène et conseil à la dramaturgie Pierre Bernard
Co-mise en scène et mise en mouvement Manon Oligny

Elles XXx est un enchaînement de numéros complètement éclectiques s’inscrivant tous dans une posture féministe. Il s’agit d’une course folle pendant laquelle Mylène et Marie-Pier se confrontent et se séduisent, s’humilient et se dévoilent, repoussent leurs limites et prennent la parole. Dans ce marathon, les corps s’articulent et s’essoufflent dans un cadre à la fois précis et décadent. Il s’agit d’un enchaînement baroque où se succèdent théâtre, danse, musique live, projections vidéo, poésie et stand up comique. Elles XXx est un voyage ludique entre sobriété et excès, entre fragilité et grossièreté, entre réalité et fiction..

Bye Bye Princesse s’intéresse à la recherche et à la création, plus particulièrement dans une perspective féministe. Cette toute nouvelle association a été fondée par trois finissants de l’École nationale de théâtre du Canada (ÉNT). Marie-Pier Labrecque (interprétation 2011), Mylène Mackay (interprétation 2011) et Thomas Payette (production 2013), tous trois fondateurs de la compagnie, voient le théâtre comme une possibilité d’engagement social et de prise de parole. Dans le cas de Bye Bye Princesse, il s’agit d’un propos particulièrement féministe, porté par des femmes et des hommes, qui se traduit par une poésie ludique, un humour tranchant et noir et une prise de parole franche. Bye Bye Princesse ne vise pas à propager une morale castratrice et préconçue, mais à susciter la réflexion à travers le doute, l’inconfort et le malaise.


Conception visuelle et vidéo 
Thomas Payette
Assistance à la mise en scène et régie Andrée-Anne Garneau
Scénographie et costumes Odile Gamache
Répétiteur Benoît Rioux
Musique Gabriel Legault
Maquillage Jade Bruneau
Photo Marquis Montes

Une présentation La Chapelle
Une production Une production Bye Bye Princesse.
Créée en résidence à La Chapelle


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : bye bye princesse

Il s’agissait certainement de l’une des premières les plus attendues à la Chapelle cette saison, et avec raison. Deux jeunes diplômées de l’École Nationale de théâtre, Marie-Pier Labrecque et Mylène McKay, nous offrent un cabaret multidisciplinaire féministe, et ce, sans aucune concession sur leur position.

Le propos se centre surtout sur la commercialisation du corps de la femme. Le spectacle débute sous des airs de défilé de mode, alors que les deux comédiennes veulent prouver qu’il est possible d’être féminine et féministe à la fois, tout en parodiant et se moquant des préjugés qui veulent que seules les lesbiennes aient le droit d’être féministes. Les pendules sont remises à zéro : nous explorons le féminisme en talons haut et en dessous sexy.

Une panoplie de numéros dynamiques s’enchaîne, mêlant majoritairement danse et théâtre. Les deux comédiennes ont de l’énergie à revendre, leur performance est mémorable. Au menu, quelques DIY(Do it yourself) dérangeants tels que « Faire votre propre burqa » ou « Une lapidation en quelques étapes faciles », des publicités d’objets du quotidien mis en valeur grâce aux corps des femmes en sous-vêtements au premier plan, projetées sur le mur en arrière-scène, beaucoup de colère et de cris, mais aussi certains numéros plus drôles et légers. Le message des filles est bien clair, peut-être même un peu trop : elles refusent systématiquement tout marchandisage ou utilisation détournée du corps des femmes, elles veulent le libre choix et l’égalité pour toutes les femmes, dans toutes les sphères de leur vie. Et visiblement, selon elles, il y encore beaucoup à faire et tout à gagner.

Quoique le message et les demandes des deux femmes semblent ne tenir que du gros bon sens, le spectacle nous laisse un goût amer dans la bouche. La répétition des mêmes numéros et leurs variations fait perdre beaucoup d’impact au spectacle, mais surtout accentue l’effet de victimisation, de « chialage » et, surtout, celui du besoin de trouver un coupable à tout prix. Messieurs, il se peut que vous vous sentiez parfois de trop dans cette salle, comme si votre présence n’était pas désirée. Bien sûr, historiquement, l’homme est celui à qui revient l’oppression féminine, mais l’ère est aujourd’hui à l’entraide et à l’écoute. Faire porter le blâme des derniers siècles d’histoire de machisme et de misogynie à nos confrères n’est pas une façon de gagner leur appui et c’est malheureusement ce blâme, en partie, ce qui ressort du spectacle.


Crédit photo : bye bye princesse

Vous n’apprendrez rien de neuf sur la condition de la femme. Excision, avortement, violence conjugale, équité salariale ou la culture du viol, voilà des sujets abordés dans le spectacle, mais dont on ne nous révèle rien de plus que ce que les journaux ou la télé proposent dans leurs pages ou leurs émissions. Les problématiques ne sont généralement pas abordées de façon nouvelle, si ce n’est qu’avec plus de rage et de colère. Trois numéros se démarquent de cette constatation : Mylène Mackay joue le doute de la femme, en revêtant à une vitesse démesurée des pièces de vêtements jonchant le sol, tout en demandant l’approbation de la personne qui la regarde, avec les simples mots « ça va, ça ? ». Marie-Pier Labrecque, pour sa part, interprète de façon assez comique une femme d’affaires qui fait appel à sa secrétaire qu’elle maltraite pour être mère porteuse de son propre enfant. Renversement de situation, c’est ici la femme émancipée qui nourrit le malheur en en dominant une autre. Un peu plus tard, elle exprime la voix d’une femme angoissée par sa sexualité en plein ébat avec son partenaire, le premier et le seul homme du spectacle qui ne symbolise pas le mal incarné. Incapable de jouir par un stress de performance, elle se nuit à elle-même. Cette intrusion théâtrale dans le quotidien intime des femmes d’aujourd’hui est certainement le numéro le plus juste et pertinent de l’ensemble. À force de parler des problèmes d’ailleurs et de parodier le sexisme, on s’éloigne complètement du propos, n’étant aucunement atteint par celui-ci. Pas la peine de crier leur colère, ce que les deux actrices font à profusion, puisque cela de donne pas plus d’arguments au propos.

Certes, la réalité des femmes dépeinte par les deux comédiennes est encore alarmante et mérite qu’on en parle au théâtre, et partout ailleurs aussi. Elles le font sans gêne, sans pudeur et donnent tout ce qu’elles ont pour nous dire ce qui les révolte. Leur immense talent leur sert d’ailleurs grandement dans chacun des numéros colorés et dynamiques. Malheureusement, peut-être que l’excès de colère faisant percevoir une certaine rancoeur et la surenchère font perdre de la force au propos.

29-04-2014