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Du 4 au 8 février 2014, 20h
OrganonOrganon
multidisciplinaire - première mondiale
Mise en scène Alexander Wilson et Mélanie Verville
Avec Mélanie Verville, Catherine Cédilot et un interprète à déterminer

… et c’est ainsi que le corps s’organise à tous les niveaux, se distribuant selon des séries de rétentions et de prétentions… Dans les atomes qui s’alignent dans les structures du cristal et les petits organismes qui peuplent la cellule biologique… Dans les astres qui se constellent à l’échelle du cosmos… En passant par l’animal, le psychique et le collectif. Sur chaque strate, les intensités du chaos se contractent en habitudes, en mémoires, en attentes. Actéon est le chasseur qui devient perpétuellement sa proie, lorsque la contraction se livre à son aiguillage dans l’espace-temps, et qu’un horizon d’attentes se dégage de l’expérience. Et voilà que se manifeste Narcisse, car l’horizon se referme et devient sélection de l’avenir, anticipation. Narcisse prétend, ne voyant dans l’avenir que sa propre image. Mais la création implique l’invention d’un autre corps, un corps paradoxal et étrange, une créature monstrueuse…  

Parabolik Guérilla Théâtre se livre à l’agencement de la performance physique, du son, de la lumière et des nouveaux médias, en s’inspirant de réflexions philosophiques qui interrogent l'humain, la société, l’histoire, le corps, l’inconscient et l’émergence de la complexité dans le cosmos. Dirigée en duo par Mélanie Verville et Alexander Wilson, la compagnie offre depuis 2005 des expériences théâtrales hors-normes où les complexes d’idées se dérobent en images sensibles et parlantes, en effets synesthésiques, en ambiances oniriques et évocatrices. Toujours dans l’esprit d’une hétéropoièse artistique, il est pour eux question d’exprimer les bouleversements souterrains de l’expérience humaine contemporaine par la mise en tension de facteurs actifs disparates, en multipliant les liens transversaux entre le symbolique, le physique et l’expérience vécue.


Section vidéo


Scénographie et costumes Geneviève Boivin
Musique Alexander Wilson et Félix-Antoine Morin
Photo Alexandre Lampron

Une présentation et une production Parabolik Guérilla Théâtre.
Créées en résidence à l’Usine C et à La Chapelle


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard

Déconstruction de la matière


Crédit photo : Alexandre Lampron

« Les algorithmes cosmiques, les codes génétiques de l’univers n’entrent en jeu que longtemps après l’anisotropie qui les permet. L’anisotropie du cosmos, elle-même l’enfant terrible que la fluctuation quantique, de la stochasticité intrinsèque du vide pure, engendre tout objet complet en passant par la production de creux, de plus, d’invaginations, de textures, par la différence qu’elle recèle point par point, moment par moment ».

Voilà qui met la table complexe, physique et scientifique, de Organon, la nouvelle production de Parabolik Guerilla (Homo Faber), présentée à La Chapelle la semaine dernière. Dans une mise en scène sobre, mais ingénieuse - un drap transparent par terre, suspendu en quelques endroits, qui descend et monte tout au long de l’heure et demie de la pièce -, Organon se veut une genèse de notre évolution.

À travers une performance physique, musicale et lumineuse, la petite troupe, composée de Catherine Cédillot, Mélanie Verville, Alexander Wilson et Félix-Antoine Morin, se meut à travers des moments, des séries de mouvements répétitifs ou des évocations d’images de l’histoire génétique de l’humain. Le rapport aux corps, aux cellules, à la genèse quantique, au viscéral physique, est central pour Parabolik Guerilla, et très bien incarné dans Organon, même si certains moments du fil conducteur (l’évolution) ne sont pas toujours évidents à saisir. On navigue du serpent originel à la multiplication des cellules, en passant par une scène de bagarre animale, puis par les hommes « technos » que nous sommes devenus et l’évocation, par l’unique moment parlé de la pièce lors des 15 dernières minutes, du meurtre, partie malheureusement indéniable de la nature humaine.

Le jeu physique du groupe force l’admiration. Un peu longs et répétitifs par moments, il faut tout de même souligner les mouvements extrêmement physiques, à la fois gracieux et bruts, individuels et collectifs de tous et de toutes. C’est la musique qui mène le rythme de la pièce, elle aussi très originale (Alexander Wilson et Félix-Antoine Morin), même si un peu insistante et persistante. Les éclairages ponctuent également les scènes ; rouges au moment de la bagarre, blancs et jaunes pour faire danser les cellules.

Mélange de danse, de performance physique, d’interprétation musicale, média et littéraire, Organon est un objet théâtral difficile à qualifier, à saisir dans son entièreté sans connaitre la profondeur de la démarche et de la compagnie. La lecture du programme aide à le faire, mais sinon, se laisser porter par les mouvements complexes et évolutifs de Parabolik Guerilla pousse la réflexion et la volonté de comprendre et de saisir comment se traduit notre évolution à travers cette pièce unique.

09-02-2014