De Rage est une création qui entrecroise théâtre et mouvement, afin de témoigner de la difficulté avec laquelle nous devons allier notre quête de bonheur et notre lucidité.
C’est le premier élan, le premier effort d’un cycle qui se nomme « CE QUI NOUS BROIE ». C’est un objet qui se fout de sa définition, où la parole se fait sauvage et fragmentée, où les corps, au bout de leurs peines, tentent désespérément de trouver un sens, un chemin, une issue. C’est un moment de fureur pour espérer la beauté. Se battre pour elle. En toute nécessité.
Explorant ici la quête de sens et le désir de réenchantement dans un monde drogué à l’innocence, à la sensation forte et aux mensonges, De Rage creuse d’indignation de 6 performeurs, depuis leur désillusion jusqu’à l’explosion. Débarrassés de leur armure, dépouillés de leur innocence, ils pourront peut-être espérer goûter à ce désir d’humanité et à cette envie que les choses aient un sens.
Burn/Créations scéniques n’est pas qu’une compagnie. C’est une pensée en mouvement. Fondée en janvier 2013, Burn/Créations scéniques favorise la recherche et la création contemporaine tout en ayant le mandat de créer des œuvres scéniques iconoclastes marquées par la nécessité et l’urgence, tant dans leur propos que dans leur forme. Dirigée par Bruno Dufort, la compagnie navigue entre les formes, favorisant les rencontres entre différents artistes et médiums scéniques, tout en participant à la libre circulation d’idées nouvelles. Les étiquettes (théâtre, danse, performance) ne l’intéressent pas. Seule la force de frappe de l’œuvre compte à ses yeux. Burn/Créations scéniques a présenté le laboratoire de création Apocalypse Me, en collaboration avec À Deux, lors de l’édition 2013 de Zone Homa.
Dramaturgie
Marilou Craft
Mentor à la dramaturgie
René-Daniel Dubois
Mentors à la création
Marie Brassard
Assistance à la mise en scène
Vincent de Repentigny
Scénographie
Max-Otto Fauteux
Lumière
Maxime Bouchard
Photo Ulysse Del Drago
Une présentation La Chapelle
Une production Burn / Créations scéniques
par Pascale St-Onge
Lors de sa fondation, il y a quelques mois à peine, la compagnie BURN a créé un certain buzz, notamment sur les réseaux sociaux. Pendant quelque temps, le nom de Bruno Dufort, jeune metteur en scène à qui l’on doit la cocréation de Apocalypse Me (Zone Homa, Festival SOLOS), a beaucoup circulé et a piqué la curiosité de plusieurs. Le jeune metteur en scène s'est entouré d'une large équipe, issue d’une relève artistique très talentueuse. Ainsi, De Rage, le premier spectacle de la compagnie, a fait parler de lui, et ce, bien avant sa présentation à La Chapelle. Un bon coup de publicité pour un spectacle qui ne fût malheureusement pas à la hauteur du fameux buzz.
Dans une arène contenant des centaines de ballons gonflables, les six interprètes expriment, par les mots ou le mouvement (mais aussi par la musique, avec Mykalle Bielinsky), une certaine fureur, et tentent une cohabitation dans un espace onirique. Visuellement, le spectacle est saisissant et nous transporte, grâce à l’esthétisme léché et à la scénographie toute en simplicité de Max-Otto Fauteux, un concepteur très populaire, dont tous semblent s'arracher les services cette saison-ci. Les chorégraphies, peut-être en raison des expériences antérieures des interprètes, rappellent à notre mémoire tout le travail qu'on voit au Québec depuis quelques années ; peut-être un peu trop, d'ailleurs. Bien que le résultat soit très bien rendu, la réflexion sur le mouvement aurait pu être poussée plus loin pour ainsi éviter de nous offrir qu'une pâle copie de ce qui est à la mode dans les salles montréalaises depuis Dave St-Pierre.
Venant ruiner complètement ce qu'installe le geste dans certains magnifiques moments, la parole est maladroite et vide. Avec un abus de poésie et un manque d'action dans ce qui est dit, la parole n'est ici qu'un flot superflu de sons et nous mène à cette question qui demeure sans réponse jusqu'à la sortie du théâtre : que veut nous dire Bruno Dufort par ce spectacle? Pourquoi ces choix, précisément? Il en va de même pour la présence et l'apport de Mykalle Bielinsky, poète et musicienne, qui ne manque pourtant absolument pas de talent. Ses chansons et sa poésie n'apportent que bien peu de sens à l'ensemble de la proposition.
Malgré certains moments d'extase de nature esthétique et malgré la mise en commun de multiples talents (car il faut dire que tous les interprètes brillent d'une présence scénique exemplaire) que nous offre De Rage, les pistes de réflexion et la quête de sens de ce spectacle manque de clarté ; celui-ci va dans tous les sens et ne parvient pas à atteindre le public. Nous ne pouvons souhaiter à Bruno Dufort, à l’avenir, que de réussir à bien tenir la barre de son navire, en gardant le cap sur le sens de sa proposition, lacune évidente du spectacle, tout en conservant son sens de l’esthétisme.