La valeur des choses s’inscrit en continuité avec les œuvres antérieures du créateur Jacques Poulin-Denis qui aime explorer ce qui nous définit, nous motive et nous affecte en tant qu’être humain. À l’heure où nos choix individuels sont plus que jamais à questionner face aux enjeux collectifs, que représente, pour chacun d’entre nous, la valeur des choses ? Quels sont nos principes et nos limites ? Qu’est-ce qui nous tient viscéralement à cœur ? La valeur des choses construit une atmosphère propice à la réflexion qui nous ramène à nos choix et attitudes dans tout ce qui constitue notre vie d’humain entourée de millions d’autres vies.
Grand Poney est une bête insaisissable, digne et fantaisiste. Fondée à Montréal en août 2009 sous la vision de son directeur artistique Jacques Poulin-Denis, cette compagnie d’art interdisciplinaire rassemble des artistes échangeurs d’idées qui façonnent un mode de création ancré dans l'expérimentation de la danse, de la musique et du théâtre. Elle développe une écriture scénique hybride et idéelle qui se réinvente indéfiniment, qui interroge son rapport à l’autre et qui joint l’évident et l’imaginaire. Les œuvres de la compagnie incluent La valeur des choses (2014), Gently Crumbling (2011), Practices (2009), Cible de Dieu (2009) et DORS (2007). Avec ses idées de grandeur qui le rendent téméraire, Grand Poney tente de réaliser une pointe d’impossible.
Section vidéo
Musique
Francis d’Octobre, Jacques Poulin-Denis
Lumière
Marie-Eve Pageau, Alexandre Pilon-Guay
Conseils artistiques
Claudine Robillard
Photo Dominique Skoltz
Une présentation La Chapelle
Une production Grand Poney.
Créée en résidence à La Tribu, Tanzwerkstatt, Vancouver Dance Center, Danse Danse/Centre Segal et Dance Victoria.
En partenariat avec le Goethe Institut.
par Pascale St-Onge
Chaque année, la Chapelle prend un pari risqué : sa programmation comporte plus de spectacles que la moyenne des salles de Montréal et la grande majorité laisse la place à une relève audacieuse. Cette direction artistique nous propose un saut dans le vide à chaque représentation. Difficile à dire si le spectacle saura nous souffler autant qu’on le souhaite et nous faire découvrir les grands noms du théâtre québécois de demain. Jusqu’à présent, il est dommage, mais nécessaire, d’avouer que les coups de cœur se sont avérés plutôt rares depuis la rentrée en septembre. Il aurait semblé que cette vitalité si rassurante chez notre relève s’était quelque peu éteinte. Mais voilà que le spectacle La valeur des choses prend d’assaut la scène de La Chapelle et vient rallumer cette flamme vacillante.
Jacques Poulin-Denis nous offre un spectacle multidisciplinaire équilibré et brillant sur, comme le titre du spectacle l’indique, la valeur des choses ; notre manie de tout calculer ou désirer comme un produit. Malgré que le thème soit considéré par plusieurs comme usé tant il a été exploité par le passé, l’équipe de Poulin-Denis apporte un regard nouveau et posé sur la question.
La scène ne comporte qu’un piano et, dans un coin au fond de la scène, une montagne immense de boîtes de carton. Quatre hommes en scène : danseurs, musiciens, comédiens ; leurs talents immenses cohabitent parfaitement dans la proposition du spectacle.
Le début du spectacle ne laisse pas percevoir toutes les qualités de celui-ci, nous bombardant d’informations et de statistiques sur la consommation et quelques principes d’économies de base, tel que « seulement 8% de l’argent mondial existe ». Ne vous laissez pas prendre au jeu, on ne fait que mettre la table.
La suite enchante : les mots se font plus rares, les chorégraphies et la musique de Francis d’Octobre (les deux éléments forts du spectacle) nous entraînent plus profondément dans le sujet. L’intimité des quatre individus refait surface, leur tentative désespérée de demeurer en contact avec leur humanité est désarmante. Le tout, habilement orchestré et d’une lenteur juste qui nous permet d’apprécier tout ce qui se déroule à la fois sur scène. Au cœur de cette sensibilité de ces hommes, le caractère obsessif auquel peut nous pousser l’argent tiraille les interprètes. De belles surprises viennent aussi ponctuer le spectacle, tel ce rap qui vient presque clore le tout.
La valeur des choses, c’est une tronçonneuse dans la culture de l’argent, un désir de destruction pour la survie de notre sensibilité. Le passage trop court de ce spectacle à La Chapelle nous laisse sur notre faim : en plus de nous habiter longuement, le désir de voir une prochaine création du jeune créateur s’empare de nous rapidement.