Un spectacle choral, une fresque en plusieurs tableaux qui vise à dresser un certain portrait générationnel. Les individus/personnages sont les propres artisans de ce spectacle, tour à tour bourreaux et victimes. À la manière d’une espèce de rituel médiatique, ils mettent en scène leurs propres malheurs… et leurs bonheurs aussi.
Notre être prive les humains d’individualité et engendre des troupeaux d’êtres en mal d’être ; et en mal de devenir, c’est-à-dire en défaut d’avenir. Ces troupeaux confus auront de plus en plus tendance à devenir furieux. Furieux et vides.
Des existences en quête / perte de sens.
Entre Vous et Moi, il n’y a qu’un mur.
L’horreur côtoie l’ordinaire au quotidien.
Notre soif constante de voyeurisme.
Attentat à cette standardisation de l’individu dans le but avoué de recentrer l’humain au cœur de ce chaos moderne.
C’est devant une envie grandissante de créer du théâtre différent, plus axé vers la recherche sonore, que la mise sur pied de la compagnie Sushi (Poisse\Son\Mort) s’est imposée. La compagnie à créé La mélodie entre la vie et la mort de Jocelyn Pelletier à Premier Acte durant la saison 2009-2010, et Biscuit chinois, en collaboration avec Pascal Asselin, dans le cadre du Mois multi 2011 sous la forme de cabaret audio. Cette performance a été retravaillée et présentée à Montréal et à Ottawa. Entre Vous et Moi, il n’y a qu’un mur a vu la lumière du jour lors de la saison 2011-2012 de Premier acte. Jocelyn Pelletier travaille présentement sur un nouveau spectacle inspiré de l’univers de Brett Easton Ellis.
Assistance à la mise en scène
Rachel Lapointe
Scénographie, costumes et accessoires
Dominic Thibault
Lumières
Jean-François Labbé
Environnement sonore
Pascal Asselin
Mouvement
Karine Ledoyen
Photo
Gabriel Talbot Lachance
Une présentation La Chapelle
Une production Sushi (Poisse/Son/Mort)
Dates antérieures
Du 18 au 28 octobre 2011, Premier Acte + Du 3 au 7 décembre 2013
par Pascale St-Onge
Faire tomber les murs entre les générations, voilà ce à quoi semble aspirer l’équipe du spectacle Entre vous et moi, il n’y a qu’un mur ;dresser le portrait de différents groupes de la société, différents microcosmes, démontrer leur perte de repères au milieu de l’horreur et de la violence.
Avec quatre interprètes, l’auteur et metteur en scène du spectacle Jocelyn Pelletier nous présente divers tableaux et de multiples personnages, majoritairement des couples et des adolescents, qui prennent vie dans un environnement aux inspirations très urbaines.
L’ensemble de la scénographie est effectivement très réussi. La présence de la caméra, qui enregistre en direct et est projetée en double sur le mur du théâtre, offre un regard différent sur les personnages, parfois plus documentaire ou plus esthétique. Un grand mur est illuminé en fond de scène et les interprètes y écrivent les titres des tableaux sous forme de graffitis. L’éclairage sert majoritairement à fragmenter l’espace : parfois une simple ligne lumineuse vient séparer les personnages, métaphore de ce mur dont il est question dans le titre de la pièce.
Mais que nous dit-on au juste ? Avec un niveau de jeu, un ton et une plume très poétiques, mais peu théâtraux, les dialogues s’enfilent sans qu’on ne saisisse trop les enjeux de chaque personnage. De ce spectacle très dense et qui veut visiblement dire beaucoup de choses, il ne nous en parvient que très peu - mis à part le tout dernier tableau où la situation de ce tireur dans une école secondaire est très claire et la tension est bien présente. Les interprètes semblent parfois étourdis, leurs différents personnages manquant parfois de nuances, mais nous offrent somme toute une bonne performance (particulièrement Alexa-Jeanne Dubé, très présente à La Chapelle cette année, qui livre un dernier monologue percutant.).
Entre vous et moi, il n’y a qu’un mur se veut un spectacle choral, mais qui nous plonge dans une confusion due au trop grand nombre de trames qui ne sont pas exploitées à fond. Malgré certains moments plus accomplis, l’ensemble du spectacle donne l’impression d’être encore au stade d’exploration et du laboratoire et ce mur qui devait tomber entre nous reste bien solide et debout.