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Du 28 octobre au 1er novembre 2014, 20h
Le coeur animalLe coeur animal
LIRE L'ENTREVUE ACCORDÉE PAR NADIA ESSADIQI À NOTRE COLLÈGUE OLIVIER DUMAS
théâtre
Texte Nadia Essadiqi
Mise en scène Ariane Castellanos
Avec Nadia Essadiqi, Julien Lemire

Le cœur animal, une histoire particulière et fulgurante entre Laura et Thomas, deux guerriers de l’amour. Un récit interdit. Une idylle de celles qui déchirent et déploient, qui donnent envie de vivre et de mourir. Au centre de ce poème théâtral, de cette chanson scénique, de cette rafale de mots dansés, deux corps qui s’exaltent et s’éprouvent. Deux cœurs qui se grugent. Deux bouches qui se mangent.

Quatre poumons qui se crient.
Le cœur animal, un concert rock pour danseurs-poètes où les mots et la bass se chamaillent un bout d’espace autour de deux bêtes.

Sache que l’amour
Est plus fort que nous. Et que le cœur
Est animal.

Nadia, Julien et Ariane.
La réunion de trois entités un peu débiles et magiques.
Pour créer le fun. Pour créer la vie. Pour créer Le cœur animal. Parce qu’y faut ben faire des affaires dans le monde.
Faire l’art, faire mal, faire dur, faire l’amour.
On a décidé de le faire à trois.
Triangle équilatéral qui se pitch à l’envers, debout sur la pointe. Ça fera même pas mal.
Trio du jour ou pour toujours. Tatoué sur ta fesse.
Ça fera pas plus mal.
Ou peut-être juste un peu. 


Photo Ariane Castellanos

Une présentation et une production Nadia Essadiqi.
Créée en résidence à La Chapelle
La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Marc-André Goulet

Si le nom de Nadia Essadiqi ne vous dit rien, vous reconnaîtrez peut-être davantage son pseudonyme La Bronze, qu’elle utilise pour sa carrière musicale. L’artiste multidisciplinaire a créé, en résidence à La Chapelle, Le cœur animal, son premier texte dramatique dans lequel elle joue également l’un des deux rôles.

Laura et Thomas, deux jeunes à l’âge flou, ne peuvent s’aimer. Leur histoire est celle d’un amour qui ne veut connaître aucune limite, qui cherche sans cesse à s’épanouir et à se libérer du regard désapprobateur des autres. Leurs sentiments sont bruts, ils vivent cet amour sans aucune concession et celui-ci, on le devine bien assez vite, aura son lot de conséquences.

Dans un esthétisme rappelant le paroxysme des années 90 et une bande sonore éclatée (coup de cœur pour la reprise de la célèbre chanson On va s’aimer), les acteurs Julien Lemire et Nadia Essadiqi nous offrent le portrait de deux personnages forts, à la naïveté désarmante et à la passion dévorante. Formant un duo attachant, les deux comédiens ne jouent pourtant pas à force égale. Julien Lemire nous offre une performance de haut niveau et s’approprie la poésie singulière du texte comme s’il s’agissait d’une langue connue depuis longtemps. Nadia Essadiqi n’offre pas la même prestation, perdant de la justesse et de la force plus le spectacle avance et tombant dans un jeu trop gros, caricaturant la jeune adolescente. Peut-être cela était-il un choix de la metteure en scène Ariane Castellanos, car ce ton fonctionne par moments, mais la comédienne sonnait souvent faux à côté de son partenaire de jeu.

Autour de ce texte, la metteure en scène choisit une partition très physique, à la limite de la danse, dans laquelle les deux interprètes sont très à l’aise. Le texte, quant à lui, tel un véritable joyau, se révèle comme une chanson ou un long poème mixant les grandes envolées lyriques au langage familier et aux références populaires des jeunes adultes. Malgré tout, le texte pourrait profiter de certains questionnements de conventions. Par exemple, difficile de saisir la notion du temps dans la pièce. Le public est gardé dans une certaine confusion, à savoir combien de temps passe, ou encore l’âge des personnages. Alors que l’ensemble du texte semble vouloir se concentrer sur la relation fusionnelle de Laura et Thomas, certaines interventions du monde extérieur détonnent. Les parents et les collègues de classe sont des personnages beaucoup moins précis, bien qu’absents, et c’est pour cette raison qu’ils semblent manquer de cohérence dans le récit.

Pour un premier texte, malgré quelques maladresses, Nadia Essadiqi prouve qu’elle porte en elle un univers aux sentiments explosifs et une poésie qu’on désire découvrir davantage. Ce spectacle, sous les sons de synthétiseurs et ses couleurs fluo, charme et fait redécouvrir au public les plaisirs de la passion brute. Une véritable tragédie moderne.

30-10-2014