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Du 16 au 20 septembre 2014, 20h
NombreuxNombreux seront nos ennemis
multidisciplinaire
Texte Geneviève Desrosiers
Direction artistique et mise en scène Hanna Abd El Nour
Avec Ève Pressault, Emmanuel Schwartz, Klervi Thienpont, Émilie Gilbert, Joseph Elliot IsraëL Gorman, Sarah Chouinard-Poirier, Dany Boudreault

Nombreux seront nos ennemis est une ode à la vie et à la mort, un salut et un adieu aux êtres chers, aux paysages du pays... C’est une œuvre de 27 poèmes et d’écritures intimes... C’est la mutation de milliers de paroles en tableaux vivants... C’est la maladie d’amour des corps jeunes et divins... C’est la démesure des jeux du jour et de la nuit... C’est une fête d’enfants pour les vieillards... C’est le rêve des vieillards de redevenir enfants... C’est la langue gracieuse et sale d’une génération prise entre son feu de vivre et sa léthargie désenchantée... C’est la solitude qui disparait dans la boucane du tabac, dans le flux de l’alcool comme une overdose dans le sang... C’est l’histoire d’une vie prise au risque des promesses... C’est l’ironie du destin...

L’URD (Québec) produit des œuvres d’art contemporain qui plongent le public au sein d’une expérience sensorielle, voire événementielle. Il cherche à faire de ses créations un espace politique où se rencontrent artistes et citoyens, de sorte qu’ensemble ils remettent en question les enjeux de leur société. Il contribue à l’émergence d’une vision du monde où dialoguent les diverses cultures et disciplines, où se métissent les expressions, les idées et les savoir-faire artistiques.

VOLTE 21 (Montréal) est un groupe nomade de créateurs indisciplinés issus d’horizons multiples. Il est en quête de nouvelles dynamiques de création et de production. Il œuvre à faire de l’art un acte politique, propose une expression artistique risquée et s’impose comme une possibilité qui suscite un débat dans la cité. Dans leur geste d’écriture plurielle, ses artistes remettent en question dans une révolte festive l’absurdité de notre monde et la vanité de notre époque.


Éditeur L’Oie de Cravan.
Assistance à la mise en scène et régie Chloé Ekker.
Espace et installation Eric Cardinal
Lumières Martin Sirois.
Composition et conception sonore Jean-François Blouin.
Costumes Fruzsina Lanyi.
Image et film Émilie Baillargeon.
Chorégraphie Catherine Gaudet.
Dramaturgie Ali Youssof
Photo Anne-Marie Piette

Une présentation La Chapelle. Une coproduction Urd + Volte 21


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Yan Turcotte

La poète Geneviève Desrosiers ne nous aura laissé qu’un seul recueil, posthume, après sa mort accidentelle en 1996. Mis à part la poésie, la jeune femme travaillait les arts visuels, était l’amie de peintres et sculpteurs et s’était intéressée au théâtre, notamment. Peut-être est-ce involontaire, mais c’est dans un certain souci du parcours de l’auteure que s’est créé le spectacle multidisciplinaire Nombreux seront nos ennemis. En tout, ce sont  27 poèmes et fragments de texte qui sont mis en scène et déclamés par la distribution de sept comédiens-danseurs.

Afin de profiter de l’installation sur le plateau de quelques œuvres d’art d’Éric Cardinal, l’entrée du public se fait donc par la loge de la Chapelle, tandis que les acteurs font leur entrée en scène depuis les estrades. La distribution est à l’image d’une jeunesse à la voix forte et puissante, colorée et entreprenante ; une impression qui demeure du début jusqu’au tout dernier moment. Certes, on s’interroge sur environ tous les sujets imaginables à travers les divers poèmes, mais c’est surtout un rejet de la passivité qui nous habite lorsqu’on sort de la salle. L’implication de certains acteurs, tels Emmanuel Schwartz et Ève Pressault, qui sont d’une puissance et d’une justesse sans nom, nous permet de vivre de grands moments, mais la distribution est malheureusement bien inégale en ce qui a trait à la performance.

L’ensemble soulève bien des questions, notamment sur la théâtralisation de la poésie. Il ne s’agit pas du premier spectacle de La Chapelle qui explore cette avenue. Il suffit de se remémorer le spectacle TARAM, à l’hiver 2013, qui incarnait les textes de la slameuse Marjolaine Beauchamp. Ici, la tentative prend une tout autre forme, usant de la danse-théâtre pour nous faire accéder aux poèmes. On ressent bien les ateliers d’exploration dans le résultat final, guidé par la chorégraphe Catherine Gaudet, que ce soit par la répétition ou la variation autour d’un même thème. D’ailleurs, cela nous mène à un autre constat : on se sent beaucoup plus près d’un laboratoire que d’un résultat final.

Un autre détail nous guide à cette conclusion : la longueur du spectacle. Certains spectacles, notamment dans le cadre du FIL, nous offrent la poésie en spectacle, mais respectent les limites de rétention de son public. Il est aisé de dire que 27 poèmes, c’est déjà énorme comme charge pour un seul spectacle, mais voilà qu’en plus, ceux-ci sont souvent fragmentés, remaniés et répétés à multiples reprises. Si Nombreux seront nos ennemis nous fait vivre de magnifiques moments à la charge émotive très intense, ceux-ci sont gâchés par la longueur de la représentation.

La nature multidisciplinaire du spectacle peut aussi être remise en question. Au milieu des œuvres plastiques, de la danse, de la vidéo, des procédés de théâtre contemporain et de la musique, voilà que le matériau de base, soit le texte, nous échappe complètement. De tous les médiums utilisés, c’est la poésie à laquelle nous avons le moins accès. Il faut évacuer toute la machine théâtrale pour en capter quelques morceaux et enfin prendre conscience de toute la beauté de ceux-ci et du grand talent de cette auteure québécoise méconnue. L’équipe de Nombreux seront nos ennemis a voulu en faire trop ; parfois il faut tout simplement faire confiance aux mots et concentrer nos efforts autour des acteurs, eux qui auront la difficile tâche de nous transmettre cette poésie.

19-09-2014