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Du 2 au 6 mai 2017, 20h

Musique - Théâtre - Multimédia
Chant, mise en scène, interprétation, musique et texte Mykalle Bielinski

Éloge du sacré, de la beauté, de l’élan créateur et de la démesure, Gloria est un opéra immersif multimédia alliant chant théâtral, musique électronique et vjing. Souveraine au milieu d’écrans disposés à 360 degrés autour des spectateurs, Mykalle Bielinski livre une œuvre lyrique polyphonique envoûtante qui s’entrelace aux projections vidéo vertigineuses déployées en maints tableaux. Son chant, composé de pièces liturgiques et traditionnelles, ainsi que sa musique invitent au recueillement et à la contemplation. En alliant technologie et spiritualité, Gloria fait vivre une expérience musicale mythique, un état de grâce qui transporte aux frontières de contrées intérieures inexplorées. La présence magnétique de la chanteuse, sa voix angélique et puissante induisent une transe méditative et élévatrice. Le sacré s'y révèle comme autant d'émotions vécues de manière épidermique, comme un éveil où l'intime devient paysage de mythologies personnelles.

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Avec sa création Gloria, la musicienne multidisciplinaire Mykalle Bielinski touche au sacré, celui qui baigne le lieu de rassemblement et de communion qu'est la salle de spectacle. Avec son concert immersif, l'artiste allie arts visuels, chant et poésie dans un exercice risqué, mais joliment réussi.

Au centre du Théâtre La Chapelle, le public se réunit en cercle, assis sur des coussins posés à même le sol. À la fois curieux et impatients, mais poussés à chuchoter comme à l'église, les spectateurs observent et s'observent. Ici, c'est un tabouret qui fait office d'autel, et celle par qui viendra la parole ne surgit dans la lumière qu'après un long préambule de paysages projetés à 360 degrés sur des toiles autour du public. Les projections nous montrent d'autres lieux sacrés, des civilisations depuis longtemps disparues, des pierres à présent silencieuses.

Pour son concert immersif, Mykalle Bielinski manie habilement technologies et voix. L'expérience se révèle vite déstabilisante, mais pas moins fascinante: tandis que les images défilent dans un silence respectueux, la poésie des mots se glisse à l'intérieur du cercle de spectateurs, ajoutant à l'énigme de ce spectacle hors-norme. «Toute la beauté tient dans l'éloge d'un lieu non atteint» nous sert de mot de bienvenue, et c'est précisément avec ce lieu non atteint que Gloria valse pendant près d'une heure.

Dans sa chapelle ardente, Bielinski fait résonner sa voix avec grâce, à la fois puissante et enveloppante, puisant pour ce faire dans le répertoire liturgique. Elle nous berce tantôt d'une prière georgienne tantôt du Gloria de Rachmaninov. Dans le petit cocon que devient la scène de La Chapelle (au nom plus que jamais à propos), les coeurs se tendent et les oreilles s'ouvrent pour écouter la poésie de Bielinski, dont les premiers mots, confiés tout personnellement à chacun des spectateurs présents, deviennent rapidement une litanie, puis une liturgie. Un des moments les plus réussis du spectacle.

Au coeur de la lumière des projections, qui continuent de défiler sur les toiles, la poésie inspire, et tant pis si elle nous semble parfois obscure, car elle a une respiration bien à elle qui finit par toucher juste. Si par moments, l'esprit s'égare, en raison de l'inconfort physique et de la sensibilité de chacun à la poésie, il n'en demeure pas moins que l'alliage de musique, d'images et de mots crée ce moment de communion souvent souhaité au théâtre, mais bien moins souvent atteint.

Très introspectif, Gloria propose une expérience unique qu'il vaut mieux vivre en acceptant de simplement suivre cette voix qui ouvre le passage, sans juger, sans questionner.

05-05-2017