Logique du pire met en scène cinq interprètes venus déployer la notion du pire devant public. Allant d'anecdotes en démonstrations, en envolées, le pire se révèle être un puissant corrosif philosophique, exposant notre rapport au monde sous une lumière cruelle, sombre et ludique. Même les interprètes n'y échapperont pas.
Projet avant tout scénique, Logique du pire mobilise texte, mouvement, musique et décor, à la recherche d'un univers capable non seulement de séduire le spectateur, mais également d'en faire le complice privilégié d'une véritable vision du monde. Étienne Lepage fabrique des mondes en morceaux, drôles et sombres. Logique du pire est sa plus récente création, à travers laquelle il poursuit sa collaboration avec le chorégraphe Frédérick Gravel.
Section vidéo
Scénographie et costumes Romain Fabre
Lumières Alexandre Pilon-Guay
Musique Robert M. Lepage
Crédit photo Stéphane Najman Photoman
Tarifs 2016-2017
15$ Jours de fête
Nouveau tarif spécial pour les soirs de première, offert en quantité limitées, détails ici.15$ 12 ans et moins
20$/billet Forfait 5 entrées (100$/forfait)
Simple, flexible et économique, vous pouvez l'utiliser pour voir de 1 à 5 spectacles, seul ou à plusieurs.
22$/billet Forfait 3 spectacles et +
Valable pour une personne, pour 3 spectacles différents. Vous pouvez ajouter d'autres spectacles en cours de saison au même coût de 22$ par spectacle supplémentaire.
25$ Tarif réduit (*)
30$ Tarif Régulier
EN LIGNE : + 3,50$ de frais de service
AU TÉLÉPHONE : + 2,00$ de frais de service
(*) TARIF RÉDUIT (sous présentation d'une carte valide)
- Étudiant
- 30 ans et moins
- Artistes membres d'une association professionnelle des arts de la scène. Associations acceptées: UDA, Regroupement québécois de la danse, En Piste, UNEQ, Association québécoise des marionnettistes.
- Ainés
Création au FTA, Montréal, le 3 juin 2016
Coproduction Festival TransAmériques, Théâtre de l’Ancre (Charleroi)
Résidence de création Place des Arts
Dates antérieures (entre autres)
Du 3 au 5 juin 2016 - FTA
On connaît Étienne Lepage pour son écriture sans concession et sans détour. Et on connaît la force de l’esthétique de Frédérik Gravel, qui s’appuie davantage sur l’image que le sens. Ensemble, ils avaient créé en 2013 au FTA l’intriguant et cynique Ainsi parlait… où les personnages se succédaient au micro pour se confier, s’affirmer, provoquer. Les deux créateurs reprennent une forme semblable avec leur création Logique du pire. Avec plus de mordant et d’aplomb, ils s’éloignent cette fois du processus de création qui sous-tendait leur première collaboration et présentent une production plus mature.
Les comédiens habitent nonchalamment le grand plateau très éclairé d’une scène libérée de ses coulisses. Presque au centre, un grand sofa d’un vert vif ; tout autour, des projecteurs semblent surgir du sol. Et puis il y a une console, où les interprètes s’assoiront tour à tour. Enfin, bien sûr, il y a les micros, qu’ils se passent de main en main.
Logique du pire tire son titre de l’essai philosophique de Clément Rosset, mais s’en éloigne considérablement dans le contenu, sinon pour un passage sur le hasard et la notion d’une anti-extase. Le spectacle se bâtit autour des personnages et de leurs monologues et échanges, les uns s’adressant tantôt au public, interrogeant tantôt les autres. D’emblée, un comédien nous présente la production comme une série d’histoires et de témoignages pouvant être pris séparément, mais qui, ensemble, dépassent l’effet global pour tendre vers une logique… celle du pire. Pendant une heure bien courte, c’est ce qu’ils s’appliqueront à faire avec un humour corrosif, féroce et un détachement qui tient du tour de force.
L’un rejette les conseils d’un médecin d’arrêter de boire parce que, au final, aujourd’hui, même la mort n’est plus douloureuse. Un autre est questionné par une animatrice incrédule sur sa manière de vivre en ne se souciant pas de ce que les gens pensent, ni de donner le meilleur de lui-même parce que… à quoi bon? Un autre encore fait du sexe et se masturbe jusqu’à ce que son pénis ne soit plus qu’un amas de chair sanguinolent (réactions dégoûtées de la foule assez divertissantes), passant du plaisir à la douleur sans état d’âme. Et ils défilent tous les uns après les autres dans cette même indifférence apparente à leur sort autant qu’au sort des autres. Jusqu’à cette femme qui, ouvrant la porte de son appartement, défonce accidentellement et brutalement le crâne d’un homme qui se trouve derrière (démonstration hilarante à l’appui, solide Marilyn Perreault) et se débarrasse du corps comme d’un vieux tapis.
Le texte de Lepage, soutenu par les déplacements quasi minimalistes et très naturels de la mise en scène de Gravel et Lepage, se révèle cru sans être vulgaire, cynique sans être dépressif (loin de là!) et follement drôle, malgré le constant pesant fait par les cinq trentenaires désillusionnés, blasés de tout et de tous. Ils ne sont ni de bons amis, ni de bons chums, ni de bons fils, ni de bons humains, ni de bons citoyens, pourrait-on ajouter. Ils insultent, brutalisent, détruisent, puent la merde, se montrent cruels sans méchanceté aucune, car la cruauté met tout à l’épreuve, car la cruauté est la seule capable de trouver la guerre sous la paix, mais aussi la paix sous la guerre. Ils mènent une quête collective vers le pire en chacun d’eux, chez l’autre et dans la société. Très à l’aise sur le plateau, les cinq comédiens et comédiennes donnent corps à la perte de repères, à la souffrance sous-jacente, tout en conservant un masque d’indifférence troublant. Leur interprétation est aussi redoutable que percutante. Ils ne livrent pas le texte, ils sont le propos.
Face aux « mauvais humains » désabusés et sans passion de Logique du pire, qui envisagent la cruauté avec un détachement qui devraient nous faire frissonner, mais qui nous fascine ou nous fait rire, on ressent une attirance irrépressible pour leurs récits. Logique du pire, c’est une quête lucide menée par un duo de créateurs visiblement capables de tirer le meilleur du pire.