Texte : Mansel Robinson
Traduction : Jean Marc Dalpé
Mise en scène : Geneviève Pineault
Avec : Jean Marc Dalpé
Un jour, la mine s’est refermée sur lui. Pierre DeLorimier y a perdu l’usage de ses jambes, mais surtout il y a perdu la vie de son fils. Aujourd’hui terré dans l’alcoolisme, celui qui se décrit comme un « ver de terre intelligent » tente de se frayer un chemin vers la justice. La mort de son fils exige réparation, mais son récit n’en est pas un qui peut faire la une des journaux. C’est une histoire d’amour entre un père et son fils qui demande simplement à être écoutée.
Un jour, la mine s’est refermée sur lui. Pierre DeLorimier y a perdu l’usage de ses jambes, mais surtout il y a perdu la vie de son fils. Aujourd’hui terré dans l’alcoolisme, celui qui se décrit comme un « ver de terre intelligent » tente de se frayer un chemin vers la justice. La mort de son fils exige réparation, mais son récit n’en est pas un qui peut faire la une des journaux. C’est une histoire d’amour entre un père et son fils qui demande simplement à être écoutée.
En avril dernier, une version à la scénographie adaptée pour la salle de La Petite Licorne était présentée. Cette fois-ci, Slague prendra place sur la scène de La Licorne, en version intégrale, dans le cadre d’un début de saison composé d’un doublé d’oeuvres du dramaturge Mansel Robinson. Notons que la traduction, signée Jean Marc Dalpé, a été éditée en mars 2008 aux éditions Prise de Parole dans un recueil intitulé Roc & Rail, comprenant aussi Trains Fantômes, autre pièce de Robinson à l’affiche cet automne à La Licorne.
Environnement sonore : Aymar
Assistance à la mise en scène : Emmanuelle Langelier
Décor : Ivan Pitre
Éclairages : Brian Côté
Costumes : Miriam Cusson
Une production du Théâtre du Nouvel-Ontario présentée par le Théâtre de La Manufacture
La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246
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Récentes représentations:
La Petite Licorne
Du 15 au 30 avril 2008
par David Lefebvre
Se conter des histoires...
Le Théâtre du Nouvel-Ontario revient entre les murs de la Petite Licorne pour nous offrir un drame ouvrier senti et touchant. Le mineur Pierre DeLorimier, ou plutôt, comme il le dit lui-même, "le ver de terre intelligent, qui mange de la roche et qui chie de l'or", est le rescapé d'un éboulement d'une galerie souterraine, où il est resté plus de sept jours à attendre les secours. Son fils a malheureusement eu moins de chance. S'agissait-il vraiment d'un accident? Qu'est-ce qui l'a réellement produit, le hasard ou les "oublis" et les détours des règles de sécurité pour sauver temps et argent? L'homme, en fauteuil roulant, crie justice mais pense vengeance. Tout le monde doit payer, en commençant par la compagnie qui se remplit les poches. Mais Pierre sait, au fond de lui, qu'il doit réparer une faute, mais comment? Et à quel prix?
Sur l'air de Mining for Gold, des Cowboy Junkies, entamé par le musicien et chanteur AYMAR (concepteur de l'environnement sonore tout aussi discret qu'efficace), trop bien caché dans le coin de la scène, on nous présente des images saisissantes en noir et blanc d'usines et de mineurs au travail - et des fâcheuses conséquences d'accidents de toutes sortes. La mise en scène de Geneviève Pineault est sobre, et laisse la place à cette histoire livrée en toute sincérité et sensibilité. Seul sur scène, Jean Marc Dalpé est remarquable ; par son talent de conteur, il nous saisit dès le début et nous fait entrer dans son univers crasseux mais bouleversant. Le rythme des mots de Mansel Robinson, traduit par Dalpé (le duo, rappelons-le, derrière l'excellent Trains fantômes, de la compagnie Triangle vital), conjugué avec quelques effets simples (écho, légers changements d'éclairage), capte complètement notre attention. On écoute avec plaisir le récit de cet homme, on pénètre dans son intimité, on visite ses rêves, on compatit avec lui sur son malheur sans jamais voir poindre le sentiment méprisable de la pitié. Il nous décrit comment la réalité, pour une personne, peut être biaisée, chamboulée, quand la roche et la saleté deviennent son environnement naturel. Quand un homme met le corps dans un endroit où aucun être vivant n'est allé, au plus profond de la terre, alors que d'autres travaillent au soleil. Et comment, finalement, dans son cas, on "attend la mort de pied ferme, assis sur son cul".
Poésie de roche, mots noirs ravagés et ravalés, cheminement difficile de la colère à la rédemption, Slague - l'histoire d'un mineur est le genre d'histoire qui se comprend et se livre, semble-t-il, autour d'une table, mais qui ne fera jamais la manchette des journaux. Il y aurait pourtant tant à dire, tant à écouter à propos de la dure réalité de ces hommes et de ces femmes. Par chance, le théâtre offre encore cette possibilité, et Slague le prouve sans aucun doute.