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Maison Théâtre au Prospero
Du 26 septembre au 12 octobre 2014
ChubichaiChübichaï
pour les 2 à 6 ans
Conception et jeu : Odile L’Hermitte et Marie Tuffin

Le Chübichaï, enfant au doux visage rond, a perdu sa maman. Il a beau la réclamer, elle ne répond pas. Il se met en tête de la retrouver. Commence un long voyage au cours duquel il gravit des montagnes et rencontre des créatures bienveillantes ainsi que des monstres effrayants. Le Chübichaï devra prendre son courage à deux mains et obtenir de l’aide quand il en aura besoin. Retrouvera-t-il sa maman?

Avec de la terre crue, des pigments, des feuilles mortes et du fil de chanvre, deux comédiennes-façonneuses manipulent la matière et créent sous nos yeux. Un chant, et la boule de terre est lancée. Elle frappe, rebondit, se creuse. Les mains font émerger les paysages et les personnages, qui se succèdent et se transforment. La voix se modèle au rythme des masques naissants. La matière devient réceptacle des émotions… et le voyage imaginaire dans lequel sont entraînés les petits se révèle unique, étonnant et merveilleux.


Section vidéo


Photos : Isabelle Renaud

Durée 35 minutes

Aussi à Québec au Théâtre Les Gros Becs les 19 et 26 octobre 2014

Une création Le Vent des Forges


Prospero (Maison Théâtre)
1371, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Marie Tuffin

Pour reprendre la pensée en amorce de la critique de ma collègue Daphné Bathalon à propos de Le Jardin de Babel, certaines productions pour le jeune public témoignent d’une éternelle jeunesse. Leur magie paraît intemporelle et inaltérable malgré la succession des modes passagères. La compagnie française Le Vent des Forges enchantera sans aucun doute les spectatrices et spectateurs de tout âge avec un remarquable bijou de sensibilité, Chübichaï.

Première visite au Québec, à l’initiative de la Maison Théâtre, la pièce bénéficie à Montréal d’un écrin favorable à sa réception. Elle se déroule dans une salle de répétition au dernier étage du Théâtre Prospero. Installés sur des coussins rouges, les petits et grands assistent véritablement à la création d’un monde et à la conception étape par étape d’un univers artisanal. Tout en sobriété et en douceur, le spectacle de 35 minutes créé pour les 2 à 6 ans constitue également pour certains une première incursion aux arts de la scène. Malgré quelques pleurs ou cris au début de la représentation, l’auditoire s’est montré attentif, réceptif et même participatif. À certains moments, des gamins ne se gênent pas pour applaudir ou répondre à l’une ou l’autre des interrogations formulées par les deux comédiennes.

Titre aux sonorités évocatrices, Chübichaï est également le nom d’un intrépide petit garçon qui a perdu les traces de sa maman. Pour la retrouver, il doit partir à l’aventure et affronter ses peurs. Le protagoniste et les autres personnages croisés sur sa route sont conçus devant nos yeux par deux créatrices enchanteresses hors du commun, soit Odile L’Hermitte et Marie Tuffin. Avec leurs tenues noires et amples, celles-ci prennent même le temps d’accueillir le public et de les inviter à prendre place avant de commencer la représentation. Leur démarche artistique s’approprie parfaitement la notion d’art vivant : elles travaillent en direct avec de l’argile qu’elles façonnent et tordent avec leurs doigts agiles. Tout en donnant vie à Chübichaï (qui ressemble à un mignon petit bonhomme en pain d’épices) et ses acolytes, les deux polyvalentes créatrices racontent leurs péripéties en parole et en chant. Leurs voix très contrastées se complètent à la perfection. Avec sa longue tignasse, Marie Tuffin s’exprime avec le ton d’une petite fille toujours émerveillée et curieuse. Lorsqu’elle fredonne une mélodie, son timbre rappelle celui de la chanteuse française Camille. Sa partenaire de jeu Odile L’Hermitte nous amuse grandement par sa narration plus grave ; on a l’impression d’entendre parfois le rire virulent d’une méchante sorcière.

Par ailleurs, leur prestation comporte une dimension physique importante. Leurs mains deviennent par exemple la tête ou les jambes d’un personnage. Une gestuelle précise apporte une dimension ludique à une histoire simple, mais riche en enseignement sur les valeurs fondamentales. L’exécution en direct de leur travail de céramiste et de sculptrice se conjugue donc avec un propos théâtral faisant appel à la perception, l’interaction et l’éveil sensoriel des enfants. C’est en somme l’apprentissage de la vie qui se déploie ici, mais avec un traitement scénographique dépouillé et une atmosphère tout en tendresse comme un secret murmuré dans le creux de l’oreille.    

Avant de quitter les lieux, les deux conceptrices distribuent à chacun et chacune un morceau d’argile qui a constitué une partie du décor. Cette attention se veut la preuve tangible d’une expérience artistique significative. Si vous aimez le théâtre jeune public et les expériences ingénieuses, ne ratez pas ce Chübichaï aussi mémorable que féerique.    

30-09-2014