Du 6 au 24 octobre 2009
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Coeur de chienCoeur de chien

D'après Mikhaïl Boulgakov
Montage du texte Téo Spychalski
Création scènique et mise en scène Gregory Hlady
Avec Paul Ahmarani, Annie Berthiaume, Peter Batakliev, Denis Gravereaux, Frédéric Lavallée, Sergiy Marchenko, Nadia Vislykh

Suite au succès de la présentation de Coeur de chien en janvier dernier, Le Groupe de la Veillée propose la reprise de ce texte caustique et prémonitoire, fable fantastique et satyrique de l’auteur du Maître et Marguerite, Mikhaïl Boulgakov. Coeur de chien raconte l’histoire d’un chien transformé en humain à la suite d’une expérience scientifique durant laquelle on lui a greffé l’hypophyse d’un homme. La nouvelle créature, « le citoyen Bouboulov », hérite des vices du donateur la vulgarité, l’alcoolisme, le vol, le mensonge. Nouvelle écrite en 1925, confisquée puis censurée, elle fut longtemps occultée par le pouvoir soviétique à cause de sa grande charge antibolchevique et antitotalitaire.

Né à Kiev en 1891, Mikhaïl Boulgakov est toutefois un écrivain russe. Parmi ses oeuvres notons le Roman théâtral, le célèbre Maître et Marguerite, La garde blanche et le Roman de monsieur Molière.

Conception scènique et costumes Vladimir Kovalchuk
Bande sonore Dmitri Marine

Production du Groupe de La Veillée

Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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Dates antérieures

Du 20 janvier au 14 février 2009 (voir page)

par Aurélie Olivier

Pour sa 2e production de la saison 2008-2009, Le Groupe de la Veillée adapte pour la scène une nouvelle de l’auteur russe Mikhaïl Boulgakov, Cœur de chien, une fable fantastique écrite en 1925, et qui fut censurée par le régime stalinien en raison de son contenu clairement antibolchevique.

À Moscou, dans les années 1920, un chien errant mal en point est ramassé et ramené chez lui par un éminent scientifique, le Pr Philippe Philippovitch Transfigouratov (Denis Gravereaux). Outre le soigner et le nourrir, le chercheur a pour ambition de l’utiliser pour une expérience de son cru. Il greffe ainsi sur le cerveau du chien l’hypophyse et les testicules d’un voyou fraîchement décédé. Après quelques semaines, le chien commence à présenter certaines caractéristiques humaines : il perd ses poils, se met à parler et développe les traits de caractère du donateur d'organes : vulgarité, alcoolisme, fourberie, etc. Lorsque celui qui se fait désormais nommer citoyen Boubouloff (Paul Ahmarani) s’acoquine avec Schwonder (Sasha Samar), un membre du parti à la tête du comité d’administration de l’immeuble, ennemi personnel du professeur, celui-ci, tel Dr Frankenstein, réalise qu’il pourrait payer cher son expérience.

S’il y a dans ce texte une fervente dénonciation du totalitarisme et de l’homme nouveau que souhaitait faire naître la révolution bolchevique, on peut également y lire une mise en garde prémonitoire contre les dérives de la science, un sujet pour le moins d’actualité, si l’on pense aux débats d’ordre éthique qui entourent actuellement les recherches sur les cellules souches et autres organismes génétiquement modifiés.

Dans l’univers de Boulgakov, réalisme et surnaturel sont étroitement mêlés, inscrivant l’auteur dans la lignée de Gogol, Dostoïevski ou Kafka. C’est dans ce réalisme magique que le metteur en scène Gregory Hlady avait à cœur de faire pénétrer les spectateurs, afin de leur livrer ce qui se cache derrière les mots de Boulgakov. Malheureusement, l’utilisation excessive des symboles à caractère quasiment mystique nous donne plutôt l’impression désagréable d’assister à une cérémonie secrète dont le sens nous échappe.

L'adaptation de la nouvelle est le fait de Téo Spychalski, directeur artistique de La Veillée. On peut lui reprocher sa longueur exagérée et son côté brouillon, comme si, par souci de nous livrer toute la complexité de l’œuvre de Boulgakov, Spychalski avait répugné à faire des coupes salutaires. La première partie du spectacle, avant la métamorphose du chien Bouboule en être humain, est particulièrement déstructurée et le spectateur peine à en saisir l'enjeu. La mise en scène ajoute à la confusion avec son avalanche de chants, de bruitages, de personnages qui s’agitent en tout sens…

Il faut toutefois souligner que l’utilisation que fait le metteur en scène de l’espace est fort intéressante, avec quatre blocs escaliers placés au centre de la scène, entre lesquels et sur lesquels les comédiens vont et viennent en un ballet bien réglé, le tout au milieu d’un bric-à-brac évoquant la boutique d’un brocanteur.

Le principal intérêt du spectacle réside dans la remarquable performance de Paul Ahmarani, dans le rôle à la fois du chien Bouboule et du citoyen Boubouloff. Le comédien a su développer une gestuelle, des réactions et des gémissements tout à fait « canins », absolument fascinants à regarder.

26-01-2009

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