L’actualité culturelle, sociale et politique donne toujours de quoi se mettre sous la dent aux concepteurs de la revue annuelle du Théâtre du Rideau Vert. Pour la septième année, dans l’esprit d’une tradition bien québécoise, une équipe de talentueux artistes vous a concocté une revue fantaisiste de 2011, inspirée de sujets qui ont fait jaser ou réfléchir. Un spectacle haut en couleurs créé avec le regard malicieux et ludique d’une équipe aux multiples talents et qui s’occupe de tout : écriture, lectures, musique, chorégraphies, chansons, imitations, avec des interprètes qui seront sur scène devant vous, en chair et en os.
Les critiques sont éloquentes : « performance impressionnante », « un vrai feu roulant », « un très grand moment de burlesque », « une belle distribution de l’actualité », un « ton dynamique », « un très très beau spectacle », « des imitateurs formidables », un « véritable exercice de vitesse pour les comédiens » qui, en coulisses, jonglent avec accessoires, costumes et perruques. Avec des traits d’esprits pertinents et une ironie très efficace, les auteurs se moquent avec adresse de personnages et d’événements qui ont fait les manchettes en 2011. La mise en scène de 2011 revue et corrigée a été confiée à une humoriste et imitatrice expérimentée : Michèle Deslauriers. Dans un mélange d’imitations, de sketches et de vidéos, six comédiens – Suzanne Champagne, Véronique Claveau, Martin Héroux, Benoit Paquette, France Parent et Marc St-Martin – interpréteront de très nombreux personnages : politiciens, artistes, personnalités publiques et vedettes de la télévision et du cinéma.
Une production de 9207-7569 Québec inc
par Daphné Bathalon
Renouvelant avec sa tradition du temps des Fêtes, le Rideau Vert propose jusqu’au 14 janvier sa septième revue humoristique. En un peu plus de deux heures, la fine équipe menée par Michèle Deslauriers s’attaque avec une bonne humeur contagieuse aux gros titres et aux noms qui ont fait la une ces douze derniers mois.
2011, on peut le dire, a été une année riche en émotions et en évènements : le tsunami au Japon, la défaite du Bloc québécois, la mort de Jack Layton et les inondations en Montérégie ne sont que quelques-uns de la trentaine de sujets passés au tordeur de l’humour. Six comédiens déploient leurs talents d’imitateurs et de chanteurs. Benoit Paquette, un vétéran de Revue et corrigée, offre d’ailleurs un feu roulant d’imitations d’une étonnante justesse : Peter MacLeod, Yvon Deschamps, Pierre Bruneau, Gérald Tremblay... la liste est longue.
Plus cinglant et percutant que la précédente édition, le spectacle de cette année fait la part belle à la politique, autant fédérale et provinciale que municipale. S’attardant moins à la téléréalité et aux histoires de vedettes, la revue met de côté le monde de la télé pour parler de ce qui s’est passé en sport, en culture et sur la scène nationale et internationale (quoiqu’encore trop peu dans ce dernier cas). Chanteurs, politiciens, humoristes, comédiens et animateurs s’invitent sur les planches, même les indignés viennent faire un petit tour, sorte de baroud d’honneur pour clore l’année 2011.
Exit le décor encombrant de 2010, on a cette fois opté pour un décor dépouillé qui laisse toute la place au spectacle. Un grand écran permet de créer de nombreux décors et de présenter plusieurs courtes séquences vidéo. Celles-ci, contrairement à l’an dernier, sont bien intégrées au spectacle, le visuel complétant bien l’action sur scène. En dépit de quelques cafouillages techniques au soir de la première, l’enchaînement s’est fait sans accrocs majeurs.
Signée par quatre auteurs, 2011 revue et corrigée présente autant de reprises de chansons que de sketchs mordants et de clins d’œil irrévérencieux à l’actualité (« la sauce DSK », qu’on répand avec ou sans consentement, a provoqué une petite onde de choc fort bienvenue). Quant au travail sur les pastiches de chansons populaires, il est impressionnant. Le grand succès de Vincent Vallières, On va s’aimer encore, devient Ça va tomber encore, un cri du cœur pour les infrastructures routières de la province ; Ruth Ellen Brosseau se transforme en marionnette entre les mains de Thomas Mulcair sur l’air de We both reached for the gun, du film Chicago. La revue souligne également le passage à Montréal de la comédie musicale The Lion King en mettant en scène toute la jungle… de la politique. Y défilent entre autres Marois, la péquiste plumée, Sylvie Roy, l’hippopotame adéquiste, et Jean Charest, qui d’autre, le roi lion frisé.
Par moment, le spectacle retombe malheureusement dans le confort, les comédiens reprenant leurs imitations à succès de l’an dernier (Benezra, Marois, Dion, Mongrain, Mercier…), ce qui donne lieu à des sketchs plus ou moins pertinents. De fait, certains tableaux sont beaucoup plus faibles que les autres ou traitent des sujets déjà largement couverts pendant l’année. Ainsi, si la parodie de la publicité des Résidences Soleil fait sourire, elle a été souvent reprise. De même, les saynètes mettant respectivement en vedette Céline Dion, la reine et Chantal Lacroix ne provoquent pas les rires attendus. On aurait aimé voir plus d’idées nouvelles, d’inédits. Il ne faut toutefois pas bouder son plaisir, car la revue 2011, une bonne cuvée, touche sa cible à de nombreuses reprises. Les numéros chantés sont à ce titre particulièrement réussis.