Nous sommes dans le North Side de Chicago au cœur des années 80. Le libéralisme économique vit ses moments les plus glorieux en Amérique et quatre agents immobiliers vivent selon les règles d’un capitalisme outrancier. Ils connaissent toutes les astuces et les ruses afin de conclure une vente et laissent la morale aux autres. Mais un matin, tout bascule… Ils ont une semaine pour fracasser des records de vente. La compétition est ouverte, tous les coups sont permis : mensonges, intimidation, corruption, fraude, vol et recel. Qui tiendra jusqu’au bout? Les jeunes loups ou les vieux renards? Les paris sont ouverts.
Fils spirituel d’Arthur Miller et d’Harold Pinter, le dramaturge David Mamet a écrit une œuvre puissante sur les terribles conséquences du capitalisme. Il n’est pas étonnant que ce classique moderne du théâtre américain ait remporté de nombreux prix depuis sa création en 1983 et son adaptation au cinéma en 1992. Le metteur en scène Frédéric Blanchette, un passionné de l’auteur, est en terrain connu dans ce drame réaliste. Pour s’y plonger, il a réuni une distribution qui marque le retour sur scène de Denis Bouchard au TRV, auquel se joindra notamment Éric Bruneau.
Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Décors Olivier Landreville
Costumes Elen Ewing
Éclairages André Rioux
Musique Philippe Noireault
Accessoires Jeanne Ménard-Leblanc
Coiffures et maquillages Sylvie Rolland Provost
Photo de l’affiche : Jean-François Bérubé
Rencontre avec les artistes et artisans après la représentation du
11 février
Production Rideau Vert - codiffusion MONTREAL EN LUMIÈRE
La pièce Glengarry Glen Ross, récipiendaire d’un Pulitzer et d’un Tony Awards lors de sa création en 1984, est l’œuvre du célèbre auteur américain David Marnet. Le texte fut adapté au cinéma par James Foley en 1992, peut-être de manière trop simpliste. Avec sa fin sans réel dénouement, elle rappelle la méthode cliffhanger, quand un épisode de série télévisée se termine et attise l’impatience de voir l’épisode suivant.
L’histoire se déroule au cœur d’une société immobilière. Un cadre supérieur, venu de la ville, vient prévenir les employés d’un bureau régional qu’ils sont mis à pied et qu’ils ont une semaine pour prouver leur valeur et regagner leur poste. Outré de cette façon de faire, un des employés, Dave Moss, tentera d’en convaincre d’autres de dévaliser le bureau durant la nuit. Espacée sur deux jours, l’œuvre nous présente les différentes facettes du métier de vendeur.
Si la brochette d’acteurs du film est impressionnante, quelques-uns des comédiens du Rideau Vert arrivent à les surpasser. Si l’on joue au jeu des comparaisons, Al Pacino fait un Ricky Roma un peu terne à côté du charisme inquiétant que nous présente Éric Bruneau. Fabien Cloutier, nous offre un Moss rappelant le personnage de l’humoriste François Bellefeuille, hilarant par ses excès de colère démesurés. Par contre, Alec Baldwin et Kevin Spacey avaient présenté des interprétations plus ressenties que Renaud Paradis et Luc Bourgeois, dont les personnages manquaient d’intentions.
Le décor d’Olivier Landreville est renversant : son attention des détails traduit superbement l’ambiance de l’œuvre de Foley. Les classeurs, les portes de bureau, l’obsession des néons des années 90 et même la pluie étaient au rendez-vous. Ce décor froid de bureau se transforme allègrement en restaurant chinois grâce à l’aisance de la mise en scène de Frédéric Blanchette qui demeure fluide tout au long de la pièce.
Le théâtre du Rideau Vert donne un vent de fraicheur au texte que plusieurs ont découvert par l’entremise de l’oeuvre cinématographique de Foley, qui, après la pièce, nous semble avoir mal vieilli. Sur la scène du Rideau Vert, les éclats de rire sont nombreux et la complicité des comédiens est palpable.