En route vers Cayo Coco, l’auteur se rappelle ses nombreux périples autour du monde : il découvre la Bosnie et ses cicatrices, travaille dans un hôtel anglais, se perd dans la culture japonaise et frôle le naufrage en Norvège. Maladroit, un peu angoissé, l’homme rêve d’explorer le monde en grand voyageur, mais il réalise que sa vie ne lui offre, hélas, qu’un simple visa de touriste… Accompagné par l’univers musical de Bertrand Lemoyne, il partage avec humour et dérision ses aventures dans lesquelles il avoue avoir plus souvent l’air d’un con que d’un héros! À travers ces situations parfois ridicules transparaissent néanmoins l’amitié perdue, la solitude et, au final, l’humanité.
Diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada en écriture dramatique, Jean-Philippe Lehoux est auteur, comédien et improvisateur. En 2013, il a remporté le Prix Gratien-Gélinas offert par la Fondation du CEAD pour sa pièce L’Écolière de Tokyo. Auteur en résidence au Théâtre La Licorne, sa pièce Comment je suis devenue touriste y a été produite en août 2012. Passionné de voyages, ayant traîné son sac à dos et sa plume de la Syrie au Japon, en passant par l’Europe et l’Amérique centrale, la pièce Napoléon voyage est d’ailleurs née de ses périples. Jean-Philippe Lehoux est directeur artistique du Théâtre Hors Taxes.
Section vidéo
Scénographie Josée Bergeron-Proulx
Éclairages Renaud Pettigrew
Musique Bertrand Lemoyne
Photo de l’affiche : Jean-François Bérubé
Durée 1h20
Une production du Théâtre Hors Taxes
Dates antérieures (entre autres)
Du 25 août au 12 septembre 2014 - La Licorne
critique publiée en 2014
Dans Napoléon voyage (où Napoléon est remplacé par un inconnu qui n’a jamais voulu tuer de Prussiens) Jean-Philippe Lehoux nous parle de ses aspirations de grand voyageur, de ses récits d’aventures (qui n’ont souvent d’épiques que l’ampleur de sa maladresse) et de ses rencontres, le tout dans une extrême simplicité relevée d’humour et de réflexions profondes. Il nous amène ainsi en voyage avec lui dans la Bosnie de l’après-guerre, nous fait vivre l’accueil chaleureux de la Syrie, nous fait tomber amoureux du Japon, nous rend témoin de son humiliation anglaise, nous perd à la dérive en pleine mer et ralentit notre temps dans un temple au beau milieu du désert. Il entremêle ses histoires cocasses avec ses apprentissages et ses réflexions sur la vie. Les anecdotes s’entrecoupent, dynamisant le texte et évitant ainsi le récit linéaire pour favoriser une histoire qui suit le fil de la pensée. Et cette histoire ne peut que happer et transporter le spectateur qui fera le tour du monde, confortablement installé sur son siège !
À l’image de la mise en scène, la scénographie de Josée Bergeron-Proulx est simple, charmante et ludique. Très peu de flafla ; un mur en ardoise sur lequel est dessiné certains éléments rappelant le périple du voyageur, un cadre de Napoléon, une affiche de Voyage Sears et une table et deux chaises qui suffiront, à eux seuls, à illustrer les différents lieux visités. Les éclairages de Renaud Pettigrew guident également les spectateurs à travers le récit du personnage en plus de recréer une ambiance chaleureuse et intime. Véritable bonheur acoustique, la musique en direct de Bertrand Lemoyne illustre à merveille les différentes contrées lointaines explorées, et souligne, sans trop appuyer, les divers états d’âme du protagoniste.
Jean-Philippe Lehoux incarne son propre rôle dans ce spectacle, en plus d’avoir écrit le texte et partagé la mise en scène avec Philippe Lambert. Il raconte ses anecdotes directement au public, le prenant à témoin de ses mésaventures. Son jeu est précis, généreux, à la fois drôle et touchant.
La génération des Y se reconnaîtra très certainement dans ce récit de voyage profondément humain, où le rire est parfois interrompu par une vérité rafraîchissante ou philosophique, énoncée en toute simplicité ; puisqu’après tout, « la vie, c’est de boire un verre d’eau lorsqu’on a soif ». Napoléon voyage (où Napoléon est remplacé par un inconnu qui n’a jamais voulu tuer de Prussiens), un spectacle à voir à vos risques et périls, car après, vous n’aurez qu’une seule envie, partir à l’aventure !